Embracer fait le point, mais la menace plane toujours

Pendant plusieurs années, Embracer Group est apparu comme l'ogre occidental du jeu vidéo. Les rachats se sont multipliés, au point qu'il n'était pas toujours évident de s'y retrouver. Cependant, le groupe a commencé à annoncer des départs après avoir évoquer un accord qui devait lui permettre de se développer encore plus. On a rapidement appris qu'en réalité, cet accord était tombé à l'eau, et qu'il avait créé un énorme trou dans la coque. Initialement, Embracer devait signer un accord à deux milliards de dollars avec Savvy Gaming Group, société holding directement liée au fonds d'investissement public saoudien qui détient et a fusionné l'ESL et FACEIT, mais également Scopely.

Durant l'été, Embracer s'est séparé de 5% de sa masse salariale, et autant dire que si le pourcentage semble faible, ça concerne beaucoup de monde. On parle ainsi de plus de 900 licenciements en trois mois, dont plus de 510 développeurs. Les chiffres nous viennent directement de Lars Wingerfors, qui s'est exprimé à l'occasion de la publication des résultats financiers :

Avant d’entrer dans les détails commerciaux de notre deuxième trimestre, je souhaite commencer cette conférence en remerciant personnellement les 900 personnes qui ont quitté Embracer au cours du deuxième trimestre. Comme vous l’entendrez aujourd’hui, nous sommes déterminés à transformer Embracer en une entreprise plus stable et plus forte. Cela dit, cela me fait mal de vous voir quitter le groupe, et nous avons fait et faisons tout ce que nous pouvons pour préserver les emplois sans changer ce que nous devons réaliser.

A l'heure où sont écrites ces lignes, plus de 15 jeux ont tout bonnement été annulés, et le plan de restructuration devrait se poursuivre jusqu'à fin mars et la fin de l'année fiscale avec, dans son sillage, feu-Volition (Saints Row). Autrement dit, de nombreux studios et salariés attendent de savoir s'ils vont être touchés dans les semaines et mois à venir. On pense notamment à Starbreeze (édité par Plaion, propriété d'Embracer), sauvé in extremis d'une fermeture totale, puisque les résultats de PayDay 3 sont un peu en-dessous des attentes.

Mac Walters, vétéran de la franchise Mass Effect, présente son nouveau studio

Après plus de 19 ans de service chez BioWare, Mac Walters avait annoncé son départ en début d'année. Après avoir participé à l'écriture de Jade Empire puis dirigé celle de Mass Effect 2 et 3, il avait occupé le poste de directeur créatif sur Mass Effect Andromeda, puis posé les base d'un nouvel univers qui est devenu le malheureux Anthem. L'échec du jeu ne lui avait pas coupé les jambes, puisqu'il avait rempilé en dirigeant le projet de remasterisation de la trilogie Mass Effect, à l'occasion duquel nous avions pu discuter avec lui. Avant de partir, il était directeur de production sur Dragon Age : Dreadwolf, dont la sortie serait prévue quelque part en 2024 si l'on en croit les récentes rumeurs.

Salut le monde ! Nous créons des histoires incroyables et pleine de sens qui, selon nous, sont mieux racontées et vécues à travers le jeu. Nous créons des mondes que nous rêvons de découvrir. Nous sommes des Worlds Untold.

Quoi qu'il en soit, ce dernier avait décidé de prendre la tangente, et s'était fait discret depuis. Le voilà de retour, sous la houlette de NetEase. Le groupe chinois vient en effet d'annoncer la création d'un nouveau studio dénommé Worlds Untold, à la tête duquel on retrouve ce même Mac Walters. Officiellement basé dans les environs Vancouver, le nouveau studio mise toutefois grandement sur le télétravail avec tout un tas de vétérans de l'industrie dont Ramil Sunga (BioWare) ou encore Sotaro Tojima (Metal Gear Solid, Halo), et dispose actuellement de nombreux postes à pourvoir. Le studio a beau être en pleine construction, on sait qu'il est déjà au travail sur une nouvelle licence AAA, dont l'histoire se déroulera dans un futur proche avec de l'exploration et des mystères à percer, tiens donc.

