Les relations entre les États-Unis et la Chine se tendent jusque dans l'espace. Bill Nelson, administrateur de la NASA, a récemment mis en garde le Congrès américain contre les ambitions militaires potentielles dissimulées derrière le programme spatial civil chinois.
Un programme civil qui cache d’autres ambitions ?
Selon Nelson , la Chine a accompli des "progrès extraordinaires" au cours de la dernière décennie, et ce "en secret". Il a déclaré devant la commission des crédits de la Chambre des représentants, lors d'une audition sur le budget de la NASA pour 2025 :
Nous pensons qu'une grande partie de leur programme spatial soi-disant civil est en réalité un programme militaire. Et je pense qu'en effet, nous sommes engagés dans une course.
Ces propos font écho aux avertissements précédents de Nelson concernant la course à la Lune que se livrent les deux nations. Il craint qu'un atterrissage lunaire chinois avant les États-Unis ne permette à Pékin de revendiquer certaines zones riches en ressources comme sa "propriété". On retrouve ainsi exactement les mêmes enjeux que lors de la guerre froide entre les USA et l’URSS.
La montée en puissance de la Chine dans le domaine spatial est indéniable. En 2022, son programme spatial a achevé la construction de sa station spatiale en orbite terrestre et a réalisé plusieurs missions lunaires d'observation et de collecte d'échantillons. Pendant ce temps, les États-Unis visent un retour d'astronautes sur la Lune en 2026 avec la mission Artemis III (même s’il semble que ce soit pour Artemis IV finalement), tandis que la Chine envisage un atterrissage lunaire habité d'ici 2030.
Un programme spatial civil opaque
Les inquiétudes de la NASA trouvent leur source dans le manque de transparence entourant le programme spatial chinois. Les États-Unis reprochent à la Chine son absence de communication quant aux objectifs réels de ses missions spatiales civiles.
À l'inverse, la NASA applique une politique de transparence relativement élevée. Ses objectifs, ses missions et son budget font l'objet d'un examen public régulier. Cette ouverture permet une collaboration internationale plus étroite sur des projets scientifiques et d'exploration spatiale.
Si les soupçons américains concernant les ambitions militaires chinoises sont pris au sérieux, il est important de les nuancer. À l'heure actuelle, aucune preuve concrète ne vient étayer ces accusations.
Cependant, la militarisation de l'espace est une préoccupation grandissante pour la communauté internationale. La course aux armements spatiaux pourrait avoir des conséquences désastreuses, entravant la recherche scientifique et menaçant la sécurité des satellites en orbite.
En 1967, le Traité sur l'espace extra-atmosphérique interdisait la mise en place d'armes de destruction massive dans l'espace. Toutefois, ce traité ne mentionne pas les armes conventionnelles ou les technologies permettant de désactiver ou détruire des satellites.
Dans ce contexte, la Chine a développé et testé des missiles antisatellites, démontrant sa capacité à détruire des engins spatiaux. Les États-Unis et la Russie possèdent également de telles technologies.
Seule une collaboration internationale forte permettra de garantir un espace pacifique et propice à la poursuite de la recherche scientifique et de l'exploration spatiale au profit de tous.