L'E3 est mort, vive l'E3

Remis en question pendant plusieurs années, annulé pendant le Covid et relancé en 2021 à distance, l'E3 ne verra pas 2024, ni 2025 d'ailleurs ni toutes les autres années qui suivront. Les édition 2022 et 2023 ont été annulées, même avec la reprise en mains par Reedpop. L'E3 naviguait donc en eaux troubles depuis longtemps, et on se doutait qu'à moins d'un miracle, ses jours étaient comptés. Le 12 décembre dernier, l'ESA a planté le dernier clou dans le cercueil du salon en annonçant la fin de l'E3. Inauguré en 1995 pour se détacher d'un CES trop diversifié, l'événement s'est rapidement installé comme un rendez-vous incontournable pour l'industrie et le public. Les éditeurs et studios venaient y présenter leurs projets à travers une succession de conférences, suivies de présentations sur les stands dédiés.

Des magazines aux sites web, tous relayaient les infos glanées et leurs impressions sur les jeux et consoles présentés. Mais les éditeurs ont commencé à profiter de la période pour organiser leurs propres événements parallèles, diffusés par l'intermédiaires de plateformes telles que YouTube ou Twitch. EA, Sony, Nintendo, Microsoft, Ubisoft... Tous ont pris l'habitude de diffuser leurs propres conférences. L'E3 ralentissant, Geoff Keighley a lancé son Summer Game Fest et assuré le show de la Gamescom, prenant petit à petit la place d'un salon en décrépitude. Trop coûteux et incapable de renouer les liens avec les partenaires et d'inciter les éditeurs à installer un stand à nouveau, l'E3 ne pouvait que disparaître.

Après plus de deux décennies d'E3, chacun plus gros que le précédent, l'heure est venue de dire au revoir. Merci pour les souvenirs (...)

Pour Stanley Pierre-Louis, les entreprises ont désormais les moyens de réaliser leur communication. Les formats présentés par Geoff Keihley ne sont que l'un des facteurs, le plus important étant les changements dans la façon d'atteindre le public :

Les sociétés de jeux vidéo disposent de moyens nouveaux et passionnants pour atteindre les gens. Elles peuvent le faire selon un calendrier qui répond à leurs besoins commerciaux. Cela n'enlève rien à la nécessité de rassembler les gens. Nous réfléchirons à la manière de rassembler tout le monde pour raconter une histoire sur l'industrie. Je ne sais pas quelle forme cela prendra .Nous passons du temps à réfléchir, car il y a un bon moment pour l'industrie de remodeler la façon dont le public pense aux jeux. Mais c'est un début de réflexion.

Autrement dit, l'ESA n'abandonne pas l'idée de créer un nouvel événement. Pour l'E3, et après de longues années d'agonie, la messe est dite. En attendant, Geoff Keighley a les mains plus libres que jamais pour rassembler les joueurs autour de diverses annonces. Du Summer Game Fest en passant par la Gamescom et les Game Awards, il a en main certains des rendez-vous les plus imposants de l'année.

Le Stunfest 2024 n'aura pas lieu

Mauvaise nouvelle pour les adeptes du Stunfest, l'association 3 Hit Combo a annoncé qu'elle allait faire l'impasse sur l'édition de l'année prochaine, tout en promettant être au travail sur une nouvelle formule pour 2025. C'est, en dehors de la pandémie, la seconde fois que le Stunfest est annulé. Déficitaire, l'association a réduit ses effectifs de 7 à 2 salariés, et ne peut pas faire face aux coûts d'organisation de la prochaine édition. En sautant une année, 3 Hit Combo espère retrouver l'équilibre tout en poursuivant ses activités de médiation culturelle, promouvant le jeu "autrement". Inflation, sponsors, professionalisation nécessaires, baisse de fréquentation, interdiction de recourir au mécénat, les raisons sont nombreuses.

Nous avons toujours sur être transparents quant à nos dfficultés : économiques, statutaires, humaines. La nature même du Stunfest en fait un pari osé qui rend son organisation difficile. Malgré toutes les qualités du projet de l'association et du festival, 3 Hit Combo est en déficit structurel. Nous avons fait notre possible, mais l'activité de l'association et la dimension du festival ne permettent pas de trouver un équilibre financier.

