Le genre du "Musō", caractérisé par des combats frénétiques contre des armées d'ennemis, trouve ses racines dans la série Dynasty Warriors et le travail pionnier du studio Omega Force de Koei Tecmo. Depuis 1997, ces développeurs ont non seulement créé un genre unique mais l'ont aussi porté au sommet !
L'une des grosses surprises du dernier State of Play est le retour de la franchise Dynasty Warriors avec son nouvel opus Origins. Après avoir travaillé ses 6 dernières années sur diverses licences, le studio de développement Omega Force retourne à sa saga principale pour nous proposer un 10ème épisode !
Les origines du studio et le premier titre de la saga
L'entreprise Koei Tecmo, fondée en 1978, a été connue dans un premier temps pour ses jeux de stratégie comme Nobunaga's Ambition et Romance of the Three Kingdoms. En 1996, la création du studio de développement Omega Force visait à diversifier leur catalogue avec des jeux d'action. Leur premier projet, Dynasty Warriors, sorti seulement 1 an plus tard en 1997, était un jeu de combat en un contre un, inspiré des classiques du genre comme Tekken. Alors connu sous le nom de Sangoku Musou au Japon, le titre n'était pas encore ce que l'on appellera plus tard un "Musō". Ce n’est qu’avec sa suite que la série a trouvé sa véritable identité en introduisant des batailles massives où le joueur affronte des centaines d'ennemis à la fois. Cette transformation a été une innovation majeure, définissant ce qui allait devenir ce nouveau genre.
Le virage vers le hack and slash et l’invention du genre Musō
C'est en 2000 que Dynasty Warriors 2 a marqué un tournant décisif pour Omega Force et Koei Tecmo. Le nouvel opus s'inspire une nouvelle fois du roman historique "Les Trois Royaumes", écrit par Luo Guanzhong au 14e siècle. Toutefois, il abandonne les combats en un contre un du premier opus pour adopter une formule radicalement différente. C'est le début du style Musō : en japonais, il signifie "inégalé" ou "sans égal". Dans le contexte des jeux vidéo, il fait référence à un héros capable d'affronter et vaincre des milliers d'ennemis seul, incarnant une puissance inégalée sur le champ de bataille.
La mécanique centrale de Dynasty Warriors 2 repose ainsi sur une action frénétique et fluide. Les joueurs incarnent des généraux légendaires de l'époque des Trois Royaumes, se battant pour prendre le contrôle des territoires et vaincre des armées ennemies. Le mode principal, "Mode Musou", permettait aux joueurs de choisir un personnage et de suivre son histoire à travers une série de batailles. Chaque héros dispose de combos impressionnants et d'attaques spéciales dévastatrices, permettant de balayer des vagues d'adversaires : un enchaînement au katana, un tourbillon à l'arme lourde... Pour renforcer cette sensation d'invincibilité, les joueurs pouvaient enchaîner des kills et voir le compteur de KO augmenter rapidement.
Dynasty Warriors 2 a été salué pour son gameplay addictif et son sens du spectacle. La sensation d'invincibilité qu'offre le jeu, combinée avec une direction artistique attrayante pour l'époque ainsi qu'une bande-son dynamique, a séduit de nombreux joueurs. Les critiques ont également apprécié la facilité de la prise en main et la dimension historique proposée. Cependant, la copie n'était pas parfaite non plus. La répétitivité des missions et le manque de diversité dans les objectifs ont été pointés du doigt. De plus, les graphismes et la fluidité pouvaient souffrir lorsqu'il y avait trop d'action à l'écran, avec des baisses de framerate notables. Malgré ces critiques, Dynasty Warriors 2 a posé les bases d'un genre qui allait se perfectionner au fil des années. C'est d'ailleurs ce qui arrivera avec sa suite Dynasty Warriors 3 (2001) et Dynasty Warriors 4 (2003), qui ont amélioré ces mécaniques en ajoutant de nouveaux modes, des armes variées, et des ajustements graphiques.
Entre 2001 et 2011, Koei Tecmo et son studio Omega Force ont continué à enrichir leur catalogue de jeux. En 2004, ils ont lancé une nouvelle série intitulée Samurai Warriors, qui transpose le concept des combats épiques de Dynasty Warriors dans le Japon féodal. En 2007, ils ont créé Warriors Orochi, un jeu crossover réunissant les personnages des deux licences dans une aventure commune. Durant cette décennie, ils ont sorti plusieurs suites et spin-offs sans jamais changer leur formule, consolidant leur réputation dans le genre des jeux d'action massifs où les joueurs affrontent des centaines d'ennemis sur de grands champs de bataille.
Omega Force s’impose comme LE studio du Musō
Avec la série One Piece : Pirate Warriors, Omega Force a étendu son influence en se diversifiant avec une nouvelle licence. Le président de Namco Bandai, Shin Unozawa, avait révélé que le jeu comptait 500.000 précommandes avant sa sortie. Lancé le 1er Mars 2012 au Japon, le jeu a signé un beau succès dès sa première semaine, cumulant plus de 655.000 ventes ! Dévoilé ensuite en Occident en septembre de la même année, le titre avait expédié plus de 1,2 million d'unités dans le monde.