• Mass Effect Legendary Edition : Ambitions, améliorations, version Switch, BioWare nous répond

Digital Bros. (Ghostrunner) et Humble Games (A Hat in Time) licencient à leur tour

Les mauvaises nouvelles arrivant rarement seules, d'autres licenciements ont été récemment annoncés. On ne connaît pas le nombre exact, mais plusieurs personnes ont été remerciée chez Humble Games, qui a notamment édité A Hat in Time, Slay the Spire, Unpacking, ou encore Signalis . Des départs qui étonnent, puisque l'entreprise annonçait récemment vouloir accélérer son développement en achetant des studios pour devenir un éditeur first-party. En septembre, Humble déclarait en effet vouloir investir dans des produits ayant un potentiel de franchise, Wizard of Legend en tête.

Hier fut une journée difficile pour Humble Games et nous pouvons confirmer que nous avons dû dire adieu à d'estimés collègues. Comme de nombreuses autres entreprises cette année, les tendances nous obligent à nous restructurer pour garantir notre succès sur le long terme. Nous voulons souligner que toutes les personnes touchées sont aussi dévouées que talentueuses, et qu'elles ont eu un énorme impact chez nous. Nous continuerons d'honorer nos relations avec nos incroyables partenaires indépendants pour diffuser leurs expériences autour du monde dans les années à venir, indique le studio dans un communiqué transmis à Game Developer (ex-Gamasutra)

Pour le moment cependant, aucun rachat n'a été annoncé, et on ne sait pas si les licenciements annoncent ou non la fin des ambitions à court terme. En attendant, l'activité d'édition se poursuit, avec notamment On Your Trail, un jeu d'enquête présenté lors de l'Indie World diffusé par Nintendo le mercredi 15 novembre. Du côté de Digital Bros (505 Games), on a annoncé le départ de 130 personnes sur 442, pour la société italienne, les joueurs sont devenus plus sélectifs et il faut réorienter la stratégie vers des licences déjà installées qui permettront de financer un nombre réduit de grosses productions inédites.

Digital Bros a dû adapter sa stratégie à ce nouveau scénario concurrentiel en pleine évolution et concentrera ses efforts sur la sortie de suites et de nouvelles versions de jeux déjà établis et couronnés de succès, avec un nombre limité de nouvelles productions à plus gros budget. Afin de donner la priorité aux titres à succès de grande qualité et de longue date, Digital Bros a reconsidéré le nombre de projets en cours de développement et, à ce titre, révisera la structure de l'organisation en conséquence pour s'aligner sur l'évolution de l'environnement concurrentiel à moyen et long terme afin de garantir une efficacité opérationnelle maximale.

Le groupe détient actuellement sept studios, dont Kunos, Supernova, Infinity Plus ou encore Nesting. Il a dans ses cartons plusieurs titres parmi lesquels Assetto Corsa 2, Bloodstained 2 et le très attendu Control 2, signé avec Remedy.

En bref dans l'actualité business de la semaine

• SEGA se dit flaté d'être courtisé par différents groupes, mais réaffirme son indépendance et précise que la tendance est plutôt au renforcement avec en exemple la récente acquisition de Rovio (Angry Birds).
• Amazon Luna, service de jeu en streaming ayant survécu à Stadia et concurrent de GeForce Now, est désormais disponible en France, en Italie et en Espagne. Il avait été lancé le 1er mars 2022 aux Etats-Unis, et le 22 mars derniers au Canada, au Royaume-Uni et en Allemagne.
• Plus de 8 ans après la sortie initiale de The Witcher 3 : Wild Hunt, CD Projekt a annoncé que le support officiel des mods, permettant notamment de créer ou modifier des quêtes, serait disponible gratuitement en 2024.
• Le 14 novembre, Amazon Games (New World), a annoncé la suppression d'environ 180 postes, liés à la chaîne Twitch Crown ou département Game Growth. Le but est de resserrer les investissements autour de Prime Gaming.
• Super Mario Bros. Wonder est repassé devant Marvel's Spider-Man 2 au classement des ventes physiques en valeur du SELL. Ils devancent EA Sports FC 24 qui occupe les trois places suivantes avec les versions PS5, PS4 et Nintendo Switch.