Outil incontournable pour les uns, mais problématique pour les autres, Midjourney est la star des intelligences artificielles qui permettent de générer des photos et des images en quelques secondes seulement. Dans le cadre de mon travail chez Jeuxvideo.com, je l’utilise régulièrement : voici ce que j’en pense.
Lorsqu’il s’agit d’illustrer une news ou un article, c’est toujours la même question qui se pose : quel visuel utiliser ? Il faut trouver une illustration pertinente, adaptée à la situation et libre de droits. Certaines banques d’images gratuites peuvent faire le travail, mais à un moment donné, on finit tout de même par tourner en rond et à ne pas trouver exactement ce que l’on cherche.
C’est essentiellement pour cette raison que j’ai décidé de donner sa chance à Midjourney. Je ne suis pas particulièrement cliente des intelligences artificielles, mais leur développement rapide et leur potentiel ont tout de même tendance à aiguiser ma curiosité. Je me suis donc demandé si Midjourney pouvait m’aider à répondre à mes besoins réguliers en matière d’illustration pour mes contenus. Voici mon avis.
Midjourney, qu’est-ce que c’est ?
Midjourney est une intelligence artificielle créée par David Holz, qui est également le cofondateur de Leap Motion, une start-up spécialisée dans la capture de mouvement pour la réalité virtuelle. L’IA est une création récente puisque sa première apparition sur le Web date de juillet 2022, soit il y a presque un an jour pour jour. Cependant, sa progression a été fulgurante puisque c’est déjà la version 5.2 qui est aujourd’hui disponible.
L’utilisation de Midjourney est plutôt originale, puisque cette intelligence artificielle ne dispose pas de sa propre plateforme dédiée. Pour l’exploiter, il faut passer par le logiciel Discord, sur lequel il faut envoyer un prompt via un message sur un canal, en utilisant la commande /imagine
. En fournissant tout un lot de détails sur le visuel désiré, et en y ajoutant, en option, certaines informations comme le format de l’image ou la version de l’IA à utiliser, on obtient un résultat en quelques minutes seulement. Il est, ensuite, possible de l’affiner à loisir, ou de demander des itérations au programme.
Sans maîtrise, la puissance de Midjourney n’est rien
Midjourney est simple à utiliser, mais je me suis rendu compte rapidement que le maîtriser parfaitement pouvait s’avérer complexe. Au début, je me contentais de demander des rendus simples avec des prompts ne dépassant pas les deux lignes, là où certains utilisateurs écrivent des pavés de 15 lignes pour obtenir le résultat le plus détaillé possible.
Car le fait de passer par un canal de discussion Discord pour utiliser Midjourney permet de voir passer les prompts et les résultats de dizaines d’autres utilisateurs. Il est même possible de les récupérer ou de les personnaliser. Rien n’est secret lorsqu’on utilise Midjourney : c’est un avantage, mais cela peut aussi être un inconvénient, puisqu’une bonne idée d’illustration peut rapidement tomber dans les mains d’autres utilisateurs.
Mais ce mode d’utilisation original m’a permis de perfectionner assez rapidement ma manière de rédiger mes prompts en m’inspirant des méthodes d’autres utilisateurs. Il existe également de nombreux tutoriels en ligne qui permettent de mieux comprendre comment fonctionne ce puissant outil.
Midjourney peut-il remplacer un graphiste professionnel ?
Les artistes et graphistes professionnels s’inquiètent énormément de l’impact que peut avoir Midjourney sur leurs professions. Il faut dire que les IA de ce genre ont tendance à fortement s’inspirer d’œuvres qui existent déjà pour en confectionner de nouvelles, générées par un algorithme certes puissant, mais sans réelle imagination ou esprit artistique.
Personnellement, je refuse catégoriquement d’utiliser, dans mes prompts, des commandes qui suggèrent à l’IA de s’inspirer du style d’un artiste connu. Mais c’est un fait, beaucoup d’utilisateurs le font, et c’est un réel problème éthique.
À mon sens, même si Midjourney est performant, l’IA n’est pas capable de remplacer totalement les artistes, et ce pour plusieurs raisons. La première, c’est que même avec un prompt détaillé, Midjourney a parfois du mal à comprendre clairement ce qu’on lui demande, en particulier lorsqu’il faut mettre en scène une situation de manière subtile. Au bout de quelques tentatives qui donnent un résultat peu satisfaisant avec un contresens, je décide soit d’opter pour une vraie photo, soit de simplifier ma demande. Un véritable graphiste peut, quant à lui, cerner la subtilité d’une demande.
Ensuite, le résultat n’est jamais réellement parfait. Il y a toujours des détails qui fâchent, ou qui nécessite une retouche, même rapide. Pour illustrer une news, cela peut convenir. Mais lorsqu’il s’agit de mettre l’illustration au cœur du sujet, il reste difficile de se passer d’un professionnel en chair et en os à mon sens.
Midjourney reste pour moi un outil intéressant à utiliser, qui représente un petit défi dans la maîtrise. Il est utile lorsqu’il s’agit de disposer très rapidement d’une illustration pour un contenu dont la durée de vie est limitée, comme un sujet d’actualité. Mais je ne me vois pas l’adopter pour autre chose. Ceci étant dit, il s’agit de mon opinion personnelle et je sais qu’elle n’est pas partagée par tout le monde. Mais ce genre d’IA fait désormais partie du décor, et il est impossible de l’ignorer…