Megaton Musashi, le retour en force

Tokyo. La simple prononciation du nom propre a le don de titiller de nombreux curieux, de faire saliver les connaisseurs, voire de pousser à l'achat d'un billet d'avion pour les plus compulsifs. Il faut dire que la capitale nippone n'est pas une ville comme les autres : quasiment quatorze millions de personnes, des quartiers à l'aura sans pareille et un goût prononcé pour la pop-culture asiatique dont elle est l'un des fiefs évidents.

C'est directement là-bas que Level-5 nous a donné rendez-vous pour jouer à son prochain jeu vidéo : Megaton Musashi Wired, un titre plutôt inédit dans sa ludographie puisque le studio est surtout connu pour ses RPG Professeur Layton ou Ni no Kuni 2. Pour le coup, Megaton Musashi vous place aux commandes d'un énorme mécha, un gigantesque robot de combat typique de la culture nippone façon Gundam, face à de redoutables extraterrestres qui ont envahi la Terre.

Sorti il y a trois ans en free-to-play uniquement au Japon sous le nom de Megaton Musashi, Level-5 s'apprête donc à sortir ici une version premium : il n'y a pas qu'un multijoueur, mais bien tout un mode solo scénarisé et un véritable petit côté RPG qui s'annonce fort sympathique. Néanmoins, ce n'était vraiment pas le cœur de cet événement auquel nous étions conviés puisqu'il s'agissait en réalité… d'un tournoi mondial inter-médias.

Œil pour œil, dent pour dent

Face à d'autres confrères, chacun représentant son pays - il y avait le Japon, l'Italie, l'Allemagne, L'Espagne, les États-Unis, le Royaume-Uni et la Chine - JV est donc allé faire chauffer la manette en pleine salle d'eSport à Ueno, célèbre arrondissement connu notamment pour ses parcs et ses temples aux sakura ensorcelants.

C'est donc après un (très) long voyage que nous avons pu poser nos valises avant de repartir presque immédiatement pour les préparatifs de la compétition : Level-5 n'avait pas fait les choses à moitié avec les moyens d'une grosse production vidéo, présentateur à l'appui. Après avoir pu tâter le mode solo la matinée et rencontré nos coéquipiers - des francophones basés à Tokyo - l'échauffement s'est prolongé avec un tirage au sort sur le devant de la scène.

De notre côté, nous nous sommes donc retrouvés face au… Japon. La bonne nouvelle, c'est que nous avons battu cette équipe précise lors de l'entraînement du matin. La mauvaise nouvelle, c'est que les trois joueurs adverses jouaient déjà au titre dans sa formule F2P depuis sa sortie : autant dire qu'ils avaient un sérieux coup d'avance par rapport à nous. Mais qu'importe, on est à Tokyo pour jouer, alors jouons.

Des mécaniques de jeu (vraiment) profondes

Le multijoueur de Megaton Musashi R-Wired s'articule autour du mode Colosseum en 3 vs 3 : chaque gamer dispose de son propre robot qu'il est possible de personnaliser dans les moindres détails (un aspect TRÈS important sur lequel nous reviendrons plus tard), avec pour simple but d'éliminer le plus de fois ses opposants sur une map définie. Pour gagner un match, deux possibilités : remplir la jauge correspondante en enchaînant les kills le plus rapidement possible, ou bien terminer le match (qui dure cinq minutes) en ayant l'avantage dans cette même jauge, qui fait office de balance, même si l'avance est minime.

Ce système est donc plutôt intéressant : au final, ce n'est pas le nombre total de kills réalisé au cours du match qui importe, mais bien la façon dont on les enchaîne (plusieurs kills d'affilée peuvent remplir complètement la jauge et vous faire gagner très rapidement). Si chaque équipe lutte intensément, le match peut durer jusqu'à sa fin et la tension est maximale, carrément palpable, avec la possibilité de renverser le cours d'une partie dans ses dernières secondes.

Sur le terrain, on retrouve parfois plusieurs caisses renfermant des bonus et des coups spéciaux, chacune étant catégorisée par un ordre de rareté. Celles-ci peuvent faire toute la différence et jeu en équipe oblige, il est aussi possible de se coordonner pour faire de puissantes attaque en équipe. D'ailleurs, chaque joueur dispose de quatre attaques spéciales qu'il faut définir en amont, apportant un fort côté stratégique à l'expérience. L'idée, c'est évidemment de pouvoir faire un travail complémentaire avec ses coéquipiers et c'est justement là que la customisation intervient.

