La société suisse Climeworks a inauguré il y a quelques jours sa gigantesque installation nommée Mammoth et installée en Islande. L’objectif de cette usine : capter le CO2 présent dans l’atmosphère pour le piéger sous terre. Un projet dont l’ambition est totalement folle.
À quelques dizaines de kilomètres de Reykjavik, la capitale de l’Islande, se trouve la centrale géothermique de Hellisheiði. C’est à proximité de cette installation déjà imposante que l’entreprise suisse Climeworks a décidé d’installer son usine nommée Mammoth. Cette dernière a pour mission de capter le CO2 à l’aide d’un procédé chimique spécialement conçu pour extraire le dioxyde de carbone de l’air.
Climeworks travaille depuis longtemps sur ce projet : avant Mammoth, la start-up avait déjà construit Orca, une station 9 fois plus petite, déjà en Islande. Mais cette fois-ci, les choses sérieuses commencent.
Une solution climatique très ambitieuse…
Mammoth est intégralement alimenté par la géothermie, qui est la principale source d’énergie en Islande. L’usine a d’ailleurs été construite sur un volcan éteint depuis 50 ans. Le CO2 est donc capturé chimiquement, puis il est dissous dans l’eau, et injecté dans du basalte. Au bout de 2 ans environ, le gaz se transforme en minéral.
Cette solution de stockage est présentée comme fiable et durable : le basalte, ce n’est pas ce qui manque en Islande, puisque cette roche est formée à partir de la lave des volcans. Et compte tenu des ambitions de Climeworks, ce n’est pas du luxe.
Reclaiming control of our climate future:
— Climeworks (@Climeworks) May 8, 2024
Mammoth, the world's largest direct air capture and storage plant, is now operational in Iceland.
Join us in celebrating this monumental step towards combating climate change.https://t.co/Monql6GqqI@Carbfix #carbonremoval pic.twitter.com/9QAt9BrFBl
Actuellement, Mammoth est capable d’extraire 36 000 tonnes de dioxyde de carbone par an, ce qui correspond à l’émission en CO2 de 7800 voitures à combustion. Mais ce n’est qu’un début : seuls 12 de ses 72 conteneurs collecteurs sont actuellement en fonctionnement. Plusieurs conteneurs collecteurs seront ajoutés chaque année, et rapidement, ce sont plusieurs millions de tonnes de CO2 qui devraient être capturés tous les ans. L’objectif est d’atteindre le milliard de tonnes en 2050.
… mais aussi très chère
Le principal frein à ces ambitions très élevées n’est autre que le coût actuel de capture du CO2 : environ 1000 dollars pour chaque tonne de CO2 capturée. Cependant, selon Jan Wurzbacher, cofondateur de Climeworks, le procédé va s’affiner au fil du temps et il serait possible de passer d’un coût de 1000 à 100 dollars par tonne d’ici à 2050.
Climeworks lève donc des fonds pour pérenniser son activité. Cela passe notamment par la vente de crédits carbone à des entreprises comme LEGO. Par ailleurs, la start-up suisse a de la concurrence, puisqu’une vingtaine de projets à travers le monde sont actuellement développés par d’autres entreprises.
We're thrilled to share that the @LEGO_Group is removing CO₂ from the air with us! The agreement spans over 9 years and is made in partnership with KIRKBI A/S, the family-owned holding and investment company of the LEGO® brand. Read more: https://t.co/K20MknFYih pic.twitter.com/Il7lsjYyD3
— Climeworks (@Climeworks) March 26, 2024
Reste que de nombreux observateurs regardent ce genre d’initiative avec un air perplexe. En effet, les usines de ce type sont énergivores et leur efficacité sur le long terme est discutable : même si elle parvient à capturer un milliard de tonnes de CO2 par an, Mammoth ne fera pas le poids face aux émissions mondiales colossales qui étaient de 37 milliards de tonnes en 2023. D’aucuns diront qu’il faut bien commencer quelque part.