Streaming ou cinéma ? La question se pose de plus en plus au fur et à mesure que les plateformes se développent, qu'elles mettent des moyens dans les longs-métrages, et que les sociétés de production y voient leur intérêt. L'industrie évolue, et les modes de consommation aussi. Une évolution dont The Guardian a souhaité discuter avec un acteur bien connu.
Le cinéma en salle : une pratique chahutée par les événements et les plateformes de SVOD
L'industrie du cinéma a beaucoup évolué, au point que certains appellent de leurs voeux une seconde révolution, en référence à l'arrivée du nouvel Hollywood qui, à la fin des années 1960, a considérablement changé la façon dont le cinéma américain était produit. Mais à la différence de ce qu'il s'est passé il y a plus de 60 ans, Hollywood et le cinéma en général doivent faire face à de nouveaux défis. Il y a d'abord eu l'apparition des plateformes de vidéo à la demande, qui permettent aux spectateurs de louer ou de visionner de nombreux contenus sans avoir à sortir de chez eux. Le succès de Netflix, puis d'Amazon Prime Video, de HBO ou encore de Disney+ montre que les gens apprécient l'expérience, qui se fait parfois au détriment des salles de cinéma.
En France, la chronologie des médias permet en principe de protéger les salles mais ailleurs, les films sont très rapidement disponibles en VOD. Après cela, il y a eu la pandémie, qui a confiné une grande partie des gens chez eux. Une aubaine pour les plateformes, mais une catastrophe pour les salles, fermées. Enfin, il y a le prix des places qui, dans les grandes agglomérations, est souvent assez élevé. Certains grands complexes facturent une place plein tarif au prix d'un abonnement à un service de vidéo à la demande, ce qui donne à réfléchir. Ces mêmes plateformes ont d'ailleurs été au coeur de conflits entre les acteurs et les producteurs, les premiers estimant ne pas être assez payés par rapport au nombre de personnes touchées.
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L'attention : pour cet acteur, certains films ne peuvent fonctionner que si on est dans les bonnes conditions
Les modes de consommation évoluent, mais les salles n'ont pas disparu pour autant, loin de là. L'expérience du cinéma reste assez significative pour que de nombreuses personnes se déplacent pour voir un film qu'ils attendent. Les succès récents d'Avatar : La Voie de l'Eau, de Super Mario Bros. Le Film, de Barbie ou d'Oppenheimer montrent bien que les salles ont encore toute leur place. De nombreux commentaires, postés ça et là, laissent cependant entendre qu'il y avait désormais les blockbusters calibrés et les films dits "d'auteur", mais qu'il n'y avait plus spécialement d'entre-deux. Ces commentaires ont été repérés par The Guardian, qui a souhaité évoquer le sujet des films "sérieux" avec Willem Dafoe lors d'un entretien. L'acteur de 68 ans, que beaucoup connaissent pour son rôle de Norman Osborn dans la trilogie Spider-Man de Sam Raimi ou dans Platoon semble d'abord hésiter, avant de donner un avis qu'il présente comme limité :
Quand quelque chose comme une grève se produit, je me réveille et je dis : 'Écoute, tu dois comprendre certaines de ces choses', parce que sinon tu avances à l'aveugle, tu vois ? (...) L'attention que les gens accordent à la maison n'est pas le même. Les films plus difficiles ne peuvent pas faire aussi bien quand vous n'avez pas un public vraiment attentif. C'est quelque chose de fondamental. La dimension sociale de la place des films dans le monde me manque. Tu vas voir un film, tu sors dîner, tu en parles plus tard, et ça se propage. Maintenant, les gens rentrent chez eux, ils disent : « Hé, chérie, regardons quelque chose de stupide ce soir », et ils feuillètent le catalogue et regardent cinq minutes de 10 films, puis disent : « oublie ça, allons nous coucher ».
Certains films seraient donc particulièrement demandeurs en termes d'attention, et ne peuvent être correctement suivis et compris qu'en salle. Il indique que les plateformes de streaming ont désormais les moyens de production et de distribution, compliquant les choses. Willem Dafoe tient cependant à préciser qu'il ne donne qu'un avis limité, car il assume de ne pas avoir une assez bonne vu d'ensemble si ce n'est pour évoquer l'aspect social d'une séance au cinéma. Ce dernier pense cependant que le cinéma actuel manque de producteurs courageux, et que les intermédiaires prolifèrent, limitant la possibilité qu'un producteur qui "vendrait sa maison" pour réaliser son projet.