Le classement ci-dessous s’est basé tous les arcs narratifs du début de One Piece jusqu’à celui d’Arlong Park (inclus). Si l’on aurait aimé parler des événements de Loguetown, les acteurs actuellement castés pour la série ne nous permettent pas de croire à l’adaptation de cet arc.

Le discours de Gol D. Roger et l'appel de l'aventure

Dès les premières secondes du visionnage, certains ne vont pas pouvoir s’empêcher de formuler une critique, de verbaliser leur sentiment tout en exprimant leur instinct. Or, c’est avec la dépiction de l’univers de One Piece que le manga commence mais surtout avec le discours de Gol D. Roger. Pirate le plus recherché du monde, il est représenté en train de livrer ses dernières paroles sur l’échafaud. Une scène qui doit donner le ton et déjà faire plonger le spectateur.

Les déclarations de Gol D. Roger servent de double message pour le non-initié de One Piece. Surtout que le condamné à mort n’est pas un homme ordinaire : il est considéré comme le roi des pirates. Ses dernières paroles n’ont rien de comparable à celles d’un quidam qui s’apprête à rejoindre l’Après. Il parle de "son trésor", que quiconque peut aller chercher. C’est plus qu’un appel à l’aventure qui est lancé pour ce que l’on comprend vite être le One Piece. Et plus de 25 ans plus après, ses paroles restent un mystère pour des millions de lecteurs.

La présentation de Shanks

Si certains peuvent considérer que les premiers arcs narratifs manquent de moments cultes, épiques, ou du moins le sont moins que les suivants, l’introduction du personnage de Shanks a tout pour y figurer. Il fait office de figure paternelle pour Luffy et est construit d’une manière bien particulière. Le Roux est d’abord présenté comme un pirate bon vivant qui ne cherche pas la bagarre. Il semble juste apprécier sa liberté sur les mers avec ses camarades sans risquer leur vie inutilement.

Une image qu’il s’empresse de briser en mille morceaux dès les premiers chapitres du manga. On ne touche pas à ses potes et gare à ceux qui poussent le bouchon trop loin. Shanks n’hésite pas à sacrifier son bras droit pour Luffy dans une scène qui donne la chair de poule à chaque visionnage. Un sacrifice d’autant plus fort qu’il repousse un monstre marin à la seule force de son regard, mais surtout de son aura. De quoi asseoir un certain respect envers le personnage (qui ne cessera de grandir au fil du manga, ceux qui lisent One Piece le savent). L'introduction du personnage se conclut de bien belle manière également avec ce passage de chapeau très symbolique… sur lequel on reviendra rapidement à travers un autre personnage.

La rencontre entre Zoro et Luffy

C’est l’une des grandes qualités de One Piece : son écriture riche mais surtout égale à plusieurs niveaux, qu’elle concerne la trame scénaristique ; l’univers ; la construction des personnages. Au fil des chapitres ou des épisodes, on s’attache à différents personnages qu’ils soient de l’équipage du chapeau de paille ou non. On vient de le voir, Luffy affiche une relation fils/père avec Shanks. Mais c’est avec Zoro que s’installe une relation fraternelle pour notre protagoniste. Pourtant, leurs deux personnalités s’opposent et leur complicité n’était pas gagnée sur le papier.

Leur première rencontre se déroule à Shells Town. Un cadre important puisqu’il sert d’introduction à la Marine, la force militaire principale du gouvernement mondial, qui a capturé Zoro. Dès le second chapitre, il est présenté comme "une bête démoniaque" par Kobby qui ne "s’entend pas bien avec les pirates". Et encore une fois, tout se joue sur les premiers moments de l'introduction. La première représentation du sabreur est sombre : il n’a pas mangé depuis 9 jours et pourrait bien dézinguer tout ce qui passe à condition si on le libère. Un comportement de prédateur qui tranche énormément avec celui de proie naïve que peut arborer Luffy aux débuts de l’œuvre. Mais c’est par cette confiance en lui qu’il arrive à "dompter" la bête qu’est Zoro. Ils échangent alors sur leurs rêves : le match est fait.

C’est leur ambition démesurée commune qui leur permet de s’entendre malgré deux attitudes bien différentes. Deux personnalités très éloignées mais complémentaires qui font du duo Luffy/Zoro un ensemble capitaine/bras droit détonnant mais qui fonctionne plus que bien comme le montrera l’œuvre à plusieurs reprises.

