Le papa de Mario, Shigeru Miyamoto, est un véritable perfectionniste qui aime aller au bout des choses. Très pointilleux dans les détails et soucieux du plaisir des joueurs, il manque aussi parfois d'empathie vis-à-vis de ses équipes ou des studios extérieurs. En voilà un nouvel exemple.
L'exigence et le perfectionnisme
Si tous les créateurs de jeu ont des philosophies et des tempéraments différents, on retrouve certains traits de caractère identiques chez les personnes qui ont bouleversé le média jeu vidéo. Si l'on prend l'exemple de Yu Suzuki, l'homme à l'origine de Shenmue, de Virtua Fighter et des plus gros hits d'arcade de SEGA (Hang-On, Space Harrier, After Burner, OutRun…), c'est un assoiffé du détail qui était rarement tendre avec ses protégés. Non pas qu'il était odieux, mais il cherchait toujours à tirer le meilleur de ses équipes, quitte à les brusquer plus que de raison quand c'était nécessaire.
Un exemple concret ? Pour Virtua Fighter, avec l'avènement des jeux en 3D, il a très vite compris que ses employés allaient devoir mettre de côté des années d'expérience pour tout réapprendre ou presque. Nombreux étaient alors les réfractaires qui ont estimé que c'était trop leur demander. Yu Suzuki a alors organisé des sessions d'arts martiaux car ils voulaient que ses employés comprennent les mouvements. Toutes celles et ceux qui ont montré de l'indifférence ont été priés de prendre leurs affaires pour descendre à l'étage inférieure, synonyme de déclassement professionnel, et ils se sont retrouvés à faire de la paperasse. Les autres ont alors pu travailler, avec toute leur motivation, sur le futur Virtua Fighter qui est devenu un phénomène au Japon et dans le monde. Ce cas est loin d'être isolé et certains créateurs n'hésitent pas, à certains moments, à se montrer ignobles avec leur staff. Ce qui est loin d'être anodin, surtout à une époque où les dérives ne restent plus sous silence.
Miyamoto, même combat ?
Shigeru Miyamoto, le père de Mario, Zelda ou encore Donkey Kong, a une approche un peu plus subtile, mais il n'hésite jamais à dire ce qu'il pense. Il est ainsi réputé pour son "Chabudai Gaeshi", que l'on peut traduire par le retournement de la table de thé. Concrètement, le natif de Sonobe n'hésite pas à exiger de son équipe qu'elle reparte de zéro, même si le projet est bien avancé. Les protégés de Retro Studios, le célèbre studio texan à l'origine des Metroid Prime, en ont vu de toutes les couleurs lors du passage de Shigeru Miyamoto dans leurs couloirs. Le Japonais venait faire un état des lieux des projets imaginés par les Américains et ces derniers étaient plutôt confiants pour l'un des jeux. Au final, Shigeru Miyamoto a absolument tout rejeté (il était en colère paraît-il) et c'est le projet le moins avancé qui a été mis en avant avant d'être zappé pour la création du tout premier Metroid Prime.
Shigesato Itoi said Miyamoto once made him cry.
— Stealth (@Stealth40k) January 4, 2024
He thought he would receive praise from Miyamoto when he showed him the original plot for Mother, but Miyamoto didn't really say anything.
So he cried on the train when he left.
Interview Part 4: https://t.co/Zbz4FOX0M7 pic.twitter.com/ZpLfAaKLTM
Lors d'une interview, Shigesato Itoi, le créateur de la série Mother, plus connue sous le nom EarthBound, a fait une déclaration qui en dit long sur l'impact que peut parfois avoir Shigeru Miyamoto. Obtenir la validation du papa de Mario est comme entrer dans la gueule du loup sans savoir à quelle sauce on va être mangé. Shigesato Itoi, lors de sa rencontre avec Miyamoto, était persuadé que l'intrigue de son premier jeu Mother allait bouleverser le concepteur de Nintendo. Pourtant, au moment de la présentation, rien ne s'est passé comme prévu. Shigeru Miyamoto est resté stoïque et la déception fut si grande pour son interlocuteur que celui-ci s'est effondré dans le train le ramenant chez lui. Finalement, l'histoire ne s'est pas arrêtée là puisqu'on l'a rappelé quelques temps après pour lui signaler qu'une équipe de production était fin prête pour se lancer dans la production. Dans le jeu vidéo comme d'autres domaines, certaines personnes ont besoin de cette empathie et ces encouragements pour avancer et il faut parfois faire face à ce type de désillusions.