Insomniac Games, les maîtres du divertissement tout public

Avant de rentrer dans le vif du sujet, il faut d’abord se rendre compte que le studio Insomniac Games a été fondé il y a près de trente ans. Pendant quasiment trois décennies, le studio de Burbank, en Californie, s’est constitué une solide expérience dans le milieu du jeu vidéo et est parvenu à toucher un large public à travers ses productions. Néanmoins, ce qui prédomine, c’est avant tout les univers originaux et colorés : Spyro, Ratchet & Clank, Sunset Overdrive, Marvel’s Spider-Man. À y regarder de plus près, on remarque assez facilement qu’un pattern revient d’un titre à l’autre, à savoir cet aspect de pur divertissement concentré dans des expériences vidéoludiques ramassées. Quasiment à chaque fois, Insomniac Games fait le pari d’une aventure courte, qui se vit pleinement et se conclut juste avant que la lassitude ne pointe le bout de son nez.

La force du studio, dans ses jeunes années, c’était de forger des souvenirs en misant sur cet amusement qui ne flanche jamais ou alors que très rarement et, surtout, d’imposer un rythme de parution soutenu qui nous permettait de découvrir, quasiment chaque année, un nouveau titre. Par exemple, Spyro The Dragon, Spyro 2 : Ripto’s Rage! (Gateway to Glimmer, dans nos contrées) et Spyro : Year of the Dragon sont sortis entre 1998 et 2000 ! Au-delà des qualités vidéoludiques, le divertissement passe également par les castings de personnages de chaque titre et des mises en scène auxquelles ils participent, faisant ainsi ressortir ces caractères archétypaux que l’on retrouve chez les personnages de certains longs-métrages. Parfois attachants, parfois drôles, parfois agaçants voire même pathétiques et détestables, chacun contribue à un univers à nul autre pareil que l’on prend plaisir à découvrir.

Même en son temps, le déceptif Fuse recelait d’intéressantes qualités qui révélaient leur plein potentiel dans la mesure où l’on s’y investissait à plusieurs. Comme on le signalait dans notre test lors de sa sortie, Fuse s’avérait finalement amusant entre amis, grâce à son gameplay fluide pour l'époque. Entre les jeux d’action-aventure et les titres orientés d’action et tir à la troisième personne, le coeur d’Insomniac Games balance mais, à chaque fois, les équipes de développement, orfèvres de la technique, ouvrent les portes à un défouloir de très belle facture. À l’image de Sunset Overdrive, l’exemple le plus typique de cette espèce de ticket de parcs d’attractions que le studio nous offre à chaque sortie.

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La ludothèque des créateurs de Ratchet & Clank est un véritable rollercoaster

Comme tout bon élève, Insomniac Games a eu envie, à un moment donné, de se rebeller, de se mettre dans la peau du sale gosse et d’afficher une esthétique un peu plus décalée et moins propre sur elle. Certes, cette espèce de sensation d’être propulsé au beau milieu d’un parc d’attractions regorgeant d’activités avec la possibilité, d'un côté, de passer d’un univers à l’autre - ou plutôt d’une planète extravagante à l’autre, dans le cas de la licence Ratchet & Clank, dont Rift Apart en représente la quintessence - et, à l'opposé, d’y créer un feu d’artifice d’action et des déflagrations d’effets visuels était déjà grisante, mais Insomniac Games a voulu l’emmener vers d’autres sommets à l’aide de Sunset Overdrive. Avant d’être sous pavillon japonais, le studio californien est allé vérifier si l’herbe était bel et bien plus verte chez Microsoft, comme semble l’indiquer le logo vert de Xbox.

Dans l’ambiance, c’est très clairement le titre de la ludothèque d’Insomniac Games qui ressemble le plus à un parc d'attractions. Sous couvert d’une apocalypse zombie provoquée par une boisson énergétique, le titre nous fait évoluer dans un monde ouvert - l’une des premières incursions du studio dans ce domaine - et nous propose de rosser de l’infecté (ou plutôt, de l’overdosé) à l'aide d'un arsenal totalement loufoque et d'une palette de déplacements acrobatiques où l’on utilise tout un tas d’objets (tyroliennes, câbles, barrières) et où l’on glisse et rebondit sur de multiples surfaces. Bref, c’est tout un monde et un champ des possibles qui s'ouvrent à nous pour combattre une menace de la manière la plus fun et la plus divertissante qui soit.

À cette époque et sans le savoir, Insomniac Games pose déjà les bases de sa franchise Marvel’s Spider-Man qui fera de cette même agilité le cœur de son expérience. En l’appliquant au tisseur, cette formule est parvenu à faire des ravages - le premier volet s’est allégrement vendu à plus de deux dizaines de millions d’exemplaires -, tandis que le spin-off Miles Morales n’a fait que confirmer l’évidence : Insomniac Games a, à la fois, saisi l’essence d’un jeu de super-héros et s’est appliqué à la retranscrire de manière optimale et divertissante. Fort d’une licence qui affiche des scores de ventes insolents, Insomniac a célébré le lancement de la suite, Marvel’s Spider-Man 2, avec un joli record et l’énième confirmation qu’un jeu court peut-être une récréation extrêmement jouissive.