Cette série basée sur le célèbre manga a intégré le gameplay Musō dans un univers riche et coloré. Les fans ont particulièrement apprécié la fidélité aux personnages et aux intrigues du manga, sans oublier les combats à grande échelle. Eiichiro Oda, auteur de One Piece, à lui-même été très impressionné par la qualité des modèles des héros lorsqu'il a vu pour la première fois la vidéo de démonstration. La popularité de One Piece a également permis à cette série de gagner en visibilité, attirant un large public et consolidant la réputation d'Omega Force.
Cependant, la véritable consécration du studio est venue de sa collaboration avec Nintendo pour Hyrule Warriors (2014). D'ailleurs, Kit & Krysta Podcast, deux anciens employés de Nintendo, ont révélé dans une vidéo que la décision de développer Hyrule Warriors n'a pas été sans hésitations. Initialement, il y avait une grande incertitude chez Nintendo of America concernant la qualité du jeu et son adéquation avec la franchise Zelda. Les équipes américaines ont même envisagé de ne pas le distribuer en dehors du Japon, craignant qu'il ne soit pas à la hauteur des standards de la série !
Kit, un fervent admirateur de Dynasty Warriors, a souligné que le genre Musō possède une base de fans très développée en Occident. Restreindre Hyrule Warriors au marché japonais aurait été une "occasion manquée" pour la firme japonaise. Les deux présentateurs ont également rappelé à quel point cette réflexion semble ironique rétrospectivement, vu les excellentes ventes du premier opus sur Wii U qui ont conduit à des portages sur Nintendo 3DS et Nintendo Switch. En Amérique du Nord, le jeu s'est vendu à 190 000 unités lors de son premier week-end, dépassant largement les attentes de Koei Tecmo. Cette réussite à l'étranger a permis au jeu de franchir la barre du million d'exemplaires expédiés en janvier 2015. Le succès du jeu a été tel qu'une suite, Hyrule Warriors : L'Ère du Fléau, a vu le jour (2020), servant de préquelle à Breath of the Wild et symbolisant la confiance renouvelée dans cette série dérivée.
En réalité, le succès de Hyrule Warriors a ouvert de nombreuses portes à Omega Force, leur permettant de travailler sur divers autres projets prestigieux. Parmi eux, deux nouvelles collaborations avec Nintendo : Fire Emblem Warriors et Fire Emblem Warriors : Three Hopes. Mais on retrouve également Dragon Quest Heroes, Persona 5 Strikers et prochainement Fairy Tail. Ces opportunités ont été possibles grâce à la confiance de Nintendo, qui a osé confier sa précieuse licence Zelda à des développeurs externes, une démarche qui n'avait pas été tentée depuis les épisodes Oracle of Seasons et Oracle of Ages développés par Flagship, et The Minish Cap par Capcom. D'ailleurs, Koei Tecmo et Omega Force sont les seuls développeurs à proposer des jeux de type Musō sur le marché, une exclusivité qui leur confère une expertise dans ce genre unique.
Le retour en force de la saga Dynasty Warriors
Dynasty Warriors 9, sorti en 2018, a tenté de renouveler la série en introduisant un monde ouvert, une première pour la franchise. Malgré des ventes respectables, cet épisode a fait moins bien que les 430.000 exemplaires de Dynasty Warriors 6 en 2010 dans le monde. Suite à ce titre, Omega Force a pris une pause dans la série principale pour se concentrer sur les autres collaborations fructueuses avec d'autres entreprises. Ainsi, Dynasty Warriors Origins marque le retour tant attendu de la série après six ans d'absence ! Dévoilé lors du State of Play de juin 2024, ce jeu sera le premier de la franchise à être développé pour la nouvelle génération de consoles (PS5, Xbox Series) et PC. C'est d'ailleurs dans un communiqué que Tomohiko Sho, producteur chez Omega Force, a exprimé sa vision pour Dynasty Warriors Origins :
Dynasty Warriors : Origins est développé par l’incroyable équipe d’Omega Force, une équipe confiante pour un nouveau départ avec ce jeu. Nous sommes ici pour prouver avec Origins que nous ne retournons pas simplement à nos racines hack and slash avec le type d’action que nos fans adorent, mais bien pour redéfinir leurs attentes ! Je suis certain que nous offrirons une expérience inégalée dans ce jeu, taillant une nouvelle histoire à la fois pour Dynasty Warriors et Omega Force !
Sho a souligné l'importance de revenir aux fondamentaux de la série, basés sur le "sens de réalisme sur le champ de bataille" et "l’euphorie de batailles en 1 contre 1000". Il a promis que Dynasty Warriors : Origins amplifierait cette sensation de tension et de satisfaction, grâce à la puissance de la PS5 et des autres consoles de nouvelle génération. Les joueurs pourront affronter des armées massives dans des champs de bataille étendus, nécessitant non seulement de la force brute, mais aussi de la stratégie et de la coordination avec ses alliés. De plus, pour la première fois dans l'histoire de la franchise, le jeu mettra en scène un "héros sans nom", offrant une perspective unique sur le chaos des Trois Royaumes.