Produire toujours plus d'énergie est un défi colossal pour l'Homme, et cette alliance entre l'Europe et le Japon nous offre une avancée technologique qui pourrait tout changer.
Un réacteur bien particulier
Le réacteur expérimental à fusion nucléaire JT-60SA, situé à Naka, au Japon, est est un réacteur tokamak à fusion à confinement magnétique. Sa construction a commencé en janvier 2013, mais elle n'a pas débuté à partir de rien. Elle a été basée sur le réacteur JT-60, son prédécesseur. Cette machine a été mise en service en 1985 et, pendant plus de trois décennies, a réalisé des avancées significatives dans le domaine de l'énergie de fusion. L'assemblage du JT-60SA a été terminé au début de 2020. L'objectif des scientifiques impliqués dans sa mise au point était de commencer les tests de plasma dès que possible.
Il est important de noter que l'Europe et le Japon coopèrent étroitement dans la configuration et l'exploitation du réacteur JT-60SA. C'est un projet conjoint qui, jusqu'à présent, respecte le calendrier prévu.
Le premier réacteur à plasma est là ?
Au cours des derniers mois, le réacteur expérimental JT-60SA a fait plusieurs avancées majeures. La plus récente et probablement la plus importante a eu lieu au début du mois d'août dernier. Les ingénieurs travaillant sur cette machine ont réussi à refroidir avec succès le moteur magnétique du réacteur, une tâche difficile du fait des températures extrêmement basses requises pour que les aimants et le solénoïde central des réacteurs à fusion atteignent la supraconductivité.
L'étape suivante, tout aussi importante, nécessitait le démarrage du réacteur pour effectuer le premier test plasma. Ce test crucial a été réalisé avec succès par les ingénieurs du réacteur. Au cours des prochaines semaines, ils continueront d'étudier les résultats obtenus et effectueront d'autres tests.
L'objectif est de démontrer que les aimants supraconducteurs, responsables du confinement du plasma à très haute température, se comportent de manière stable lorsqu'ils sont alimentés par un courant très élevé. Pendant cette phase, les chercheurs effectueront également d'autres contrôles fondamentaux, comme la surveillance de la forme du plasma et l'analyse des impuretés qui s'accumulent dans le cœur du réacteur.
Lorsqu'il sera pleinement opérationnel, le JT-60SA sera capable de soutenir un plasma de noyaux de deutérium pendant une période de 100 secondes, ce qui lui permettra théoriquement de minimiser les pertes d'énergie dans le cœur du réacteur et de contribuer à la stabilisation du plasma.
Enfin, les phases finales d'expérimentation du JT-60SA visent à trouver les paramètres de fonctionnement optimaux du comportement du plasma en temps réel, et gérer le transport des impuretés. L'objectif est aussi de préparer et d'atténuer les risques éventuels. Si tout se passe comme prévu, les essais à faible et à haute puissance commenceront respectivement en 2028 et en 2032. Le JT-60SA jouera un rôle inestimable dans l'accomplissement de ces objectifs.