Il est enfin là ! 7 ans après la sortie du premier volet, presque 5 ans après son annonce officielle, Senua’s Saga : Hellblade 2 est enfin disponible sur Xbox Series X|S et PC. Forcément, après toutes ces années d’attente et des trailers toujours plus jolis les uns que les autres, le soft développé par Ninja Theory est attendu au tournant. Senua y répond par une bonne droite dans les dents !
Cet article accompagne la sortie de notre Vidéo Test accessible en auto-play en haut de cette page
Un nouveau standard dans l’industrie
Vous pouvez oublier tout ce qui représentait le top du réalisme et de l’animation dans nos jeux vidéo jusqu'à présent. Senua vient de faire disparaître tous ses petits concurrents qui se revendiquaient “photoréalistes”. Graphiquement, Senua's Saga : Hellblade II semble être la première véritable expérience next-gen, tout du moins visuellement, depuis les sorties des Xbox Series/PS5. Par où commencer ? Les textures sont détaillées, les modélisations sont impeccables, les effets spéciaux sont précis. Par-dessus tout, les expressions faciales sont incroyables de réalisme et donnent l’impression de nous retrouver face à de vrais êtres humains. Les regards sont plein de vie, les émotions sont fidèlement retranscrites sans que cela ne provoque d’uncanny valley. Les mouvements des cheveux, les plis des vêtements, les contractions des muscles… tout est parfait.
Les environnement sont eux aussi impressionnants, quoi qu'un poil figés. Les panoramas sont superbes et il y a du relief partout, même sur le sol. Ce résultat renversant est dû à l’utilisation de la photogrammétrie, couplée au bon goût des artistes de Ninja Theory qui maîtrisent l’Unreal Engine 5. Cette démonstration technique n'est gâchée par aucun élément d’interface à l'écran, même si les bandes noires qui apparaissent sur les écrans 16:9 ne seront peut-être pas du goût de tous. Du côté de l’ambiance sonore, c’est là aussi hallucinant. Les sons sont nombreux et extrêmement détaillés. Les musiques sont superbes, surtout lors des phases de combat toujours plus cauchemardesques. En outre, le jeu des acteurs est crédible, avec une synchro labiale parfaite, en VOST uniquement.
Mise en scène de folie
Après avoir défié les Dieux pour sauver l’âme de son bien-aimé, Senua veut continuer de respecter sa promesse : venir en aide aux victimes des horreurs de la tyrannie. Son petit truc en plus, c’est qu’elle entend des voix dans sa tête. L’héroïne est en effet atteinte de psychose : elle perçoit des choses que les autres n’imaginent pas. S’appuyant sur des travaux universitaires ainsi que sur les expériences de personnes victimes de psychose, le soft édité par Microsoft ne s’adresse pas à tout le monde. Il ne s’appuie sur aucune béquille narrative facilitant l’identification.
Voir Xbox Game Pass sur Microsoft
Le soft de Ninja Theory impose une mise en scène de premier ordre. Les transitions cinématiques/gameplay sont imperceptibles, certaines séquences font partie des plus impressionnantes jamais vues dans nos jeux vidéo, et le titre autorise des ellipses intelligentes qui ne coupent pas l’action. Ce sont surtout les combats qui connaissent les changements les plus spectaculaires. Alors qu’ils avaient tendance à traîner en longueur et à être relativement brouillon dans le premier épisode, cette suite les rend plus impressionnants et cinématographiques que jamais. Si dans le fond ils demeurent assez proches de ce que l’on a connu avec des coups légers/violents, des parades, des esquives et une furie, dans la forme, par contre, ils prennent la forme de véritables chorégraphies délicieusement brutales. Ces rencontres se font maintenant en 1v1, mais les opposants s'enchaînent comme si tout avait été enregistré en une seule prise dans un studio de motion capture. Pour faire simple, les duels paraissent être issus d'un véritable film d’action chorégraphié à la seconde près. C’est sensationnel, même si tout est très scripté.
Une expérience réservée aux fans de jeux 100 % narratifs
Vous l’aurez sûrement compris, Hellblade 2, c’est du jamais vu graphiquement sur consoles. Et c’est très bien pour le genre qu’il sert. La création de Ninja Theory reste une expérience strictement narrative, linéaire, faite de couloirs, de combats, d’énigmes et de cutscenes. Le soft conserve la formule de son aîné en ne faisant évoluer que certains points et ne doit en aucun cas être envisagé comme un God of War : Ragnarok, pour ne citer que lui. Senua n’a ni grappin, ni arc. Elle ne saute pas librement, et ne peut pas améliorer ses caractéristiques. Aucune quête annexe n’est de la partie dans cette fuite en avant.
Le jeu prend la forme d’une ligne droite, plus que dans n’importe quel titre signé Quantic Dream, et rappelle des softs tels que The Order 1886 et Ryse : Son of Rome. L’impression de dérouler une grande scène cinématique interactive est bien là, impression malheureusement appuyée par des séquences marquantes où il n'y a que trop peu de choses à faire pad entre les mains, à l'image de la fameuse scène du géant dévoilée aux Game Awards 2021. C'est sûrement le prix à payer pour bénéficier de l'expérience narrative la plus aboutie visuellement à ce jour. En ce qui concerne les énigmes, ces dernières ont été revues pour un résultat moins envahissant que dans le premier épisode.
Senua’s Saga : Hellblade II réussit son pari fou d’être la claque visuelle “next-gen” initialement promise. Plus condensée, plus violente aussi, l'œuvre de Ninja Theory change finalement peu la formule d’origine mais délivre une expérience sensorielle hallucinante, sans mauvais jeu de mots. Pour y prendre du plaisir, il faut cependant accepter le fait qu’il s’agit d’un jeu 100 % narratif avec un gameplay minimaliste et une exploration en ligne droite. Il est disponible dans le Game Pass, ou au prix de 49,99 euros uniquement en version numérique.