L'intelligence artificielle va-t-elle nous remplacer ? Pas si vite, selon ce chercheur au CNRS. Pour lui, l'IA ne va pas détruire nos emplois, mais plutôt nous pousser à travailler davantage. Mais comment ?
L'IA, un outil de création... et de désordre ?
L'intelligence artificielle est sur toutes les lèvres, suscitant autant d'espoirs que d'inquiétudes. Si certains craignent une destruction massive d'emplois, Thierry Rayna, professeur à l'École Polytechnique et chercheur au CNRS, propose une vision radicalement différente sur France Info . Selon lui, l'IA ne va pas nous mettre au chômage, mais au contraire, nous pousser à travailler davantage.
Pour Thierry Rayna, l'IA générative, qui permet de créer du contenu (textes, images, etc.), est un outil puissant mais imparfait. "Ces algorithmes sont très bons pour créer du contenu, mais très mauvais pour le sélectionner", explique-t-il. Cette asymétrie entre création et sélection pose un défi majeur : la prolifération de contenus en tout genre, y compris de fausses informations.
L'IA générative ouvre la voie à une explosion de la quantité de contenus produits. Si cela peut sembler positif à première vue, cela soulève également des problèmes de tri et de vérification.
On va avoir de plus en plus de contenus, de plus en plus de news, probablement beaucoup de fake news, beaucoup plus de choses à filtrer
Plus de travail pour trier, vérifier, authentifier
Face à cette avalanche de contenus, le besoin de vérification et d'authentification devient crucial. C'est là que l'humain intervient. "Il faudra encore plus d'humain", affirme le chercheur. Les algorithmes, aussi performants soient-ils, ne peuvent remplacer le jugement humain pour distinguer le vrai du faux, l'important de l'accessoire.
L'IA générative a un autre effet notable : elle démocratise la création. "Tout le monde peut s'improviser musicien, artiste, écrivain", souligne Thierry Rayna. Si cela ouvre de nouvelles perspectives, cela entraîne aussi une banalisation de la création. L'IA permet à chacun de devenir "moyen", mais pas forcément de se démarquer.
L'IA générative offre donc un paradoxe : elle facilite la création, mais complique la sélection. Elle ouvre des opportunités, mais exige plus de travail pour trier et vérifier l'information. Elle démocratise la création, mais risque de la banaliser.
Dans ce contexte, l'humain reste indispensable. Il est le garant de la qualité de l'information, le filtre face à l'infobésité, le créateur qui se démarque de la masse. L'IA ne va pas nous remplacer, mais elle va transformer notre manière de travailler, en nous poussant à développer de nouvelles compétences et à nous adapter à un monde toujours plus connecté et complexe.