L’interdiction des téléphones portables avant 11 ans est-elle possible en France ?

Dès la rentrée 2024, 101 collèges français vont interdire l’usage de smartphones. Pour ce faire, ils seront systématiquement confisqués lorsque les élèves arrivent dans leur établissement et leur seront restitués après la fin des cours. Tout cela dans le but de limiter le temps passé devant les écrans, mais aussi le cyberharcèlement, les fakes news, le décrochage scolaire, etc. Il faut dire que le temps consacré aux écrans devient inquiétant chez les plus jeunes comme le prouve une étude d'Ipsos. On compte environ 3 heures pour les 7-12 ans et même 2 heures pour les moins de 6 ans.

Pour ces raisons, l’État français souhaiterait aller encore plus loin en interdisant complètement l’utilisation des portables avant 11 ans comme l’a dévoilé Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse du mardi 12 juin. Pour ce qui est des réseaux sociaux, l’idée serait de les rendre accessibles à partir de 15 ans.

D’après l’association e-Enfance/3018, 46% des enfants possèdent un smartphone avant leur 10 ans. Dans la plupart des cas, ils s’en servent pour regarder des vidéos, écouter de la musique, utiliser des applications créatives, etc. Leur usage est généralement restreint par un mode parental.

L’interdiction d'avoir un smartphone pour les enfants de 11 ans paraît difficile à réaliser à première vue étant donné qu’elle devrait aussi s’appliquer à la sphère privée. Pour ce faire, l’un des premiers moyens serait d’obliger à indiquer l’âge lors d’un achat de smartphone et de faire apparaître la mention “ne convient pas aux moins de 13 ans” sur les modèles vendus en France. Seulement, cela serait facilement contournable par les parents qui voudraient malgré tout laisser leur enfant avoir un smartphone.

Plusieurs pays restreignent déjà l’utilisation de smartphones par des enfants de moins de 11 ans

L’idée d’interdire l’usage des smartphones aux enfants est loin d’être nouvelle et est même déjà en partie testé en Europe. C’est notamment le cas à Greystones, une petite ville se situant en Irlande et cela vaut pour les enfants de moins de 13 ans. Il ne s’agit toutefois pas d'une loi quelconque, mais d’une décision basée sur le volontariat. C’est Rachel Harper, la directrice d’une école, qui en est à l’initiative. Celle-ci a proposé cette idée sous forme de pacte aux parents des élèves de son établissement. 96% d'entre eux ont accepté de jouer le jeu. D’autres écoles ont par la suite adopté cette restriction.

Cette initiative s’organise plutôt bien ; vu que tous les enfants subissent le même traitement, il y a moins de tension et de sentiment d’injustice.

D’autres pays, sans l’interdire directement, restreignent le temps d’écran des enfants. Par exemple, en Chine, les enfants de moins de huit ans ont seulement droit à 40 minutes. Pour ceux de 8 à 16 ans, c’est une heure. De plus, pour tous les mineurs, l’accès à internet est bloqué de 22h à 6h du matin. Là aussi les effets sont plutôt positifs. Une étude britannique menée sur ce sujet, dévoile que les enfants chinois soumis à cette réglementation se révèlent plus actifs. On retrouve le même type de limitation en Corée du Sud.

À Taiwan, les parents dont les enfants passent trop de temps sur les écrans peuvent même recevoir une amende. Et pour cause, l’interdiction d’utiliser des appareils électroniques sur un délai non raisonnable a rejoint celle de fumer, boire, se droguer et de visionner du contenu à caractère violent ou pornographique. La durée autorisée n’est toutefois pas précisée.

Reste à voir si la France prendra ce genre de mesures à son tour et à quel point celles-ci pourraient être appliquées.