Le 28 février 1999, c’est la date précise à laquelle Heroes of Might and Magic III est apparu pour la première fois. Dès sa sortie, ce jeu de stratégie au tour par tour est très bien accueilli par la presse spécialisée, faisant les éloges de ses graphismes jugés sublimes à l’époque pour un jeu du genre, sa durée de vie colossale, son histoire prenante en mode solo et les innombrables nouveautés apportées par rapport aux anciens opus. En d’autres termes, il n'a pas fallu passer de nombreuses heures sur ce titre, abrégé HoMM3, pour comprendre qu’il offrait une expérience nettement supérieure à celle de ses prédécesseurs avec une formule bien plus travaillée et captivante. Rapidement, il est devenu une référence en termes de stratégie, et certains ne jurent que par ce titre. 25 ans après, force est de constater qu’il a conservé toute sa splendeur d'antan. Entre nostalgie et classique indémodable, nous vous proposons un retour sur ce titre qui fait encore le bonheur des joueurs.

La référence des jeux de stratégie au tour par tour

C’est l’entreprise nord-américaine New World Computing qui est à l’origine de la série des Might and Magic et bien sûr des Heroes of Might and Magic. C’est en surfant sur le succès de leur franchise, notamment des Heroes, que le troisième opus naquit en reprenant le style graphique et le gameplay de son prédécesseur tout en l’améliorant nettement. Plus précisément, c’est le 28 février 1999 qu’il a vu le jour aux États-Unis, faisant rapidement sensation dans le monde du jeu vidéo de stratégie. Le jeu original nommé The restoration of Erathia dans sa version de base, fut suivi par deux extensions, Armageddon's Blade en 2000 et The Shadow of Death en 2001. Les deux extensions apportèrent beaucoup d’éléments à un jeu déjà très riche et complet ce qui renforça son image d’exemple dans le genre de la stratégie en tour par tour.

Toutefois, la licence était à ce moment-là, sans qu’on le sache, déjà à son apogée. L’avenir de New world computing se révéla hélas, plutôt sombre. Après la faillite de son éditeur 3DO en 2003 et le succès en demi-teinte de Heroes of Might and Magic IV, les droits de la licence sont rachetés par Ubisoft qui parvient à redresser la barre avec la cinquième itération du titre. Avec de nouvelles idées et un nouveau lore, HoMM V rencontre un bon succès, notamment auprès des fans qui retrouvent les principes du troisième opus. Malheureusement, ce renouveau s’est rapidement essoufflé avec les sixième et septième opus qui n'ont pas réussi à faire oublier le souvenir persistant de HoMM III, s'épuisant entre la recherche de nouveauté et la fidélité. Pourtant, en appartenant certes au passé, Heroes of Might and Magic 3 est toujours bien vivant, non seulement dans le cœur de ceux qui y ont joué à l’époque, mais également dans celui de ceux qui y jouent encore et suivent avec intérêt son évolution au fil des patchs et des différents mods créés par une communauté fidèle et passionnée.

Un gameplay riche et addictif

Encore aujourd’hui, il est difficile de prétendre avoir fait le tour de Heroes of Might and Magic 3, tant son gameplay regorge de détails, de combinaisons et de mécaniques originales laissant place à beaucoup de tentatives d’optimisation. Cependant, même si on n’est pas un expert ayant passé des centaines d’heures à explorer les méandres de chaque style de jeu, il est tout à fait possible de prendre un plaisir fou sur ce titre. Malgré une histoire assez classique mais néanmois efficace, le jeu nous immerge par son esthétique dans son univers médiéval-fantastique fortement inspiré du bestiaire de différentes mythologies. Il parvient à susciter l’imagination du joueur en même temps que sa capacité à s’organiser et à planifier des stratégies.

