Nos confrères de chez Reuters viennent de mener une enquête dont les conclusions peuvent faire trembler l'un des hommes les plus influents du monde, Elon Musk. Le patron de Tesla aurait menti sur l'autonomie de ses voitures électriques et cette présumée escroquerie durerait depuis des années.
À quel point le mensonge d'Elon Musk et Tesla est-il important ?
Tout constructeur automobile digne de ce nom a le regard tourné vers l'avenir. Et l'avenir, ce sont les voitures électriques ! Sur ce marché de plus en plus juteux, Tesla s'est forgé une place et une réputation solide. C'est d'ailleurs le statut particulier de Tesla qui a permis à Elon Musk de devenir une figure aussi importante du monde de la tech.
Lorsque l'on vend des véhicules dont le moteur fonctionne sur batterie, l'autonomie de cette dernière est fort probablement LE critère le plus important pour la plupart des consommateurs. Chaque constructeur a donc tout intérêt à afficher les chiffres d'autonomie les plus flatteurs possibles… Quitte à un peu s'arranger avec la vérité.
Ce genre de "magouille" est tristement banal sur tous les secteurs de la tech. À titre personnel, je suis spécialiste du marché des téléviseurs par exemple. Je sais pertinemment que les constructeurs de TV 4K ont toujours annoncé la luminosité maximale d'un écran en parlant d'un pic de lumière sur un tout petit point de la dalle. De même, un constructeur d'aspirateurs balais va parler de sa puissance d'aspiration maximale pour un mode qui consomme toute la batterie du produit en 10 minutes. Bref, il faut toujours se méfier des données fournies par les marques et c'est pour cela que les tests de journalistes tech existent : nous vous donnons des chiffres et des avis plus éclairés et plus neutres.
Ici, l'astuce de Tesla se situe au niveau de l'algorithme qui calcule une estimation du nombre de kilomètres d'autonomie qu'il vous reste en fonction des pourcentages de charge. Lorsque que la charge est supérieure à 50%, le nombre de kilomètres parcourables affichés sur le tableau de bord d'une Tesla serait en moyenne 26% plus élevé que dans le réel. C'est monstrueux, plus de 2 fois supérieurs aux "arrangements" moyens des autres constructeurs de voitures électriques.
Heureusement, lorsque la batterie descend sous les 50%, l'algorithme estime bien plus correctement le nombre de kilomètres que la voiture est capable de franchir. Il serait bien trop dangereux de risquer une mise à l'arrêt forcé au milieu de l'autoroute. On note aussi que tous les véhicules de la firme d'Elon Musk possèdent une réserve de sécurité de 24 kilomètres lorsque la batterie est à plat. De quoi rapidement trouver un superchargeur.
Comment Tesla s'en est sorti pour mentir au sujet de l'autonomie de ses voitures électriques depuis des années ?
Ces chiffres trompeurs sont présents dans toutes les voitures électriques Tesla depuis plusieurs années. Vous vous en doutez, de nombreux automobilistes ont déjà constaté le problème et cherché à le résoudre. Une partie d'entre eux a logiquement cherché à contacter le constructeur américain.
Problème : lorsqu'un client exige un rendez-vous en centre Tesla afin d'obtenir des explications quant à ce phénomène, voire une réparation de sa voiture, la boîte d'Elon Musk l'envoie paître. D'après Reuters, le service client semble avoir pour consigne de tout faire pour dissuader les curieux quant à cet algorithme menteur.
Durant l'été 2022, Tesla aurait même créé une "Diversion Team" à Las Vegas dont l'unique mission consisterait à annuler un maximum de rendez-vous. Cette Diversion Team parviendrait ainsi à faire annuler plusieurs centaines de rendez-vous par semaines. Quand on sait qu'un RDV en moins égal 1000 dollars d'économies pour Tesla, on comprend vite l'intérêt de cette équipe.
Il est important de conclure en rappelant que ce n'est pas la première fois que Tesla se fait épingler pour des problèmes d'autonomie. La Corée a récemment puni le constructeur d'une lourde amende car l’autonomie des batteries de Tesla serait divisée par 2 en cas de températures hivernales ! Elon Musk lui-même aurait même déjà admis que la communication de son entreprise à ce sujet était "fausse ou exagérée". C'est dire.