Les Labradors figurent parmi les races de chiens les plus populaires au monde, appréciés pour leur énergie ludique et leur habileté en tant que chien de travail (ils sont souvent utilisés comme chiens d'assistance). Cependant, bien que les labradors aient une durée de vie relativement longue, d'environ 13 ans en moyenne, ils sont également connus pour avoir un appétit insatiable et des taux d'obésité élevés en conséquence.
Une mutation génétique à l'origine de l'obésité chez les Labradors
Les implications liées à l'obésité ne se limitent pas aux Labradors, mais concernent l'ensemble des chiens. Eleanor Raffan, chercheuse à l'Université de Cambridge, se consacre à l'exploration de la génétique de l'obésité canine, mettant particulièrement l'accent sur les retrievers Labrador et à poil plat, réputés pour leur prédisposition à prendre du poids.
En 2016, l'équipe de recherche dirigée par Raffan a établi un lien entre l'obésité de ces races canines et une mutation dans le gène de la pro-opiomélanocortine (POMC). Cette altération semble toucher une partie du gène POMC, avec environ un quart des Labradors et deux tiers des retrievers à poil plat présentant cette particularité génétique. Dans leur récente étude, publiée dans Science Advances, l'équipe dévoile comment ces mutations de la POMC contribuent physiquement à l'obésité chez les retrievers.
Les scientifiques ont conduit diverses expériences avec 87 Labradors domestiques, dont certains étaient porteurs de la mutation POMC. Dans l'une de ces expériences, les chiens ont été observés réagissant à une boîte transparente contenant une saucisse après leur repas habituel. Les Labradors présentant la mutation POMC ont montré un intérêt plus marqué pour la saucisse. Une autre expérience, basée sur une alimentation continue, n'a dévoilé aucune disparité significative dans la quantité de nourriture consommée entre les deux groupes. Une troisième expérience a mis en lumière que les chiens POMC avaient un taux métabolique au repos inférieur, brûlant environ 25 % de calories en moins que leurs homologues non porteurs de la mutation parmi les Labradors.
Des études qui pourraient aider à comprendre l'obésité chez les humains
En résumé, Raffan a souligné que la mutation POMC engendre un "double impact" : une propension à la surconsommation sans une dépense calorique équivalente, accroissant ainsi le risque d'obésité. Elle a recommandé aux propriétaires de chiens porteurs de la mutation de surveiller attentivement le poids de leurs animaux, en prêtant une attention particulière à leur alimentation et en évitant toute opportunité de vol alimentaire.
D'un point de vue biologique, la perte du gène POMC chez les chiens semble entraver la production de deux hormones cérébrales, la bêta-mélanocyte stimulante (β-MSH) et la bêta-endorphine. Ces hormones, également présentes chez les humains, sont associées à des troubles génétiques accroissant le risque d'obésité. Bien que l'étude approfondie du gène POMC humain nécessiterait l'utilisation de souris de laboratoire, les connaissances tirées des retrievers Labradors peuvent éclairer les mécanismes génétiques sous-jacents à l'obésité humaine.
Raffan et son équipe explorent également d'autres gènes qui pourraient contribuer à la prédisposition des Labradors à l'obésité. Ces recherches offrent des perspectives cruciales pour la compréhension et la gestion de l'obésité canine, tout en apportant des éclairages significatifs sur les mécanismes génétiques liés à l'obésité humaine.