Le système de jeu en tour par tour est décomposable en deux phases distinctes, l’une étant l’exploration de la carte, collecte et gestion des ressources, l’autre étant les combats avec les héros que ce soit contre des créatures sauvages ou les héros ennemis. La première contient plusieurs dimensions, comme le développement des différentes villes pour obtenir davantage de puissance, autant économique que militaire. Elle exige une réflexion sur plusieurs tours et un esprit de planification qui se mettra naturellement en place par l’adaptation à la structure même de la partie. La seconde est beaucoup plus technique, car elle consiste à combattre les armées adverses avec son héros et ses propres créatures. Le but est bien sûr de se débarrasser de l’armée ennemie, mais surtout de perdre un minimum d’effectif à chaque escarmouche, car celles-ci vont vite se multiplier.

La carte de chaque partie contient une myriade d’objectifs secondaires qui permettent aux héros de gagner en puissance sans que tout ne soit répétitif. Les différents temps du gameplay font que les tours passent finalement très vite et absorbent le joueur dans l’émulation entre le développement de ses villes et de ses armées. Il existe plusieurs manières de remporter la partie, cela dépendra avant tout du type de scénario joué. Certains exigent par exemple une exploration très rapide, et c’est la plupart du temps une stratégie valable pour de nombreuses cartes.

L’une des forces indéniable de HoMM 3 est sa rejouabilité infinie. Chaque faction possède des mécaniques uniques, comme la nécromancie et la récolte de squelettes pour la Nécropole, et celles-ci sont également spécifiés par le profil des différents héros, qu’ils soient might (héros spécialisés dans le combat physique des unités), ou magic (ceux spécialisés dans les sortilèges). Les factions sont au nombre de 9 dans la version originale complète avec 16 héros pour chacune d’entre elles, donc les combinaisons possibles sont très nombreuses. Explorer toutes les potentialités de sa faction, s’adapter aux difficultés de certaines cartes, et affronter les caprices d’une RNG pouvant être aussi frustrante que gratifiante, tels sont les grands principes d’une partie de Heroes of Might and Magic III.

Une ambiance mythique

Ce qui fait pour beaucoup résonner le jeu dans les mémoires de tant de joueurs l’ayant connu au début des années 2000, est sans conteste son ambiance incroyable d'heroic fantasy. Le design des créatures, des héros et des décors sur la carte, ainsi que dans les villes des différentes factions, sont certes très beaux pour l’époque, mais traversent surtout les années sans sembler souffrir des outrages du temps. Force est de constater que la direction artistique du jeu a été très bien inspirée à l’époque, notamment en trouvant le moyen d’insuffler autant de vie avec aussi peu de moyen technique.

Il faut dire que la musique de Paul Romero, Rob King et Steve Baca, y sont pour beaucoup dans la création de cette atmosphère mythique. Les musiques donnent une identité, une âme, à chaque élément du gameplay. La bande son de chaque territoire est unique, tout comme celle des factions qui sont ni plus ni moins que des chefs-d'œuvre. Il est possible de rester plusieurs minutes dans une ville sans rien vouloir faire d’autres que d’écouter son thème musical en s'imaginant, par exemple, courir dans les brumes de la faction Rempart, s'empêtrer dans les marais de la Forteresse ou s’amuser à chevaucher les Rocks foudroyant au-dessus des montagnes du Bastion.

Ne jouer à Heroes que pour son esthétique tant celle-ci est réussie et a participé pleinement au succès du jeu, n’a en ce sens rien d’absurde. D’ailleurs, les compositions faites pour le jeu, ainsi que d’autres provenant notamment de l’opus suivant, ont d’ailleurs eu le droit à une version orchestrale sous la baguette de Paul Romero.

Sa communauté très active

HoMM III bénéficie d'une communauté très active qui va même jusqu'à proposer leur propre contenu pour enrichir cet excellent titre. Au 31 Décembre 2011, sort l’extension fanmade nommé Horn of the Abyss (HotA). Bien qu’il existe également d'autres mods inventés par les fans, comme In the wake of the Gods (WoG), c’est bien celle-ci qui a réussi à réunir le plus grand nombre de joueurs et à devenir la version la plus populaire de HoMM III. Elle propose une tonne de contenu inédit, comme deux nouvelles factions : la Crique et la Manufacture, cette dernière ayant vu le jour très récemment, le 30 décembre 2023. On peut également mentionner l’ajout de nouvelles campagnes solo qui exigent tout de même une très bonne connaissance du jeu, de nouvelles cartes, ainsi que de nouveaux héros, bâtiments et artefacts. Il s’agit bien d’une extension complète, extrêmement généreuse qui la hisse au rang de celles l’époque, voire les dépasse.

