Un plat de monstres, ça vous dit ? Vous auriez tort de refuser ! De notre côté, après avoir englouti le premier épisode de Gloutons & Dragons sur Netflix (disponible depuis jeudi 4 janvier), on ne peut que vous conseiller d’y goûter. Nouvelle adaptation du manga de Ryoko Kui par le studio Trigger, ayant notamment participé à la création de l’anime Cyberpunk Edgerunners, Gloutons & Dragons est-il la fusion culinaire parfaite entre Food Wars et consorts et un univers de fantasy ? On vous donne nos impressions !
Netflix et Trigger (Cyberpunk Edgerunners) reviennent avec une nouvelle adaptation succulente
Après une année 2023 qui a permis à Netflix de frapper fort dans le domaine de l’animation, 2024 commence sur les chapeaux de roues. Cette année n'est entamée que depuis moins d'une semaine et voilà déjà que le géant américain nous donne à découvrir une nouvelle adaptation. Preuve que les relations entre Netflix et le studio derrière l’anime Cyberpunk Edgerunners sont au beau fixe, c’est Trigger que l’on retrouve à la tête de ce projet inspiré des mangas de Ryoko Kui. Publié à partir de 2014 (puis 2017, en France), l’histoire de Gloutons & Dragons s’étale sur pas moins de quatorze tomes et nous a dévoilé sa conclusion en septembre dernier.
De ce fait, ce sont désormais Netflix et Studio Trigger qui se chargent d’en transmettre l’héritage sous la forme d’un anime qui, nous le verrons, est un alléchant mélange - son nom est un indice on ne peut plus évident de ce qui nous attend - entre un jeu de rôle et une aventure à mi-chemin entre la quête périlleuse et la cuisine / gastronomie, véritable phénomène au Japon avec des œuvres telles que Food Wars, La Voie du Tablier, Les Gouttes de Dieu, Le chef de Nobunaga ou encore Hell’s Kitchen. Pour cette première saison, on aura droit à un total de vingt-quatre épisodes qui suivront un rythme de sortie hebdomadaire, soit chaque jeudi sur Netflix (à la manière de ce qui avait été fait pour la saison 2 de Vinland Saga).
On l’a compris, Gloutons & Dragons, ce sont donc des aventures palpitantes et des plats qui mettent l’eau à la bouche mais c’est aussi l’histoire de trois personnages, Laios, Marcille et Chilchuck, qui veulent prendre leur revanche sur un terrible dragon et trouver le Royaume d’Or. Pour eux, cette deuxième expédition doit être la bonne et ne doit pas reproduire les mêmes erreurs. Sauvés de justesse par la soeur de Laios grâce à sa magie, les rescapés sont déterminés à reprendre les armes pour aller secourir Falin, piégée dans l’estomac du dragon mais pas morte pour autant. Le souci, c’est qu’ils n’ont pas tous envie de risquer à nouveau leur peau et le trio est lâché par leurs deux autres coéquipiers. C’est sur cette déconvenue mais cette motivation toujours présente que s’ouvre Gloutons & Dragons !
Une aventure remplie d’humour qui reprend l’essence d’un jeu de rôle à la Donjons & Dragons
Au-delà d’un clin d’oeil à Donjons & Dragons dans son nom, Gloutons & Dragons témoigne d’une affection particulière pour les jeux de rôle. Le premier indice n’est autre que les trois héros de cette aventure qui sont ni plus ni moins que des archétypes de RPG (guerrier, magicienne, rôdeur) qui doivent accomplir une quête clairement définie : retrouver la petite soeur de Laios et la sauver du dragon qui rôde dans ce donjon. D’ailleurs, nos protagonistes nous démontrent qu’ils sont clairement organisés et que leur univers est régie par les mêmes règles qu'un jeu de rôle, type MMO, où ils se réunissent sous la bannière d’une guilde, s’affairant à remplir tout un tas de missions autant pour se divertir que pour gagner en renommée en accomplissant des hauts faits. C’est aussi pour cela que notre trio est abandonné par deux camarades au début de l’aventure, parce qu'ils ont trouvé plus fort ailleurs !
Concernant les lieux, il s’agit aussi d’un moyen de la part de Gloutons & Dragons de démontrer son amour du jeu de rôle. Lieu magique créé à partir d’un sort, le donjon est l’endroit où tout se passe, où les péripéties s’enchaînent et forgent le groupe. Ici, le donjon fait office de monde à lui tout seul et sa construction emprunte beaucoup à celle du dungeon crawler, un type de jeu de rôle où l’on est poussé à explorer des donjons labyrinthiques jusqu’à en affronter les monstres et autres boss les plus retors. Dans ce cas de figure, le donjon, porte d’accès vers le Royaume d’Or, s’étend dans les sous-sols et propose de nombreux biomes différents ainsi qu’un hub principal, sous la forme d’une grande place marchande, qui rappelle encore une fois les MMO et ces zones où l’on se prépare avant de franchir les portes d’un défi d’envergure ou où l’on revient en cas d’échec.