L’introduction de Baggy

Baggy le Clown a déjà été présenté par Netflix lors de ses deux dernières bandes-annonces. Une présentation intéressante et (pour le moment) réussie. À l’instar du manga, cet antagoniste de One Piece est dépeint de manière sombre. Tout est fait pour qu’on ait peur de lui. Sauf que l’on se rend très vite compte que… c’est un clown. Outre son fruit du démon qui ne ferait clairement pas tache dans un cirque, Baggy a une attitude de poltron. C’est l’un des rares à ne compter que sur la roublardise et évite tout ce qui est combat direct. Mais malgré cela, il a une place de choix dans l’œuvre : il ne faut pas non plus alors que le spectateur s’en désintéresse.

Ce qui vaut le coup d’être noté, c’est que sa présentation dans le manga est à l’inverse totale de celle de Shanks. Volontaire ou non, elle a le mérite d’être soulignée puisque les deux pirates ont fait partie du même équipage quand ils étaient jeunes : celui de Gol D. Roger. Le chapeau de paille de Luffy, il le connaît bien puisque c’était avant tout celui de son capitaine avant d’être celui de son rival. À ce sujet, c’est à cause de Shanks qu’il parcourt les mers puisqu’il désire se venger. C’est le Roux qui lui a fait ingurgité (par erreur) son fruit du démon. Malgré son profil atypique, Baggy le Clown reste un antagoniste très important de l’univers de One Piece dont il ne faudrait pas louper les premiers instants.

Premier retournement de situation et la promesse d'une grande aventure

Bien que mineur parmi les autres arcs narratifs des débuts de One Piece, celui de l’île Sirop présente deux choses qui méritent d’être présentées de la bonne manière dans la série Netflix. Tout d’abord, on fait la connaissance d’Usopp (Pipo en français) qui deviendra un temps charpentier puis le canonnier de l’équipage. Son histoire personnelle n’a rien d’exceptionnel mais reste attachante : son père Yasopp (que l’on voit dans le premier chapitre et l’épisode 4) est parti pour faire sa vie de pirate abandonnant son fils et sa femme. Cette dernière décède suite à une maladie et laisse Pipo (quasi) orphelin.

Pour combler sa solitude, il va alors crier au loup chaque matin en annonçant que des pirates arrivent sur la côte. Une attitude qui ne passe pas chez les villageois mais qui aura le mérite de faire rire Kaya, une jeune fille malade vivant sur le manoir de l’île. Cette proximité entre les deux personnages est nécessaire pour faire en sorte que les spectateurs méprisent Kuro : c’est le majordome de Kaya, qui prépare depuis trois ans un plan pour la tuer et s’approprier son héritage. La trahison de Kuro constitue l’un des premiers gros retournements de situation dans One Piece et fait de l’antagoniste un personnage réellement détestable.

Enfin, la conclusion de l’arc de Sirop affiche la promesse d’une grande aventure enfin lancée puisque c’est à ce moment-là que l’équipage du Chapeau de Paille dispose d’un bateau : le Vogue Merry, qui les accompagnera des voyage durant.

Sanji et la peur de la faim

Vous l’aurez compris, la majorité des scènes que Netflix ne doit pas louper concerne la construction des personnages importants de One Piece. Après Pipo, il s'agit de parler de Sanji. C’est le cuisinier de l’équipage, vocation qu’il a depuis qu’il est jeune garçon. Le bateau-restaurant dans lequel il cuisine alors se fait piller par Zeff le Rouge, un pirate redouté. Ce dernier sauve néanmoins Sanji d’une noyade certaine à la suite d’une tempête et les deux individus se retrouvent isolés sur un rocher. Une période qui apprend au futur cuisinier la valeur de la nourriture, d’autant que Zeff lui avait laissé les derniers repas du bateau : le Rouge a sacrifié sa jambe (mais aussi sa carrière de pirate) pour continuer à vivre.

Un moment plus qu’important qui a contribué en majorité à ce qu’est Sanji dans le manga. Zeff fait office de figure paternelle. C’est à lui que Sanji doit son attitude de gentleman et son style de combat au pied, les mains étant trop importantes pour faire la cuisine. Et c’est surtout pour cela qu’il donnera toujours à manger à quelqu’un qui a faim.

Zoro contre Mihawk

C’est sans doute le combat le plus attendu de la première saison de One Piece sur Netflix. Dracule Mihawk (alias Œil-de-Faucon) est déjà présenté comme le meilleur sabreur du monde. Il est censé représenter l’élite des pirates : dans cette mesure, il doit dégager l’aura de celle des types qu’on ne veut pas croiser sur les mers. Après tout, il est capable de couper un bateau en deux d’un coup d’épée juste pour "passer le temps". Mihawk représente également le boss final pour quiconque est épéiste. De quoi enchanter Zoro qui ne pensait pas "le croiser aussi rapidement".

