La sonde chinoise Chang'e 5 a fait sensation en 2020 en ramenant des échantillons lunaires. Quatre ans plus tard, les analyses continuent de livrer des secrets fascinants. Une étude récente a révélé la présence de graphène, une forme pure de carbone, dans les échantillons. Cette découverte remet en question la théorie dominante sur la formation de la Lune, qui supposait une faible teneur en carbone.
La théorie de l’impact géant remis en question par les scientifiques
La théorie de l'impact géant reste aujourd'hui la principale explication de la formation de la Lune. Selon cette hypothèse, il y a environ 4,5 milliards d'années, la Terre aurait été percutée par une protoplanète nommée Theia, un événement cataclysmique qui aurait donné naissance à notre satellite naturel. Plusieurs éléments géochimiques et physiques soutiennent cette théorie.
D'abord, les similarités géochimiques entre la Terre et la Lune sont frappantes. Les analyses des échantillons lunaires révèlent une composition isotopique très similaire à celle du manteau terrestre, ce qui suggère une origine commune. De plus, la Lune contient beaucoup moins de carbone que la Terre. Il est probable que l'impact géant ait vaporisé une grande partie du carbone, qui se serait échappé dans l'espace avant la formation de la Lune.
Les simulations numériques de cet impact appuient également cette théorie. Elles montrent qu'une collision de cette ampleur aurait pu créer une « synestia », un disque de matière en rotation rapide où le carbone se serait volatilisé.
Cependant, des découvertes récentes remettent en question cette théorie. En 2020, des chercheurs japonais ont détecté des émissions d'ions de carbone sur la Lune, suggérant la présence de carbone indigène, c'est-à-dire d'origine lunaire, plutôt que provenant de météorites. Cette découverte contredit l'idée que la Lune aurait perdu tout son carbone lors de l'impact géant. En outre, la découverte de graphène dans les échantillons lunaires rapportés par la mission chinoise Chang'e 5 renforce cette hypothèse.
Ce graphène, beaucoup plus jeune que la Lune elle-même, semble provenir d'un processus volcanique à haute température. Les chercheurs pensent que le fer présent dans les zones riches en carbone aurait pu interagir avec les molécules carbonées, créant ainsi du graphène par un processus de "catalyse minérale". Ce mécanisme pourrait expliquer l'accumulation de carbone indigène sur la Lune.
Ces découvertes bouleversent la théorie de l'impact géant et ouvrent de nouvelles perspectives sur la formation et l'histoire de la Lune. Pour mieux comprendre ces implications, des études plus approfondies seront nécessaires.
La Chine ouvre la voie à de nouvelles explorations lunaires
Ces découvertes bousculent la théorie de l'impact géant et ouvrent de nouvelles perspectives sur la formation et l'histoire de la Lune. Pour mieux comprendre ces implications, des études plus approfondies seront nécessaires. Les récentes missions, telles que Chang'e 6 menée par la Chine, qui explorent la face cachée de la Lune, promettent d'apporter des informations inédites. Cette face, longtemps inexplorée, présente des caractéristiques géologiques et climatiques uniques. L'analyse des échantillons recueillis par Chang'e 6 devrait fournir des détails précieux sur la composition géologique de cette région, potentiellement révélant des types de roches et de minéraux qui pourraient offrir des indices sur l'histoire géologique de la Lune et les événements marquants sa surface.
De plus, les chercheurs espèrent y trouver des traces d'eau ou de composés organiques, car la face cachée, moins exposée au vent solaire, pourrait avoir mieux conservé ces éléments essentiels à la vie. Ces découvertes pourraient également offrir de nouvelles perspectives sur l'impact géant lui-même, en comparant les échantillons des deux faces de la Lune.
En somme, la mission Chang'e 6 et les découvertes récentes promettent de révolutionner notre compréhension de la Lune et de son rôle dans l'histoire du système solaire. Elles ouvrent la voie à de nouvelles missions d'exploration lunaire et à la recherche de ressources précieuses, tout en soulignant le dynamisme de la recherche spatiale et la nécessité de réévaluer constamment nos connaissances à la lumière de nouvelles données.