Grâce à ses mises à jour régulières, l’équipe de fan aux commandes du projet parvient à faire vivre la passion de nombreux fans du monde entier, animés autant par leur nostalgie que par l’attrait du gameplay toujours aussi bien entretenu. L’équilibrage est en effet l’un des autres points forts de HotA. En gommant les rares défauts de la version originale, la qualité globale ne s’est vue que magnifiée, car elle a réussi à préserver l’essence qui la rendait aussi mémorable.

Si HoMM III est encore un jeu bien vivant, c’est notamment grâce à sa communauté et notamment à l’animation d’une scène compétitive. L’extension HotA met également à disposition des serveurs pour affronter des joueurs du monde entier en ligne, sur différents modes de jeux, dit Templates, inventés par les fans. Certains de ces modes peuvent beaucoup différer du style de jeu habituel expérimenté en mode solo, mais ils participent à la postérité du jeu en exploitant sa très grande richesse.

La scène compétitive d’HoMM III ne se limite pas seulement à un système de classement, car elle se caractérise également dans l’organisation de nombreux tournois dans lesquels les joueurs les plus performants s’affrontent en respectant des règles particulières. En effet, l’un des enjeux des templates est de cadrer le jeu, en bannissant les mécaniques trop puissantes ou inadaptées au multijoueur, pour optimiser la prise de décision stratégique. L’un des modes de jeu les plus marquant de ce sens est celui du “duel” où deux joueurs s’affrontent, en disposant chacun que d’un héros pour toute la partie.

La communauté de Heroes III est principalement originaire d'Europe de l’Est, notamment de Russie, mais est également bien présente en France. De nombreux créateurs de contenu passionné par le jeu fleurissent et, même si le plus notable d’entre eux Lexiav est originaire de Lituanie, le monde de streaming français n’a pas à rougir de ses performances. Parmi eux, on peut citer Geerz et ses excellents guides sur youtube, mais aussi Le_J_heroes pour son activité débordante notamment sur la scène compétitive.

Où jouer à Heroes of Might and Magic III ?

Si cet article vous a donné envie de vous plonger à nouveau dans Heroes of Might and Magic III, ou de découvrir ce titre emblématique, puisqu’il n’est jamais trop tard pour commencer, la meilleure version possible est disponible sur GOG.com. Vous pourrez vous la procurer à moindre coût, en plus du fait qu’il s’agit de la seule compatible avec les contenus créés par les joueurs, notamment le mod HotA.

Vous pourrez également vous procurer un jeu de plateau qui a été financé sur Kickstarter. Le succès a bel et bien été au rendez-vous, avec environ 27000 contributions et presque 4 millions d'euros récoltés. Ainsi, Archon studio a pu développer non seulement le jeu, mais également beaucoup d'extensions grâce aux donations qui ont permis d’atteindre plusieurs paliers. Une preuve supplémentaire de l'engouement suscité par cet épisode de la licence, et de son statut indéniable de jeu culte.

En bref, Heroes of Might and Magic III est un indémodable des jeux de stratégie au tour par tour, et restera à jamais gravé dans la mémoire des joueurs de la première heure, tout comme il a marqué l’industrie du jeu vidéo. Si vous n’y avez jamais joué, il n’est jamais trop tard pour vous plonger dans cet univers si riche, surtout si vous êtes un amateur du genre. Certes, avec 25 ans au compteur, on peut facilement imaginer un titre poussiéreux qui ne rend heureux que les nostalgiques, pourtant HoMM 3 brille par ses mille qualités qui ne cessent de captiver de nombreux joueurs à travers le monde.