Les jeunes ont bon dos, mais l'IA commence aussi à être massivement utilisée par les profs. ChatGPT et compagnie sont en passe de devenir un défi majeur pour tout le secteur de l'éducation.
Les élèves qui utilisent ChatGPT pointés du doigts pendant qu'un outil débarque dans les PC des profs aux États-Unis
Lors du gros buzz de l'IA auprès du grand public il y a un an environ, les témoignages de profs plaintifs se sont succédés dans la presse et à la télé. Vous êtes forcément tombé(e) au moins une fois sur un enseignant qui fustige ses élèves en affirmant qu'il détecte un pourcentage monstrueux de copies rédigées en grande partie voire totalement à l'aide de ChatGPT. Ainsi, de grands débats se sont ouverts. Souvent, on y accable la jeune génération, le développement technologique, ou les deux. Rarement, on y propose de nouvelles façons d'enseigner et d'évaluer les compétences des gamins qui grandissent avec l'IA.
Une bonne année après toutes ces vigoureuses discussions, voilà qu'un nouvel outil pointe le bout de son nez. Celui-ci n'est plus à destination des étudiant(e)s mais... des profs. Étrangement, cette fois, on en entend beaucoup moins parlé, alors que le phénomène prend une ampleur massive aux États-Unis. En toute logique, il devrait se développer par chez nous d'ici peu.
L'outil s'appelle Writable et son utilisation est simple comme bonjour. L'enseignant lui fournit ses consignes (consignes qui, d'ailleurs, peuvent elles-même être générées par Writable) accompagnées des rendus des élèves puis l'IA basée sur la puissance GPT-4 se charge de corriger les erreurs et même d'apposer des commentaires. Le temps d'un café, toutes les copies sont corrigées et le prof peut, s'il le souhaite, passer derrière son assistant virtuel. D'après ses créateurs, Writable serait pertinent et fonctionnel du CE2 à la terminale. Du moins, à leurs équivalents américains.
D'après l'enquête du média Axios, le phénomène Writable prend de plus en plus d'ampleur aux États-Unis. Ce n'est probablement qu'une question de semaines avant qu'il commence à se faire un nom parmi les profs européens. Writable a un potentiel de développement tellement massif qu'il a été racheté par Houghton Mifflin Harcourt, un titan dans le monde de l'édition éducative. Pas moins de 90% des manuels scolaires du primaire et du secondaire aux États-Unis sortent des presses d'Houghton Mifflin Harcourt.
L'IA et le grand défi de l'éducation
Comme le souligne notre consœur Amandine Jonniaux pour le Journal du Geek (Amandine est à retrouvé en tant que chroniqueuse dans notre émission Tech On Me en live un jeudi sur deux sur la chaîne de PPGarcia), l'utilisation de plus en plus massive des modèles de language soulève de nombreux défis dans le secteur de l'éducation. Du côté des élèves, difficile de ne pas céder à la tentation d'utiliser un outil maintenant entré dans leur quotidien quand le travail demandé consiste souvent à recracher des informations apprises par cœur afin d'obtenir une note. Du côté des enseignants dont les conditions de travail ne sont pas toujours simples, difficile aussi de ne pas céder au gain de temps monstrueux que peut représenter une IA lorsqu'on a des centaines de copies à corriger.
Oui, les élèves qui utilisent l'IA risquent de moins bien retenir leurs cours. Oui, les professeurs qui utilisent l'IA auront bien du mal à soutenir des étudiant(e)s dont ils ne lisent même plus les productions. Alors que faire ? Selon moi, il ne faut pas blâmer les individus mais la structure. Le système éducatif, déjà assez souvent critiqué par le passé, semble devoir être repensé de la cave au grenier afin d'être mieux adapté à un monde qui évolue à toute vitesse.
Source : Amandine Jonniaux pour JdG