Rien qu’en regardant la trilogie Equalizer, on sait pertinemment qu’il ne vaut mieux pas chercher des noises à Denzel Washington. Sans forcément le confronter directement, celui-ci peut très vite nous tomber sur le dos si l’on dit ou fait quelque chose qui le dérange. Lors du tournage du film USS Alabama, c’est ni plus ni moins que Quentin Tarantino (Pulp Fiction, Kill Bill) qui l’a appris à ses dépens. Washington n’appréciait vraiment pas sa manière d’écrire, et il lui a fait savoir !
Denzel Washington, un acteur des plus impliqués qui n’a pas peur de s’engager !
On l’a évoqué précédemment : ni Denzel Washington lui-même, ni personne (hormis Ruth Green) n’auraient pu croire que le natif de Mount Vernon allait devenir l’un des acteurs les plus importants de sa génération. S’il débute vers la fin des années 1970, ce sont les années 1990 qui vont lui offrir ses premiers rôles les plus emblématiques et marquants. Repérés grâce à ses prestations dans le téléfilm Wilma (1977), les longs-métrages Cry Freedom (1987), Glory (1989), et surtout la série St.Elsewhere où il campe le rôle du docteur Philip Chandler pendant l'entièreté des six saisons, de 1982 à 1988, sa carrière prend un tournant majeur avec, coup sur coup, Malcolm X, L’Affaire Pélican et Philadelphia.
Au-delà d’avoir des aptitudes innées en tant qu’acteur, Denzel Washington est aussi un homme qui s’implique grandement dans ses rôles, notamment pour les préparer au mieux : il lira plusieurs fois le Coran et arrêtera de consommer du porc pour Malcolm X, intégrera le Washington Post pendant sept mois pour vivre le quotidien d’un journaliste pour L’Affaire Pélican, suivra un entraînement militaire intensif pendant presqu’un an pour À l’épreuve du feu, et s’entraînera au basketball chaque jour (allant jusqu’à rivaliser avec un joueur pro, Ray Allen) pour He Got Game. Bref, Denzel Washington est un acteur qui s’engage… et qui est engagé envers la communauté afro-américaine. On le voit avec sa prestation dans Cry Freedom, Glory, Malcolm X et Hurricane Carter, même s’il a fini par refuser de prêter ses traits à Martin Luther King afin de ne pas s’enfermer dans ce type de rôle.
Denzel Washington n’appréciait pas l’écriture de Tarantino, et ça lui a valu une sacrée soufflante
Tout cela pour dire que Denzel Washington est profondément engagé envers la communauté afro-américaine et qu’il démarre parfois au quart de tour lorsqu’il entend ou lit certaines choses, et ça a bien failli faire de sacrées étincelles sur le plateau du tournage du film USS Alabama, chapeauté par le réalisateur Tony Scott. Quand bien même le scénario principal porte le nom de Michael Schiffer, l’industrie faisait souvent appel à d’autres auteurs non-crédités pour étoffer le script. Alors en pleine gloire pour son film Pulp Fiction et reconnu pour son travail sur Reservoir Dogs, Quentin Tarantino est appelé en renfort. Sauf que celui-ci est plutôt « réputé » pour son style offensant envers la culture noire et afro-américaine, n’ayant pas peur de glisser ça et là dans le script le « n-word ». Au bout du compte, ces changements parviennent jusqu’aux oreilles de Denzel Washington qui fulmine.
Un beau jour, Quentin Tarantino fait un détour par le plateau de tournage d’USS Alabama et est subitement interpellé, au loin, par quelqu’un qui l’interpelle d’un « Eh toi, viens ici deux secondes ». Sans s’être rencontrés au préalable, un vif échange se met en place entre Washington et Tarantino, même si ce dernier essaie de calmer le jeu et d’orienter la discussion plus loin, à l’abri des regards. Malheureusement, Tarantino se fait gentiment rembarrer et Washington lui explique qu’ils auront cette discussion « ici et devant tout le monde », et non ailleurs. Bref, la soufflante dure facilement cinq minutes devant les yeux ébahis de tous les membres de l’équipe. Malgré cette altercation, Washington et Tarantino ont enterré la hache de guerre et oublié cette histoire, à tel point que la fille de Denzel Washington a même eu le droit à une apparition furtive dans Django Unchained où elle incarne un rôle secondaire et minime. Tout est bien qui finit bien !