Meta, autrefois connu sous le nom de Facebook, se retrouve dans une position délicate à avoir investi dans une technologie qui lui a fait perdre des milliards. Mais à quel point c’est un échec ?
Une stratégie long terme
Dix ans se sont écoulés depuis que Facebook, désormais connu sous le nom de Meta, a annoncé le rachat d'Oculus pour la somme astronomique de 2 milliards de dollars . À l'époque, Mark Zuckerberg présentait le casque de réalité virtuelle comme une invention révolutionnaire, capable de changer le monde. Il envisageait un futur où nous assisterions à des matchs comme si nous étions en bord du terrain virtuellement, étudierions dans des salles de classe à travers le monde ou consulterions des médecins à des centaines de kilomètres, le tout depuis notre salon et équipée de simples lunettes.
Avec le recul, force est de constater que la réalité virtuelle n'a pas connu l'adoption massive espérée. Pourtant, l'aventure Meta-Oculus ne peut être résumée à un simple échec.
LA stratégie
D'un point de vue stratégique, Meta a réussi un coup de maître. En inondant le marché de casques Meta Quest à prix cassés, l'entreprise a capté plus de 50% des parts de marché en 2023. Cette stratégie agressive a eu un effet collatéral : l'éviction de la plupart des concurrents du marché grand public. Face à l'hégémonie de Meta, les autres fabricants se sont rabattus sur le marché professionnel, où les budgets sont plus conséquents, tel que HTC avec Vive.
Il est clair que Meta ne réalise aucun profit sur la vente de ses casques. L'entreprise mise sur le long terme, espérant atteindre un nombre critique d'utilisateurs pour stimuler la création de contenu et le bouche-à-oreille. C'est un pari audacieux, qui repose sur la patience des actionnaires. Si Meta parvient à saturer le marché et à s'imposer comme leader du contenu en réalité mixte, elle sera idéalement positionnée pour profiter de la croissance exponentielle attendue dans ce secteur.
Apple est-il bon ou mauvais pour Meta ?
L'annonce du casque Vision Pro par Apple en 2023 a été perçue comme une validation du marché de la VR par de nombreux acteurs. Certes, le produit haut de gamme d'Apple cible une clientèle professionnelle avec un prix exorbitant. Mais son entrée sur le marché souligne l'intérêt croissant porté à la réalité augmentée et mixte.
Meta a habilement profité de cette occasion pour mettre en avant le prix abordable de ses casques et leur large catalogue de contenu existant. Sauf que le Vision Pro demeure technologiquement plus avancé. Cela illustre la segmentation actuelle du marché : Meta mise sur l'accessibilité pour le grand public, tandis qu'Apple vise les professionnels avec un produit plus sophistiqué. Cette segmentation pourrait perdurer à l'avenir, la réalité mixte se déclinant potentiellement en versions grand public et professionnelle distinctes.
Le casque Meta est un succès et pourtant
Malgré son succès stratégique, le bilan financier de Meta est préoccupant. La division dédiée au métavers a cumulé 42 milliards de dollars de pertes entre 2020 et 2024 . Certes, Meta est une entreprise financièrement solide, mais ces pertes ne sont pas négligeables. Meta justifie ces investissements par sa vision à long terme, mais la patience des actionnaires pourrait s’éluder face à des résultats financiers déficitaires prolongés.
La vision de Zuckerberg d'un monde hyper-connecté via des casques n'est peut-être pas si lointaine, mais le chemin pour y parvenir semble plus long et sinueux qu'envisagé initialement. La domination de Meta sur le marché ne garantit pas son succès à long terme. L'entreprise devra affronter la concurrence d'Apple ou bien s’en nourrir pour croître, convaincre les développeurs de créer du contenu de qualité et surtout, convertir les utilisateurs à la VR en leur démontrant sa valeur ajoutée par rapport aux interactions virtuelles traditionnelles.