Cela fait plus de 21 ans que Super Mario Sunshine a brisé la grisaille automnale avec les plages paradisiaques de l’île Delfino. Mais à l’image de la pollution qui recouvre les murs de l’archipel, cet épisode sorti sur GameCube fait office de tache d’huile dans la liste des Mario 3D sortis sur consoles. À tort ou à raison ? Nous revenons aujourd’hui sur les vacances mouvementées d’un plombier moustachu… qui a pris l’eau.
Sommaire
- Trop attendu après la révolution Super Mario 64
- Trop audacieux pour les fans de plateforme pure
- Plus d’approximations dans les détails, moins marquant au final
- Un choix frustrant de game design
Trop attendu après la révolution Super Mario 64
Dans les jeux à retenir de la Nintendo 64, mais aussi de toute l’histoire du jeu vidéo, il y a bien évidemment Super Mario 64. Chef-d’œuvre incontesté du platformer 3D, il a été le premier à recevoir la note maximale chez Edge, en plus de dégoter le titre honorifique de “jeu de l’année” auprès de nombreux magazines de l’époque. Disponible au lancement de la fameuse console et capable à lui seul de prouver la puissance de la machine ainsi que l'ingéniosité de son étrange manette, le titre imaginé par Shigeru Miyamoto a laissé une trace indélébile chez celles et ceux l’ayant découvert en 1997 (dans nos contrées). Bien sûr, il n’était pas le premier jeu du genre en 3D, puisque des softs comme Jumping Flash! et Floating Runner existaient déjà sur PlayStation. Cependant, c’est lui qui a dicté les nouvelles règles de la 3D avec tout ce que cela signifie en matière de game design et de level design pour un platformer. Ce que les joueurs de l’époque ont retenu, c’est principalement l’incroyable sentiment de liberté qui émanait du titre.
La Nintendo 64 devient rapidement La console des platformers 3D. Même si Crash Bandicoot et Spyro le Dragon ont su faire les beaux jours de la 32 bits de Sony, ludiquement, ils faisaient difficilement le poids face aux Banjo-Kazooie, Donkey Kong 64 et autres Conker’s Bad Fur Day du hardware concurrent. Il n’empêche que durant la courte vie de la N64, le géant japonais n’a sorti aucun autre épisode d’un Mario en 3D. Malgré l’annonce du développement d’une suite utilisant le 64DD, un périphérique qui ne rencontrera pas le succès escompté, aucun nouveau Mario 3D ne débarque à la fin des années 1990. Alors que les fans bouillonnent d’impatience, la firme de Kyoto présente à l’occasion de son Space World 2000 la Game Boy Advance mais aussi la GameCube. La démo de ce que l’on appelle aujourd’hui “Mario 128” s’affiche à l’écran : on y voit 128 petits Mario courir partout dans la joie et la bonne humeur. Cette démo technique bluffe tout le monde, mais n’aura finalement rien à voir avec le “vrai” nouveau Mario intitulé Super Mario Sunshine, présenté pour la première fois au Space World 2001.
Trop audacieux pour les fans de plateforme pure
Dès sa première présentation, Super Mario Sunshine divise les fans du plombier moustachu. Alors que la démo de Mario 128 laissait imaginer une grosse claque technique, Sunshine n’arrive pas à atteindre les attentes – démesurées – des passionnés. L’univers du jeu semble également moins fantaisiste, avec une direction artistique très éloignée de celle de l’épisode 64 bits. En outre, l’abondance de PNJ tranche avec ce que nous avions l’habitude de voir dans un Mario, tandis que le J.E.T., le nouvel accessoire du héros, ne convainc pas les masses. Mais Nintendo l’assure, c’est avec la manette entre les mains que le soft révèle sa puissance.
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Quand le titre sort en 2002, les joueurs s’aperçoivent que ce volet ne se contente pas d’être un simple jeu de plateformes, ce qui est étrangement perçu comme un défaut pour un jeu estampillé Mario. Avec une place plus importante pour l’histoire et surtout des améliorations de gameplay à débloquer, Sunshine surprend. Sa singularité est pointée du doigt, les risques pris pour s'affranchir des canons de la licence sont, parfois, dénoncés. Ceci étant dit, la presse a globalement adoré ce volet GameCube puisqu’elle lui a permis d’atteindre un 92/100 sur Metacritic. Seulement voilà, cela reste moins que Super Mario 64 (94 MC) et Super Mario Galaxy (97 MC). Oui, nous sommes bien en train de dire qu’un 92/100 est vu comme un score trop bas pour un Mario !
Plus d’approximations dans les détails, moins marquant au final
Par rapport à ses concurrents, Nintendo a toujours fait du gameplay sa spécialité. Alors que la firme de Kyoto était parvenue à réinventer Mario lors du passage de la 2D à la 3D avec l’épisode 64 bits, on ne peut pas dire que Sunshine ait redéfini quoi que ce soit. Il souffre même de soucis dont nous n’étions pas habitués avec le groupe japonais, tels que des problèmes de caméra, une maniabilité loin d’être parfaite avec Yoshi, ou encore divers bugs plus ou moins gênants. Les principaux défauts de Super Mario Sunshine reposent surtout sur deux points jugés majeurs : la difficulté et les collectibles.
Cet épisode est en effet le plus compliqué à terminer de toute la franchise, la faute à des soleils particulièrement délicats à récupérer (bien plus que les étoiles de Mario 64, à titre de comparaison). Ensuite, l’intégration de pièces bleues à collectionner est considérée même par les fans comme une façon peu inventive de prolonger artificiellement la durée de vie du soft. Enfin, l’aspect musical de Super Mario Sunshine se révèle décevant à cause de ses thèmes trop uniformes, même si le thème principal est mémorable. Ce sont pour ces raisons que Super Mario Sunshine est souvent considéré comme le moins bon des Mario en 3D.
Un choix frustrant de game design
Certes, Super Mario Sunshine mise un petit peu plus sur l’aventure plutôt que sur la plateforme pure. Mais là où il déçoit forcément, c’est justement sur son aspect platformer. À plusieurs moments durant l'aventure, Antimario confisque le J.E.T. au plombier, le privant ainsi de tous les mouvements les plus sympathiques du jeu. Et sans son accessoire fétiche, Mario est tout simplement moins agréable à diriger. C’est alors la frustration qui gagne rapidement un joueur lassé de devoir avancer dans des niveaux qui ne semblent pas faits pour être parcourus de cette manière, sans les fonctions du J.E.T.
Bien qu’il soit sûrement le moins apprécié des Mario en 3D, Super Mario Sunshine reste un très bon jeu qui a eu le mérite de tenter de dynamiter les bases encore fraîches des platformers 3D. Quand bien même cela aurait heurté quelques fans. Notre Mario écolo reste un plaisir à prendre en main et nous ne pouvons que vous conseiller de lui (re)donner sa chance si vous en avez l’occasion, d’autant plus qu’il est disponible sur Switch.