Les prémices de cet affrontement permettent d’évoquer rapidement le passé de Zoro mais surtout pourquoi il est décidé à devenir le plus grand épéiste du monde. Un passage qui peut faire changer d’avis de nombreux spectateurs sur le personnage. Toutefois, le duel tourne court. La différence de niveau est trop grande et malgré ses trois sabres, le chasseur de pirates n’arrive pas à vaincre Mihawk armé d’un petit couteau. Une défaite lourde mais salvatrice à plusieurs niveaux. Tout d’abord, elle lui permet d’afficher sa philosophie : il tiendra les promesses qu’il a faites, quitte à en mourir. Un vrai adepte du bushido (la voie du guerrier). De quoi lui octroyer les encouragements mais surtout la reconnaissance de Mihawk qui veut l’affronter de nouveau. C’est dire les impressions qu’a laissées Zoro sur ce type : celui qui découvre cette scène a forcément envie de revoir les deux sabreurs croiser le fer. Enfin, sa relation avec Luffy s’en trouve grandi.

Cette scène est donc capitale a bien des égards, d’autant qu’elle insuffle du suspens : aucun coin des océans n’est paisible et le danger rôde partout. Une sensation que l’on peut comparer avec Naruto, quand l’équipe 7 croise la route de Zabuza.

Nami et son "Help Me"

Pour finir ce classement, il est compliqué de ne pas mentionner la scène Help Me de Nami lors de l’arc narratif d’Arlong Park. Elle permet de mettre les points sur les i concernant le personnage et a un impact émotionnel très fort. À l’instar de tous les personnages importants de l’œuvre, la navigatrice de l’équipage est présentée en deux temps. Dans le cadre de ses premières rencontres avec Luffy, elle est présentée comme une détrousseuse de pirates à qui on ne peut pas faire confiance. Elle trahit plusieurs fois Chapeau de Paille en affichant son penchant pour les pièces d’or.

Une vénalité qui peut être expliquée par son passé que l’on verra probablement dans l’adaptation par Netflix. Nami et sa sœur (non-biologique) Nojiko ont toutes les deux été sauvées sur le champ de bataille par leur mère adoptive Belle-Mère. Elles constituent une famille plus que soudée dont la sécurité vole en éclat après l’arrivée de l’homme-poisson pirate Arlong. Belle-mère meurt pour protéger ses deux enfants, ce qui va provoquer un biais dans la construction de personnage de Nami : ne jamais demander d’aide à personne. Pour racheter son village du joug d’Arlong, elle passe alors un marché avec ce dernier. Dessiner des cartes pour lui et lui ramener la somme colossale de 100 millions de berrys. Un marché que l’homme-poisson fait capoter, ce qui renforce son image de despote. À bout à cause d’une telle trahison et voyant son village prendre les armes malgré une défaite assurée, Nami fond en larmes. Elle demande alors à Luffy de l’aider.

C’est une scène importante à plusieurs titres. Tout d’abord parce qu’elle entérine Nami comme étant un membre des chapeaux de paille. Quelque chose d’important pour le lecteur/spectateur qui ne savait pas sur quel pied danser avec elle. Dans un second temps, elle montre aussi une autre facette de la navigatrice qui n’est pas juste attirée par l’argent. Par ailleurs, cette scène présente un haut degré d’émotion : déjà parce qu’elle demande de l’aide, chose qu’elle s’était promise de ne plus faire. Cela témoigne de la détresse psychologique à laquelle elle doit faire face. Une intensité renforcée par la réponse de Luffy qui lui visse son chapeau sur la tête. Une preuve de confiance inestimable puisqu’il le considère comme son trésor à lui.

Enfin, et ce n’est peut-être qu’un détail, c’est la première fois qu’il y a un semblant de cohésion : c’est tout l’équipage qui se soude pour faire face à un grand danger, ensemble. De quoi permettre d’introduire les différents combats à Arlong Park, mais aussi de nombreux autres à venir.

Bien évidemment, il faut se rappeler que la série One Piece sera une adaptation de l’œuvre originale. Dans ce sens, il est normal que des passages soit coupés, revisités voire ajoutés afin de porter l’œuvre sur petit écran dans un format complètement différent. Elle aura probablement ses défauts mais aussi ses qualités et il faudra alors se poser juste une question : est-ce que moi, fan de One Piece, j’aime cette adaptation ? Et réussir à répondre à cette question montrera déjà que Netflix aura réussi son pari.