Et si l’avènement de l’intelligence artificielle sonnait le glas de l’intelligence humaine ? Selon un éminent professeur de neuropsychologie, les IA à l’image de ChatGPT auraient un impact négatif sur les fonctions cognitives des êtres humains.
Les intelligences artificielles génératives et autres chatbots conversationnels pullulent sur Internet et sur nos smartphones depuis plus d’un an déjà. Si certaines personnes s’en servent à des fins professionnelles, d’autres utilisent les IA de ce type pour tout et rien, et parfois même sans s’en rendre compte. Des échanges avec un SAV, une IA au cœur d’une application bancaire… Bref, l’intelligence artificielle est partout. Mais où est l’intelligence humaine ?
L’IA, une « prothèse cognitive » inutile ?
Selon Umberto León Domínguez, professeur de neuropsychologie à l’université de Monterrey située au Mexique, la démocratisation de l’intelligence artificielle pourrait avoir « des effets catastrophiques » sur le cerveau humain. C’est dans une interview accordée au site PysPost que cet expert tire la sonnette d’alarme.
« En tant que professeur d’université, je conçois mes activités comme des défis intellectuels pour stimuler et former des fonctions cognitives qui sont utiles dans la vie quotidienne de mes étudiants, telles que la résolution de problèmes et les capacités de planification », explique-t-il. « L’émergence d’un outil comme ChatGPT a développé mes préoccupations quant à son utilisation potentielle par les étudiants pour mener à bien des tâches, empêchant ainsi la stimulation de ces fonctions cognitives. »
Le professeur a donc cherché à creuser le sujet et son étude lui a permis de qualifier les IA comme ChatGPT de « prothèses cognitives ». Mais là où la prothèse est censée remplacer un membre perdu, l’IA remplace quelque chose que nous possédons dans notre intellect. En soi, elle est donc inutile. Mais comme on l’utilise quand même, elle finit bel et bien par remplacer des comportements cognitifs, en les appauvrissant au passage.
Une perte de raisonnements humains en faveur de l’IA
Pour Umberto León Domínguez, confier à une IA une prise de décision, un raisonnement spécifique ou la résolution d’un problème complexe entraine forcément un appauvrissement de la réflexion humaine. Or, cette réflexion fait justement de l’humain ce qu’il est. Le « déchargement cognitif » semble avoir du bon, puisqu’il allège la charge mentale. Mais, à terme, il risque de rendre les gens totalement idiots et incapables de mener une réflexion à bien, y compris la plus simpliste.
« De même que l’on ne peut pas devenir un pro du basket sans jouer au jeu, le développement de capacités intellectuelles complexes nécessite une participation active et ne peut pas compter uniquement sur l’assistance technologique », insiste le professeur.
Des précédents existent, mais pas à ce point
« Beaucoup de gens soutiennent qu’il y a eu d’autres technologies qui ont permis le déchargement cognitif, comme les calculatrices, les ordinateurs et, plus récemment, la recherche sur Google », explique Dominguez. « Cependant, ces technologies ne résolvent pas le problème pour vous. Elles aident pour une partie du problème, ou bien elles fournissent des informations que vous devez intégrer dans un plan ou un processus de prise de décision. »
L’expert invite donc les personnes qui utilisent des IA comme ChatGPT ou Gemini de ne pas en devenir dépendantes en ayant systématiquement le réflexe de se tourner vers elles pour avoir des réponses. Une démarche d’autant plus importante pour les jeunes générations, qui sont nées avec ces technologies de pointe. L’idée d’une société où la pensée critique et la créativité auraient totalement disparu fait froid dans le dos, il convient donc de lutter contre lorsque c’est possible.
« Je voudrais que les individus soient conscients que les capacités intellectuelles essentielles à la réussite dans la vie moderne doivent être stimulées dès le plus jeune âge, en particulier pendant l'adolescence. Pour le développement efficace de ces capacités, les individus doivent s'engager dans l'effort cognitif », conclut le professeur.