Le lanceur d’alerte Thomas Le Bonniec avoue ne jamais avoir possédé de smartphone par crainte d’être espionné. Il dénonce les dérives de la surveillance et plus particulièrement de la vidéo surveillance algorithmique.
La collecte de données par les appareils connectés
Nos smartphones, ordinateurs, enceintes intelligentes et autres appareils connectés collectent une quantité massive de données à notre sujet. Ces données peuvent inclure notre localisation, nos habitudes de navigation, nos achats, nos conversations, et même nos émotions.
Le samedi 29 juin 2024, s’est tenu la 14e édition de l'événement "Toulouse en Libertés", un forum organisé par la Ligue des droits de l'Homme. Cette journée a été consacrée au thème "une société sous surveillance". Les discussions se sont articulées autour de sujets variés tels que le droit à la vie privée et plus particulièrement la surveillance algorithmique autorisée pendant les Jeux Olympiques de Paris.
Thomas Le Bonniec, parrain de l’événement Toulouse en Liberté s’est exprimé sur le sujet lors d’une interview réalisée par la Dépêche .
Pour lui, la vidéosurveillance algorithmique (VSA) et d'autres formes de surveillance technologique représentent des menaces sérieuses pour les libertés individuelles et la vie privée.
Le Bonniec souligne que l'augmentation des demandes pour la VSA est inquiétante. Il rappelle que des entreprises comme la SNCF et des municipalités comme Deauville ont déjà testé cette technologie, et que des figures politiques comme Christian Estrosi à Nice ont également montré un intérêt marqué pour son déploiement. Cependant, selon lui, cette tendance est dangereuse et injustifiée.
Ce sont des outils de contrôle massif, des outils de répression total et des instruments qui empêchent la vigilance et toute forme de désobéissance civile. C’est extrêmement dangereux, d’autant plus dans le contexte actuel où on se retrouve avec des accusations qui n’ont aucun sens de terrorisme qui sont envoyées à droite, à gauche.
Pour Thomas le Bonniec, la VSA et d'autres technologies de surveillance ne sont pas seulement des outils de sécurité, mais aussi des instruments de contrôle massif. Il cite des exemples récents où des personnes ont été identifiées de manière abusive par ces technologies, soulignant ainsi leur potentiel à être utilisées de manière arbitraire et injuste. Le Bonniec met également en avant le manque de débat public et de couverture médiatique sur ces questions cruciales.
On est déjà dans une société de la surveillance d’une intensité dont on n’a pas idée. Ce qui est effrayant, c’est le fait qu’il n’y ait pas de débat sur la question.
« Je n'ai jamais possédé de smartphone »
J’évite Microsoft, Apple et toutes ces choses-là. Je n’ai d’ailleurs jamais eu de smartphone. “
Thomas le Bonniec partage également ses réflexions sur les conséquences personnelles et sociales d'une "société de surveillance". Il évoque son propre choix d'éviter les produits de grandes entreprises technologiques comme Microsoft et Apple, et souligne combien il est difficile de se déconnecter totalement de cette surveillance omniprésente. Même sans posséder un smartphone, il se sent toujours vulnérable à la surveillance indirecte, par exemple lorsqu'il se trouve à proximité d'appareils appartenant à d'autres personnes.
Le Bonniec insiste sur le fait que la lutte contre la surveillance de masse ne peut pas être une simple question de choix individuel ou de consommation. Même en adoptant des comportements "propres" sur le plan technologique, il est presque impossible d'échapper complètement à la collecte de données. Cette réalité souligne l'importance d'une action collective et de régulations strictes pour protéger les données personnelles et les libertés individuelles.
Il revient également sur son expérience chez Apple, où il écoutait les enregistrements de personnes interagissant avec leurs assistants vocaux. En une dizaine de semaine de travail chez Globetech, il a écouté près de 46 000 enregistrements via Siri, l’assistant vocal d’Apple. Cela lui a montré à quel point nos données personnelles peuvent être facilement exploitées, souvent sans notre consentement explicite. Il met en garde contre les dangers d'une telle intrusion dans la vie privée, surtout dans un contexte où les accusations de terrorisme et autres charges graves peuvent être portées sans fondement solide.
Comment se protéger de l'espionnage des appareils connectés ?
Il est impossible d'empêcher complètement la collecte de données par les appareils connectés. Cependant, il existe certaines mesures que nous pouvons prendre pour limiter la quantité de données que nous partageons et pour protéger notre vie privée.
Voici quelques conseils :
- Soyez conscient de la quantité de données que vous partagez. Lisez attentivement les politiques de confidentialité des entreprises avant d'utiliser leurs produits ou services.
- Limitez le nombre d'applications que vous installez sur vos appareils. Chaque application que vous installez a le potentiel de collecter des données à votre sujet.
- Utilisez un VPN (Virtual Private Network) lorsque vous vous connectez à Internet. Un VPN crypte votre trafic et masque votre adresse IP, ce qui rend plus difficile le suivi de vos activités en ligne.
- Désactivez les services de localisation sur vos appareils lorsque vous ne les utilisez pas. Les services de localisation peuvent être utilisés pour suivre vos déplacements.
- Utilisez un mot de passe fort et unique pour chaque compte en ligne. Cela rendra plus difficile pour les pirates informatiques d'accéder à vos données.