Avant que la fièvre “Elden Ring” ne s’empare de la communauté des “gamers et fasse oublier les précédents projets des studios, une trilogie s’est imposée sur un marché vidéoludique hautement concurrentiel avec une vision singulière du jeu vidéo. Dark Souls a même donné naissance à un genre à part entière - le Souls like - régi par des codes et un gameplay qui n’appartient qu’à lui. Afin de poursuivre sa conquête de la pop-culture, cet univers de Dark Fantasy accoste en 2024 sur les rives du 9e Art avec un manga répondant au nom de “Dark Souls Redemption”. Une question demeure. Le tome 01 est-il à la hauteur de sa source d’inspiration première… Berserk ?
Tout savoir sur Dark Souls Redemption
Dark Souls Redemption est le fruit de la collaboration entre l'éditeur Mana Books et FromSoftware - Bandai Namco qui ont confié la lourde tâche à deux artistes français d’enrichir le lore de la saga sur papier. De cette opportunité est né un manga écrit par l’auteur Julien Blondel (Prophecy, Les Métabarons) et illustré par l’esprit derrière Outlaw Players de son nom d'artiste Shonen. Avant tout autre chose, Redemption n’est pas une histoire alternative et encore moins une fan fiction.
Cette BD dont le premier tome sort le 6 juin 2024 s'inscrit pleinement dans l’univers imaginé par les studios nippons. Elle en reprend les éléments clés afin d’offrir aux fans de la saga et aux lecteurs de mangas une épopée de dark fantasy inédite, originale et surtout officielle. Avec Dark Souls Redemption, FromSoftware espère séduire de nouveaux joueurs et joueuses et ainsi les attirer dans le cercle vidéoludique des enfers… le Souls-like.
Les cendres mourantes d'un feu de camp éclairent un monde dévasté. Une femme, ramenée à la vie par une mystérieuse marque, émerge d'un profond sommeil sans aucun souvenir de son passé. Dans cet univers méconnaissable, elle est poursuivie sans relâche par la redoutable Guilde des gardiens d'écailles. Cependant, elle se voit offrir un salut inattendu par un individu imposant qui garde farouchement le secret de son propre passé... - Mana Books
L'héritier de Berserk ?
Nombre de mes collègues suent sang et eau pour leur plus grand plaisir sur les œuvres vidéoludiques imaginées par FromSoftware. Ce n’est pas mon cas. J’aime cette vision singulière et sans concession du jeu vidéo bâtie autour d’un gameplay exigeant et d’une direction artistique gothique et sombre. J’ai par la passé croiser le fer avec Demon’s Souls, Bloodborne, Sekiro: Shadows Die Twice et bien entendu Dark Souls III sans jamais les terminer, non pas par manque d'intérêt, mais par manque de temps. Savoir que l’univers de Dark Souls s’étend en 2024 à la bande-dessinée fut accueilli comme une aubaine.
Et pour cause, je suis un fan inconditionnel de Berserk qui fut sans aucun doute la source d’inspiration première à l’heure de développer Demon’s Soul, la trilogie Dark Souls et bien entendu Elden Ring. Le mangaka Kentaro Miura a couché sur papier l’une des fresques de dark fantasy les plus riches et les plus influentes jamais réalisées. L’histoire, l’univers et les illustrations… tout est parfait dans ce manga que je considère comme le meilleur de tous les temps… loin devant Dragon Ball d’Akira Toriyama (et je pèse chacun de mes mots). Avec le manga Dark Souls, la boucle est bouclée, mais le défi est grand pour Redemption et ses auteurs.
A la question, peut-on facilement suivre le récit sans connaître les jeux vidéo ? La réponse est : oui (et non !). L’histoire conté par Julien Blondel ne nécessite aucunement de connaître le lore mis en place par FromSoftware. Plusieurs points de l’intrigue risquent de vous échapper lors de la lecture de ce premier tome, mais ce n’est pas un problème en soi. Lire Berserk, c’est se faire surprendre chapitre après chapitre, et je retrouve un peu de cette narration dans Redemption qui ne prend pas les lecteurs par la main. Au contraire, le manga Dark Souls vous ressuscite dans son environnement hostile et vous laisse explorer au gré des pages.
Il serait prétentieux de juger la qualité de l’histoire après un unique tome. Je me garderai donc de le faire. Néanmoins, les éléments découverts tout au long des 5 chapitres (+ le prologue) me donnent envie d’en apprendre davantage et de connaître la suite, et c’est bien là l’objectif premier d’une oeuvre peu importe sa nature. Les fans de la franchise pourront de leur côté tisser des liens avec la trilogie vidéoludique et théoriser sur le passé de cette femme ramenée à la vie. Mais qu’en est-il du dessin, composante fondamentale d’une bande-dessinée ?
La direction artistique des jeux Dark Souls s’inspire ouvertement et frontalement du manga Berserk. Il serait donc étonnant que le manga en fasse autrement. Trêve de suspense, ce n’est pas le cas. Shonen reprend le trait et les ombrages si caractéristiques de feu Kentaro Miura, principalement pour les décors et les créatures. Toutefois, il parvient à s’éloigner du sensei pour arborer un style plus personnel pour tout ce qui touche au chara-design des “humains”. Quant au découpage (la mise en scène dans un manga), elle est à la hauteur d'Outlaw Players et j'en attendais pas moins. Pour un premier jet, c’est un petit tour de force que celui réalisé par cet illustrateur français.
Le manga Dark Souls Redemption est l’une des belles surprises de 2024. Sans jamais surpasser son illustre modèle, ce manga fait avec passion et respect devrait plaire aux fans de la saga de FromSoftware, de Berserk et de dark fantasy au sens large.