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Une formule exemplaire et une justesse technique qui font de Marvel’s Spider-Man 2 l’attraction phare de la PS5

On l’évoquait hier, Marvel’s Spider-Man 2 a réalisé un départ tonitruant, prouvant au passage que Sony a eu le nez creux au moment de signer un immense chèque pour l’inclure dans sa grande famille des PlayStation Studios. En l’espace d’un jour, la nouvelle création du studio a engrangé la moitié des ventes que God of War : Ragnarök avait réalisé en l’espace d’une semaine. Du coup, même Kratos tremble devant ce rollercoaster super-héroïque ! Tout cela pour dire que Marvel’s Spider-Man 2 transforme l’essai en décuplant les sensations grisantes du volet inaugural, en rendant encore plus jubilatoires les cabrioles et les déplacements aériens des deux Spidey, en peaufinant un système de combat frénétique tout en souplesse pour le rendre davantage exaltant et en jouant sur un savant mélange entre agilité et puissance.

Ici, la ville entière de New-York devient un immense terrain de jeu qui nous procure des sensations fortes, autant par les balancements de l’homme-araignée que par la fluidité des affrontements. Mais ce n’est pas tout ! Si l’on traverse les avenues de la Grosse Pomme a une vitesse hallucinante, c’est aussi pour mieux se rendre d’une activité à l’autre, un peu comme on le ferait dans le royaume de la mascotte de Disney ou dans le fief du gaulois blondinet et moustachu de Goscinny et Uderzo. Le monde ouvert de Marvel’s Spider-Man 2 peut renvoyer une impression de remplissage lorsque l’on s’écarte de la trame principale, il n’en demeure pas moins qu’on y retrouve pas mal d’activités annexes. En fait, comme dans un parc, il y en a pour tous les goûts : on s’arrête pour prendre des clichés, que ce soit dans le cadre d’une mission ou pour le simple plaisir de bidouiller le mode Photo dont on dispose, on complète les défis lancés par Mysterio (ou Screwball, dans le premier volet), on réalise une flopée de minis-jeux pour rendre le périple de Peter et Miles plus ludique et l’on participe à une multitude de tâches secondaires qui nous permettent de respirer entre deux objectifs haletants.

Dans la lignée d'un blockbuster, c’est les montagnes russes et, effectivement, Marvel’s Spider-Man 2 nous les fait vivre tout du long. Au propre comme au figuré, d’ailleurs. À bien des égards, le nouveau volet d’Insomniac Games est comme une gigantesque fête dont on ressort avec la tête pleine de souvenirs, le cœur tout chamboulé et les cheveux ébouriffés. Dire d’un titre qu’il est un divertissement dans sa forme la plus pure n’est pas péjoratif, bien au contraire. Dans le cadre de cette suite, le qualificatif lui sied même à merveille tant il accumule tous les codes dans un écrin ramassé. Le plus corsé maintenant, pour Insomniac Games, va être de repousser les limites de ce divertissement pour le rendre encore plus marquant. Ça tombe bien, le studio californien a de la ressource ainsi que de la suite dans les idées !

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Insomniac Games entame l’âge adulte et fait route vers l'excellence : le studio est de taille pour un grand 8

Toutefois, malgré une multitude d’expériences efficaces et de francs succès critiques et commerciaux, Insomniac Games cherche encore à se transcender. Il y a généralement peu d’énormes reproches à adresser aux récentes productions du studio, mais il faut reconnaître que celui-ci se heurte souvent à un plafond de verre, celui-là même qui l’empêche de s’installer dans les plus hautes sphères. Oui, il y a des moments poignants, une écriture qui sait parfois viser juste mais l’on attend toujours une (ou plusieurs, même) séquence viscérale qui nous prendra, justement, aux tripes. Les prochaines années ne seraient-elles pas salvatrices pour Insomniac Games, compte tenu des projets qu’ils envisagent ? Pour un spin-off de Venom, cela reste à préciser. Un projet secret, alors ? Pareil, on ne sait pas encore avec certitude ce que le studio nous réserve, mais l’on pourra déjà compter sur Marvel’s Wolverine.

En s’intéressant au personnage de James Howlett, plus connu sous le nom de Logan, Insomniac Games va certes poursuivre son travail sur les super-héros, tout en nous prouvant sa maîtrise du sujet, mais pourrait toucher du doigt le côté très sombre, très adulte qui lui ferait passer un cap. Il est vrai qu’un scénario de ce type contribue de manière significative à la tonalité d’une aventure, mais cela ne représente absolument pas une garantie et il faut que l’écriture suive derrière en s’appuyant sur des thématiques morales, des questionnements profondément humains, des situations chargées en émotion, le tout en évitant l’écueil de singer telle ou telle scène déjà vécue.

L’exercice n’est pas une mince affaire, mais Insomniac Games a clairement les qualités pour nous offrir cela. Leur maestria technique n’est plus à prouver, il s’agit maintenant de nous surprendre, à la fois là où on ne les attend pas et, surtout, là où on aimerait qu’ils progressent. En quelque sorte, Insomniac Games est l’image de l’élève studieux auquel on ne peut pas vraiment adresser de reproches, si ce n’est qu’on rêve de le voir briser sa coquille et montrer qu’il peut être autant original qu’appliqué lorsqu’il s’attèle à un sujet. Pour le moment, Insomniac Games n’a livré que deux véritables jeux sur PS5 : l’évolution et la progression du studio ne font que commencer !

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