Un futur à la Netflix pour Ubisoft ? C'est dans le cadre de son accord signé il y a peu avec Microsoft qu'Yves Guillemot, patron d'Ubisoft, se montre enthousiaste quant à l'avenir du cloud gaming.
Microsoft multiplie les partenariats
Après presque deux ans de tractations, Microsoft semble avoir réussi son pari : celui d’acquérir Activision-Blizzard King pour la somme de 68,7 milliards de dollars. Un rachat officiellement lancé en janvier 2022 qui ne fût pas un chemin de croix. La firme de Redmond a dû convaincre de nombreuses instances régulatrices dans le monde, chargées de faire respecter le droit à la concurrence. Certaines, et notamment la CMA de Grande-Bretagne, ont mis leur veto. C’est notamment sur le domaine du cloud, un ensemble de serveurs regroupant logiciels et infrastructures auquel on peut accéder par Internet, que l’initiative de Microsoft interroge.
Pour montrer patte blanche, Microsoft signe de nombreux partenariats. Il y a par exemple celui avec Nintendo : en cas de rachat, Microsoft s’engage à développer pendant 10 ans la saga sur les consoles de Big N. Toujours côté cloud, Microsoft promet aussi d’y déployer ses jeux via des partenariats signés avec Nware ou encore Nvidia. Enfin, toujours dans cette volonté de montrer qu’il partage ses parts du gâteau, le géant de Californie a signé en août dernier avec Ubisoft sur le cloud gaming un nouveau deal.
Pour Ubisoft, un départ diesel attend le cloud gaming
En cas de validation de l’accord par la CMA, c’est l’entreprise française qui aura les droits des jeux Activision Blizzard King via le cloud gaming. En d’autres termes, Microsoft n’aurait pas alors l’exclusivité de la distribution des jeux ABK en cloud gaming en dehors du territoire de l’Espace Économique Européen (défini par l’accord entre les deux partis). Une décision dont il est difficile aujourd’hui de connaître son importance : le cloud gaming (ou jeu en streaming) est loin de s’être imposé. On en veut pour exemple la chute de Stadia, service de jeux en streaming de Google fermé au bout de quelques années. Pourtant, Yves Guillemot est optimiste. Dans une interview accordée au Financial Times, le patron d’Ubisoft déclare :
Lorsque Netflix a annoncé son intention de se lancer dans le streaming, ses actions ont beaucoup baissé et elle a été largement critiquée. Aujourd'hui, nous voyons ce qu’elle est devenue. Il en ira de même pour les jeux vidéo, mais cela prendra du temps. Mais quand ils décolleront, ce sera très rapide.
Un départ diesel qui frapperait également le domaine du jeu vidéo selon lui. Si le montant de l’acquisition reste secret, le pari lancé par Ubisoft est simple : s’attendre à l’émergence du cloud gaming tout en profitant, pendant les 15 ans de l’accord signé avec Microsoft, de la notoriété des jeux Activision-Blizzard-King (Call of Duty, Diablo, Warcraft, Diablo…). Encore faut-il que la CMA, après sa première approbation il y a peu, donne le feu vert complet à Microsoft pour son acquisition. Sa décision est attendue le 18 octobre prochain.