Si vous suivez l'actualité des séries et des films, vous savez que, depuis de nombreuses semaines, les productions hollywodiennes sont presque totalement paralysées par une grève lancée par les auteurs, et rejointe il y a peut par la SAG-AFTRA, le principal syndicats d'acteurs. En parallèle, Netflix doit faire face à un conflit menaçant d'éclater du côté de la Corée du Sud.
Grève à Hollywood : cinéma et télévision face à de nouveaux enjeux
Reports, conférences de presse, et négociations sont actuellement le quotidien de l'industrie hollywoodienne. Acteurs et scénaristes, soutenus par les techniciens, réclament une mise à niveau des conditions de travail suite au bouleversement du business model provoqué par l'explosion des plateformes de streaming et l'arrivée progressive des outils liés à l'intelligence artificielle. Inquiétés du fait de perdre leur travail, du manque à gagner liés aux "vues" des plateformes de SVOD ou encore de la baisse du salaire médian, les acteurs et les salariés ont décidé de frapper fort.
Les comédiens de doublage sont particulièrement inquiets, du fait des résultats saisissants proposés par les intelligence artificielles au niveau des voix. Un simple tour sur YouTube en tapant "Freddie Mercury - My Heat Will Go On" vous donnera une bonne idée des choses folles qu'il est possible de faire.
La grève, la plus importante de ces 60 dernières années, a maintenant été lancée depuis plusieurs semaines, et pourrait durer encore des mois si aucun accord n'est trouvé avec les directions concernées. Netflix est donc partie prenante du conflit en tant que service et producteur, mais les choses pourraient également dégénérer du côté de la Corée du Sud, grand pourvoyeur de contenu depuis plusieurs années, et encore plus depuis le succès planétaire de Squid Game.
En Corée du Sud, Netflix pourrait également faire face à une importante grève
Song Chang-gon, acteur de 51 ans et actuel président de la Korea Broadcasting Actors Union, cherche à obtenir un rendez-vous avec Netflix, ce qui ne s'est toujours pas produit. Une complexité qui crée des tensions, le syndicat ne comprenant pas comment il est possible que les acteurs ne soient pas en mesure de contacter les dirigeants. Selon la KBAU, Netflix profite depuis trop longtemps de sa position afin de sous-payer les acteurs dits "de soutien". Mais la situation en Corée est particulière.
Netflix a déclaré qu'en Corée, elle respectait la règlementation en vigueur et qu'en tant que service de streaming et non diffuseur, elle n'était pas tenue de verser une quelconque forme d'intéressement à ces comédiens. En creux, cela signifie que Netflix, qui sous-traite sa production à des studios locaux, n'aurait pas l'obligation de traiter avec le syndicat. Pour Yoo Min-suk, directeur politique du syndicat des acteurs, cette déclaration est un non-sens :
Netflix utilise l'infrastructure de diffusion et de contenu du pays autant que n'importe qui d'autre. C'est pourquoi nous disons qu'ils ont l'obligation de nous rencontrer.
Toutefois, Song Chang-gon reconnaît que les investissements de Netflix, qui ont été importants et qui le seront encore plus à l'avenir, ont provoqué un âge d'or des productions coréennes. Les budgets ont été revus à la hausse, les moyens techniques ont été améliorés, et de nombreux emplois ont été créé pour soutenir une production qui s'exporte désormais dans le monde entier. Mais il y aurait un hic :
Le problème est que les gros budgets de production de Netflix ne sont pas répartis de manière égale - la majeure partie de cet argent va aux acteurs vedettes ou aux scénaristes de renom. Pour la majorité des acteurs de soutien, les salaires ont stagné ou effectivement diminué.
La question des contrats, toujours en anglais, provoque également des discussion animées, avec des témoignages laissant entendre que certaines lignes contiennent des accords détournés pour l'utilisation des voix des acteurs de façon gratuite à l'aide de l'intelligence artificielles. Iyuno Korea, le partenaire local qui gère la plupart des voix coréennes pour Netflix, a indiqué travailler sur un nouveau modèle bilingue plus clair.
Les responsables du syndicat continent de préparer leur rencontre avec Netflix qui selon eux, est inévitable, avec pour principal demande d'appliquer aux artistes sud-coréens les mêmes conditions de rémunération que les acteurs américains membre de la SAG-AFTRA. La situation est semblable à celle d'une poudrière et, si Netflix refuse de rencontrer la KBAU, elle pourrait devenir explosive.