Au quatre salariés licenciés pour raisons économiques et au poste non reconduit, il faut ajouter tous les prestataires externes qui permettent au festival d'avoir lieu et qui sont donc touchés. D'ici 2025 et la possible prochaine édition du Stunfest, l'association sera active auprès de nombreuses structures : médiathèques, écoles, collèges et lycées, associations culturelles, maisons de quartier, centres sociaux, établissements de santé, prisons et studios de développement.

© Archices Ouest France

Google perd contre Epic Games après un nouveau procès

Quelques mois après sa bataille judiciaire contre Apple, Epic Games avait récemment rendez-vous au tribunal pour y affronter Google. Le GAFAM était accusé d'exercer un monopole illégal sur le marché des applications, et le jury a entièrement donné raison à Epic Games. Trois ans après le dépôt de la première plainte, Epic Games a donc obtenu gain de cause. L'éditeur de Fortnite reprochait à Google de verrouiller le marché, et la cour a estimé que c'était réellement le cas : Google a été reconnu coupable d'exercer un monopole, d'agir de manière anticoncurrentielle, d'avoir porté préjudice à Epic Games et d'avoir signé des accords indûs pour s'assurer que les développeurs ne contournent pas le Play Store.

Victoire sur Google ! Après 4 semaines de témoignages détaillés devant le tribunal, le jury californien s'est prononcé contre le monopole de Google Play sur tous les points. Les travaux de la Cour sur les recours débuteront en janvier. Merci pour le soutien et la foi de tous ! Fortnite libre !

Plusieurs centaines de millions de dollars ont été dépensés par Google pour son Project Hug, qui visait à contrer Epic Games qui avait sorti Fortnite en dehors du Play Store. Le géant s'est défendu de ces accusation en disant que les marchés alternatifs étaient autorisés, ce qui n'a pas suffit à convaincre le tribunal. La firme fera évidemment appel de la décision. Comme le rapporte Gamekult, Google estime qu'il ne peut pas y avoir de monopole, puisqu'il fait face à Apple sur le même marché. Pour Epic, Google a étouffé la concurrence, se permettant ensuite de prélever 30% de commission sur chaque vente en profitant de son côté incontournable.

Le verdict d'aujourd'hui est une victoire pour tous les développeurs d'applications et les consommateurs du monde entier. Il prouve que les pratiques de Google en matière de boutique d'applications sont illégales et qu'elles abusent de leur monopole pour soutirer des frais exorbitants, étouffer la concurrence et réduire l'innovation. Au cours du procès, nous avons eu la preuve que Google était prêt à débourser des milliards de dollars pour étouffer les boutiques d'applications alternatives en payant les développeurs pour qu'ils abandonnent leurs propres efforts en matière de boutiques ainsi que leurs plans de distribution directe, et en proposant des accords très lucratifs avec les fabricants d'appareils en échange de l'exclusion des boutiques d'applications concurrentes, indique le site officiel d'Epic Games.

Reste donc à attendre l'appel, et à voir quels changements la justice impose à Google pour régulariser sa situation. Il faudra aussi convaincres les utilisateurs du bien-fondés des marchés alternatifs, qui obligent à installer plusieurs applications et à créer de nombreux comptes.

En bref dans l'actualité business de la semaine

• Netflix a annoncé avoir plus de 90 jeux actuellement en développement.
• Hasbro va supprimer 1 100 supplémentaires dans les prochains mois, et ces licenciements devraient concerner Wizards of the Coasts. Les personnes ayant validé le projet Baldur's Gate III seraient concernées.
• Les Game Awards 2023, c'est 118 millions de livestreams selon Geoff Keighley, en augmentation de 15 % par rapport à l'an dernier.
• Des pirates informatiques ont attaqué Insomniac Games. Ils disposeraient de contenus liés à Wolverine, mais on parle également d'un potentiel Spider-Man 3 et d'un jeu dédié au Spiderverse. Ils promettent de tout dévoiler leurs demandes ne sont pas satisfaites.
• 4 jours après son lancement, The Day Before a été retiré de la vente. Les joueurs seront remboursés et le studio a annoncé sa fermeture puis changé son nom en Eight Points (son ancien nom) sur les plateformes.
• Sur X, le PDG de Larian (Baldur's Gate 3) Sven Vincke, a publié le discours qu'il comptait faire aux Game Awards avant d'être interrompu.
• Durant la 48e semaine de l'année, c'est Super Mario Bros. Wonder qui s'est imposé au classement des ventes en valeur et en physique du SELL. Il devance EA Sports FC 24, Mario Kart 8 Deluxe, Call of Duty : Modern Warfare 3 et Marvel's Spider-Man 2.