C’est endroit donc, c’est le meilleur moyen pour se préparer à un nouvel assaut du donjon, d’autant que la précédente tentative du groupe s’est soldée par un échec qu’ils vont, ensemble, essayer de balayer. À la fois, pour retrouver Falin, mais également pour continuer à progresser davantage comme nous inciterait à le faire un jeu de rôle. Par conséquent, il faut se donner les moyens de réussir, et si un grand combat ne peut être remporté le ventre vide, il est d’autant plus difficile de le remporter sans l’équipement adéquat. Outre la nourriture et la préparation physique et alimentaire, c’est l’aspect gestion des jeux de rôle qui est aussi au coeur de Gloutons & Dragons : il faut jongler avec le contenu de sa trésorerie, en utiliser une partie pour engager de nouveaux compagnons, acheter diverses choses (nourriture, objets, équipements) ou en revendre pour s’offrir soit de la meilleure qualité ou quelque chose de plus modeste que l’on peut compléter.
Tous ces emprunts, Gloutons & Dragons nous les suggère avec une grande part d’humour puisque chaque situation ou explication débouche, tôt ou tard, sur un gag. Même la mort est un sujet qui est tourné en dérision ! Les personnages ont conscience que les événements leur ont parfois été défavorables et qu’on les a ramenés à la vie, à une ou plusieurs reprises. Dans le premier épisode, la magicienne Marcille y fait clairement référence. Et puis, il y a aussi l’exemple de la soeur de Laios puisque celle-ci n’est pas réellement morte, seulement prisonnière des entrailles du dragon et espérant à tout prix qu’on vienne la délivrer avant… l’étape de la digestion !
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Gloutons & Dragons met les monstres au service du foodporn
En réalité, le personnage de Laios a un rêve qu’il souhaite accomplir, en plus de l’objectif qu’il s’est fixé de secourir sa soeur : il veut connaître le goût des monstres. Et si, plutôt que de préparer leur expédition en amont, c’est-à-dire à l’extérieur du donjon, ils se servaient allègrement dans ce qu’ils ont sous la main pour cuisiner ? Et si les monstres ou ce qu’ils fournissent devenaient les principaux ingrédients de leurs plats ? Très vite, nos héros obtiendront une réponse qui justifiera pleinement le titre de Gloutons & Dragons. Ce qui est d’autant plus drôle avec l’anime qui, on l’a dit, joue avec les codes des jeux de rôle, c’est de voir qu’il renverse les habitudes et les codes traditionnels de ce genre. Ici, l’anime prend le contrepied du jeu de rôle où l’on a tendance à préparer nos expéditions à l’avance et à se remplir l’estomac avant de franchir la porte d’un donjon.
Si notre trio a quelques bases, légèrement bancales, en cuisine de monstres, les membres n’auront de cesse d’en apprendre davantage - et nous aussi ! - en compagnie de Senshi, rencontré dans ce premier épisode (et également un archétype du jeu de rôle, puisqu’il s’agit d’un nain). Pas de doute, ce dernier fait preuve d'une belle maîtrise de la cuisine et de la gastronomie et démontre, par ses talents de cuistot, que l’on peut bel et bien cuisiner un pot-au-feu avec un scorpion et un monstre à l’allure de champignons. Finalement, c’est bien l’aspect « glouton » qui prévaut sur le reste dans ce nouvel anime de Studio Trigger. Certes, l’histoire détaille leurs voyages dans le donjon, les environnements, les pièges et les monstres qu’ils rencontrent mais c’est surtout l’étendue des repas qu’ils vont concocter et les spécificités de chaque mets, tant leurs avantages que leurs inconvénients, qui font le sel de leur périple avec, telle une cerise sur le gâteau, les réactions des membres du groupe qui constituent le running gag attachant de cet anime.
Alors, Gloutons & Dragons, c’est juste ça ? Des aventuriers qui se contentent de faire mijoter et de cuisiner la moindre bestiole qu’ils croisent ? En fait, derrière ce schéma de progression, il y a une vraie volonté de respecter les monstres et ce qu'ils produisent (« Ne prends que ce que tu peux manger », dira Senshi). Chaque monstre ou chaque élément de la faune et la flore est un argument pour entamer une description minutieuse de ce qui le caractérise et sur la manière de s’en servir pour faire la cuisine, le tout dans un ton très décalé. Gloutons & Dragons ne nous enseigne pas tant la manière de se débarrasser d’un monstre que les meilleures techniques pour les cuisiner à la perfection, et c’est cette approche qui rend ce nouvel anime Netflix (et le manga, plus généralement) original ! Nous en tient pour preuve la scène où Marcille se défait d’un monstre champignon avec un simple coup de bâton de magicien tandis que le trio découvre ensuite, en long et en large, les conseils pour le transformer en une savoureuse collation.
Reconnaissons-le d’emblée, Gloutons & Dragons est loin d’être l’anime qui fera de l’ombre à la concurrence… ou qui l’engloutira, pour rester dans le thème. Toutefois, cette adaptation a le mérite de se montrer suffisamment originale pour que l’on ait envie de la savourer un peu plus chaque semaine. Oui, il y a de quoi en faire un plat ! À la suite du visionnage du premier épisode, on est resté sur notre faim, principalement parce que l’on a hâte de faire la rencontre de l’ensemble du bestiaire de l’oeuvre de Ryoko Kui et, surtout, de sentir notre ventre gargouiller à la vue des nombreux mets que nos aventuriers vont créer. À la fois drôle et original, l'adaptation de Gloutons & Dragons par Studio Trigger insuffle un peu de variété dans la cour des animes gastronomiques en fusionnant astucieusement le genre avec celui de la fantasy : une recette qui marche, met les papilles en émoi et donne envie de venir réserver chaque jeudi pendant les vingt-trois prochaines semaines.