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En 1982, cette technicienne proposait des cours d'été aux jeunes enfants de Phoenix pour leur apprendre à jouer aux jeux vidéo.
![En 1980, Cette femme était la première personne à apprendre à des élèves comment jouer à un jeu vidéo](https://image.jeuxvideo.com/medias-md/172045/1720450025-5789-card.jpg)
La prof de jeux vidéo des années 1980
![En 1980, Cette femme était la première personne à apprendre à des élèves comment jouer à un jeu vidéo](https://image.jeuxvideo.com/medias-sm/172045/1720448169-1024-capture-d-ecran.jpg)
Elle a été la première personne à enseigner la "technique et la théorie des jeux vidéo" dans une université américaine. Du moins, la première a avoir eu droit à son visage placardé dans un quotidien populaire. Vous ne la connaissez probablement pas, mais Bonny Scott, alias "The Video Queen", avait eu l'honneur d'une page complète dans le numéro du 21 juillet 1982 de l’Arizona Republic, un journal quotidien américain diffusé dans tout l'État. C’est Catherine DeSpira, que l’on pourrait qualifier d’historienne aguerrie du jeu vidéo, qui a déterré l’archive pour la partager sur ses réseaux et que nous vous relayons à notre tour. Scott enseignait à la Western International University, à Phoenix en Arizona, simplement le temps des grandes vacances scolaires, pour quelques curieux. “Voici un cours d'été pour apprendre à gagner aux jeux vidéo” écrivait en titre la journaliste Cynthia J. Campbell qui assistait non sans une vive curiosité à un cours destiné aux enfants de 10 à 17 ans, mais où les parents étaient également bienvenus.
Dans la classe, quatorze garçons écoutent leur professeure avec une attention particulière leur expliquer comment marquer le plus de points au jeu vidéo Centipede. "Tirer une fois sur la puce la fera tomber plus vite, mais deux tirs la tueront et arrêteront sa descente", l'entendent-elle dire. Scott enseigne aux enfants les stratégies et les techniques à adopter face à l'écran, mais aborde aussi plus longuement l'histoire et le potentiel des jeux vidéo. Il ne s’agit pas de son emploi habituel : elle est technicienne en informatique et répare les machines de jeux vidéo et de flipper, tout en endossant le rôle de consultante auprès des exploitants. "Les jeux ont occupé une place importante dans ma vie depuis aussi longtemps que je me souvienne", raconte-t-elle dans les colonnes de l'article. Et si elle est présente devant ce grand tableau vert un jour d’été 1982, c’est que l’Académie lui a demandé, la chargeant d’une mission qui lui semble alors légitime :
"Je pense vraiment que les enfants ont besoin de connaissances sur les jeux. Je fais ça aussi pour les exploitants pour que les enfants n'entrent pas et ne donnent pas des coups de pied et des coups aux machines. Je suis une joueuse de jeux vidéo. Ils m'appellent la reine du jeu vidéo."
Une autre époque
Souvent à la demande des enfants, les parents ont déboursé vingt dollars pour que leur jeune passionné assiste à ce cours. "Je pensais que ce serait amusant d'apprendre la stratégie des jeux", témoigne notamment dans l’article le jeune Scott Clugman, 11 ans. Jesse Bennett, également âgé de 11 ans, ajoute : "Je pensais que je pouvais simplement jouer aux jeux vidéo, et je pensais que ce serait amusant", visiblement déçue d’assister à un cours de théorie, et non de pratique. Todd Green, 10 ans, déclare qu'il tient à maîtriser les jeux vidéo parce qu'il a chez lui l’Atari, Pac Man et Missile Commando, cadeaux de ses généreux parents. Quant à Chris Rogers, 12 ans, il raconte aimer “voir si je peux battre mes amis”.
Ces leçons tenues à l'université et à l'adresse d'une poignée d'enfants sembleraient bien exceptionnelles aujourd’hui. La pratique étant désormais très bien ancrée dans la culture populaire, elle se transmet entre générations, entre communautés, sur internet ou à force de pratique autodidacte. Seuls les professionnels du milieu, voués à se lancer dans des compétitions en ligne, sont sujets à d’éventuels coaching. Mais dans les années 1980, l'avènement encore jeune du jeu vidéo semblait suffisant pour justifier la demande de cours d’été dédiés au jeune public.
A cette époque, l’apprentissage du divertissement est plutôt autodidacte, que ce soit en termes de pratique et de création. Beaucoup apprennent à développer leurs premiers jeux en lisant des magazines, en échangeant sur des forums spécialisés ou en expérimentant avec des outils de programmation relativement simples. Le langage informatique est encore une notion bien lointaine pour le public lambda, à tel point qu’en 1982, on entendait un journaliste dire : “on croirait entendre des martiens”, en observant deux jeunes développeurs québécois coder leurs projets vidéoludiques d’un oeil un peu hagard, dans un reportage d’archivesRC.
I've been lucky to recently uncover a ton of lost photos of girls participating in high-level 80s gaming tournaments. This one is of 11-year old Gina Nelson at a Silco-West sponsored tourney for Atari Asteroids in Los Angeles, August 1981 #ArcadeHistory #LostHerstory pic.twitter.com/3unfu6mbhw
— Catherine DeSpira (@CatDeSpira) September 24, 2020
Les formations disponibles ne sont pas encore structurées et ne délivrent pas nécessairement de diplôme reconnu. Les tournois de jeux vidéo n’étaient pas pour autant totalement absents des années 1980. Les salles d’arcade, alors déjà très en vogue, accueillaient quelques compétitions informelles. En atteste cet autre cliché d’archive ressorti par Cathrine DeSpira, qui montre une certaine Gina Nelson, âgée de 11 ans, lors d'un tournoi d'Atari Asteroids sponsorisé par Silco-West à Los Angeles, en août 1981.