Windows, iOS et Android bientôt interdits en Chine ? L’Empire du Milieu serait en train de développer une stratégie pour éliminer les systèmes d’exploitation américains au profit d’un autre, élaboré par une célèbre entreprise chinoise.
Ce n’est pas nouveau, entre les États-Unis et la Chine, le torchon brûle de tous les côtés. La guerre commerciale que se mènent les deux pays a d’importantes répercussions, notamment dans le secteur des nouvelles technologies : outre des embargos qui obligent certains Chinois à faire entrer des composants informatiques en contrebande sur leur territoire, on peut rappeler le boycott de Huawei par les entreprises américaines.
Privé d’Android pour ses smartphones depuis de nombreuses années, Huawei n’a pas eu d’autres choix que de développer son propre système d’exploitation, nommé HarmonyOS. Ce dernier équipe ses téléphones mobiles, mais aussi ses montres connectées et d’autres appareils. Et aujourd’hui, le gouvernement chinois s’intéresse de très près à HarmonyOS.
Un écosystème chinois pour se débarrasser de l’emprise américaine
Avec HarmonyOS, Huawei a immédiatement cherché à voir grand. Dès le lancement de son OS, l’entreprise, qui a eu besoin de trouver un moyen rapide de contre-attaquer, a annoncé que sa solution serait un véritable écosystème dédié aux appareils connectés.
Il lui a tout de même fallu un peu de temps pour se détacher totalement d’Android, car les premières versions d’HarmonyOS reposaient encore dessus, et elles proposaient même de convertir les applications Android pour les rendre compatibles avec sa plateforme. Cependant, depuis novembre dernier et l’officialisation d’HarmonyOS NEXT, Huawei a définitivement coupé les ponts avec le système d’exploitation américain.
De quoi permettre à la firme chinoise de passer à l’étape supérieure. Après l’émancipation, place à la démocratisation de son écosystème dans le plus d’appareils possible : smartphones, tablettes, objets connectés du quotidien, voitures… L’objectif pour Huawei est d’inonder le marché dès 2024, avec au moins 300 millions d’appareils dotés d’HarmonyOS en circulation d’ici à la fin de l’année.
Quand le gouvernement chinois s’en mêle
En mars dernier, le gouvernement de Shenzhen s’est fendu d’un communiqué annonçant la mise en place d’un « plan d’action pour stimuler les applications natives HarmonyOS ».
« Avec l’émergence d’industries comme l’économie à faible altitude, les robots intelligents et l’IA des objets, le développement de l’écosystème HarmonyOS pur est considéré comme une étape cruciale pour Shenzhen pour tirer parti de ces nouvelles tendances », explique notamment le communiqué, qui salue l’initiative de Huawei d’avoir coupé les ponts avec Android via HarmonyOS NEXT.
Ce fameux plan d’action implique que plus de 10% des applications développées en Chine en 2024 devront l’être nativement sur HarmonyOS, et que 15% des développeurs du pays soient qualifiés pour travailler spécifiquement sur des applications de l’OS en question. Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement va créer au moins deux parcs industriels spécialisés, qui rassembleront 1000 entreprises dédiées au développement d’applications natives pour HarmonyOS.
Huawei, populaire en Chine, mais pas ailleurs ?
Huawei peut donc compter sur son pays d’origine pour développer son écosystème de manière considérable. Selon le dernier rapport de Counterpoint, Huawei possède actuellement 17% de parts de marché en Chine, ce qui représente une hausse de 64% par rapport à la même période en 2024. Le constructeur est précédé par Honor, Apple, Oppo ou encore Xiaomi, mais ces dernières ont tendance à perdre du terrain.
Cependant, sur le marché mondial, Huawei ne représente que 4% de parts de marché, loin derrière Android qui en possède 74%. Difficile donc de s’imposer à l’extérieur : il est probable que pour Huawei, tout finisse par se jouer à domicile.