Rendu tristement célèbre en 2021, suite à un scandale international, le logiciel espion Pegasus continue de défrayer la chronique des années plus tard… Et à cette occasion, c’est le FBI qui remet le couvert, en plus de se couvrir de ridicule d’une certaine manière.
Il y a des enquêtes qui posent plus de problèmes que d’autres. Celle menée par le FBI pour déterminer quels organismes ont bien pu utiliser un spyware développé par la firme israélienne NSO Group, notamment à l'origine du contreversé malware Pegasus, vient de s’avérer très gênante pour le bureau fédéral américain.
Petit rappel des faits : en 2021, Pegasus a provoqué un véritable scandale international lorsqu’il s’est avéré que de nombreux gouvernements l’avaient utilisé pour espionner des dizaines de milliers de smartphones à travers le monde. C’est une vaste enquête, publiée par 17 médias internationaux, qui a permis de révéler cette affaire. Dès la fin de la même année, le gouvernement américain a déclaré qu’il était désormais illégal de travailler avec NSO, cette firme représentant une menace pour la sécurité nationale.
Quand le FBI finit par s’accuser lui-même
L’affaire Pegasus et NSO semblait donc terminée aux États-Unis. Mais c’était sans compter sur la pugnacité du New York Times. En avril dernier, le journal américain a révélé que Riva Networks, une firme américaine, avait acheté des logiciels espions développés par NSO en toute illégalité. Et Riva Networks avait agi de la sorte pour le compte d’une agence américaine, dont le nom n’avait cependant pas été dévoilé.
Forcément, la Maison-Blanche a immédiatement nié être au courant de quoi que ce soit en lien avec cette nouvelle affaire. Visiblement décidée à trouver les responsables, elle a demandé au FBI d’ouvrir une enquête… dont la conclusion a accusé directement le Federal Bureau of Investigation.
Cependant, le FBI lui-même n’était pas spécifiquement au courant non plus. Pourquoi ? En pratique, l’agence fédérale américaine avait demandé à Riva Networks d’espionner les numéros de mobiles de trafiquants de drogue mexicains. Pour réaliser cette surveillance, le sous-traitant du FBI a utilisé Landmark, un autre spyware de NSO… pour le compte du FBI, donc, qui en est devenu l’utilisateur indirect.
Faites ce que je dis, pas ce que je fais
Lorsque le pot aux roses a été découvert, Christopher A. Wray, le directeur du FBI, a immédiatement rompu le contrat qui liait le bureau fédéral à Riva Networks. Il n’en reste pas moins que le mal est fait, que les règles ont été bafouées et que de nombreuses questions restent aujourd’hui en suspens : pourquoi le FBI a-t-il mandaté Riva Networks pour cette mission ? Comment un spyware, pourtant développé par une entreprise considérée comme une menace pour la sécurité nationale, a-t-il pu être utilisé sans que personne ne le remarque ? Et surtout, d’autres institutions gouvernementales américaines pourraient-elles être concernées ?
Le fait est que Riva Netwoks possèdent toujours des contrats avec de multiples branches du gouvernement américain comme le Département de la Défense et le Laboratoire de recherche de l’Air Force. De quoi donner du grain à moudre aux complotistes, et donner des idées aux scénaristes d'Hollywood pour un prochain thriller sur fond de techno-espionnage.