Face à la multiplication des objets présents en orbite autour de la Terre, les satellites Starlink de SpaceX doivent faire preuve de prudence pour ne pas entrer en collision avec ces derniers. Et la situation devrait continuer à empirer.
Ce n’est une révélation : l’homme pollue la planète, mais aussi l’espace qui l’entoure. Mais actuellement, le plus gros du problème ne semble pas venir des déchets spatiaux en eux-mêmes, mais de la quantité folle de satellites qui gravitent autour de la planète. Parmi eux, on trouve ceux de SpaceX, l’entreprise d’Elon Musk qui a fort à faire avec son initiative Starlink.
Les satellites Starlink sont des pros de l’esquive
Pour mémoire, Starlink est une solution qui permet d’accéder à Internet depuis n’importe où sur Terre, grâce à une constellation de satellites déployée en orbite terrestre basse. Les satellites sont en mouvement permanent et ils tissent une toile dans le ciel, ce qui renforce la couverture réseau. Pour optimiser cette dernière, SpaceX envoie toujours plus de satellites dans l’espace, ce qui contribue par la même occasion à saturer le ciel…
Une récente étude souligne que les satellites de Starlink, qui sont actuellement un peu plus de 4400 dans l’espace, passent leur temps à réaliser des manœuvres d’esquive pour éviter des collisions avec d’autres objets en orbite, dont des satellites concurrents. En l’espace de 4 ans, ils auraient eu à gérer environ 50 000 approches potentiellement dangereuses, dont 25 000 au cours des six derniers mois. En moyenne, cela représente 137 évitements de collisions effectués par les satellites Starlink chaque jour.
Les satellites de Starlink sont équipés de capteurs qui leur permettent d’esquiver les débris et autres appareils (tels que les satellites de la concurrence) qui se trouvent sur leur trajectoire. Mais la hausse spectaculaire des collisions évitées souligne que le problème prend de plus en plus d’ampleur.
L’espace commence à être saturé, et c’est un vrai problème
Cela fait plusieurs années que la pollution spatiale et la saturation de l’espace inquiète les observateurs du phénomène, et des mesures ont déjà dû être prises pour contourner la situation. En 2019, l’ESA, l’agence spatiale européenne, a notamment dû déplacer son satellite d’observation de la Terre Aeolus, pour éviter une collision avec un satellite de SpaceX. En 2021, c’est la Chine qui s’est plaint d’avoir dû déplacer sa station spatiale, car celle-ci menaçait d’entrer en collision avec deux satellites de la firme d’Elon Musk. Une plainte a même été déposée à ce sujet auprès des Nations Unies.
La situation, déjà problématique, pourrait continuer à s’aggraver dans les années à venir. Starlink a pour projet de mettre environ 42 000 satellites en orbite au total : il y a de quoi s’interroger sur les risques d’une telle initiative. Il faut ajouter à cela plus de 3200 satellites du projet Kuiper d’Amazon, ou encore près de 13000 que désirent envoyer la Chine. Selon Jonathan McDowell, astronome au Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics, plus de 420 000 satellites pourraient être lancés dans les années à venir.
Outre de gros risques de collision, y a aussi les problèmes liés à l’observation du ciel, qui devient de plus en plus compliquée pour les scientifiques. En mars dernier, on apprenait notamment que les traînées de satellites rendent de plus en plus difficile le travail du télescope spatial Hubble. Les progrès des uns freinent ceux des autres, et on peut se demander jusqu’à quand cette situation va pouvoir perdurer.