Pour faire simple, Megaton Musashi R-Wired dispose d'un mode personnalisation tout simplement gargantuesque. On reconnaît là bien l'amour de Level-5 pour le RPG avec des dizaines et des dizaines d'objets à récupérer et à équiper : bras gauche, bras droit, torse, casque, armes (au pluriel, vous noterez), bonus spéciaux… Il y a une véritable profondeur et tout un stuff à récupérer au fil de nos parties et à trier judicieusement. Cette densité presque vertigineuse est un véritable plus, puisque permettant de se tailler un mecha sur mesure et se faire une équipe de trois joueurs ultra-complète. "C'est vraiment la force du jeu, nous a confirmé en personne le PDG de l'entreprise, Akihiro Hino, au sujet de la customisation des méchas. "Les joueurs vont pouvoir passer des heures et changer chaque élément de son robot et ressentir directement des conséquences sur le jeu et le gameplay." D'ailleurs, la tête pensante du studio nous a aussi confirmé que ce pan du jeu précis "colleraient" également à l'histoire racontée.

La face cachée de l'Iceberg

Megaton Musashi Wired semble être un jeu aux ressources plus conséquentes qu'il n'y paraît. Il y a donc cet aspect de la customisation très important et profond, qui promet des heures de configuration pour les plus minutieux d'entre nous, mais aussi tout un mode campagne qui attise notre curiosité. Level-5 est un studio qui aime les histoires, qui sait les écrire et ici, le jeu semble s'appuyer de son expérience : les quelques cinématiques liées à ce mode que nous avons pu voir s'avéraient très réussies, semblant tout droit sorties d'un véritable anime japonais avec la mise en scène adéquate. À vrai dire, il y a un peu de ça puisque le jeu vidéo s'avère complémentaire avec la série animée qui existe déjà (eh oui !), ce qui assure aussi une certaine qualité d'ambiance et tout univers déjà mis en place.

En dehors des combats, il est aussi possible de se balader avec son personnage dans notre HUB au travers d'un mode en 2D, avec de multiples dialogues à engager avec les PNJ environnants : l'univers et la narration de Megaton Musashi Wired sont peut-être plus intéressants que de prime abord, figurez-vous. Et cela annonce possiblement une campagne scénarisée assez chouette, puisque l'on peut jouer en plus en coopération toutes les missions principales et annexes qui existent. Nous avons d'ailleurs pu en boucler quelques unes face à des boss gigantesques et aux attaques variées, nécessitant parfois d'optimiser intelligemment notre build pour en venir à bout.

Un mélange intéressant des genres, surtout pour une firme comme Level-5 on le rappelle et qui annonce surtout un nouveau virage vers l'action. "Attendez-vous à plus d'éléments de ce genre-ci à l'avenir", nous a aussi confirmé Akihiro Hino au sujet de ses futures productions. Dans un futur proche, on peut en tout cas s'attendre à des DLC qui prolongeront l'expérience : en tout cas, ceux-ci ont déjà été imaginés et dans le tas, Hino a avoué que du multijoueur local arriverait sur PC et consoles PlayStation.

Akihiro Hino, PDG de Level-G

Ce n'est que partie remise

Bon, le hic, c'est que le tournoi ne nous a pas vraiment permis de rentrer autant dans la personnalisation et le scénario. À peine avons-nous appris à jouer avec notre "Napoleon Gallop" - un robot aux couleurs de la France concocté sur mesure par Level-5 - que nous avons dû affronter l'équipe japonaise, devant toute l'équipe du studio, le staff et les participants. Et malheureusement, la victoire a été décrochée par les Japonais, qui ont ainsi pu passer aux étapes suivantes du tournoi. C'est la vie, on doit l'accepter.

Un championnat minutieusement organisé, évidemment sous le signe de la bienveillance et de la découverte plutôt que de la véritable adversité, et qui nous a permis d'effleurer le véritable potentiel de Megaton Musashi R-Wired. Car oui, si nous avons bien un regret, ce n'est pas celui d'avoir perdu, mais plutôt celui de ne pas avoir pu mettre les mains dans le cambouis autant que nous l'aurions souhaité : plonger dans la customisation, comprendre les rouages du gameplay et manier les items de personnalisation sont visiblement au cœur du système… et une petite matinée d'entraînement n'était pas suffisante. Qu'importe, c'est tout à l'honneur de Level-5 qui a bossé longuement pour proposer des mécaniques copieuses et variées, que l'on pourra explorer plus librement lors de la sortie du jeu le 25 avril sur PC, PS5, PS4 et Switch. On y prendra notre revanche, au passage.