Si les intelligences artificielles génératives ont tendance à effrayer de nombreux professeurs, d’autres ont décidé de les utiliser à leur compte, pour mieux les apprivoiser. C’est le cas de l’Université Harvard, aux États-Unis.
ChatGPT a tendance à ne pas avoir bonne presse auprès des écoles et des professeurs en général. L’intelligence artificielle d’OpenAI est pointée du doigt pour plusieurs raisons : tout d’abord, elle a tendance à rendre les étudiants paresseux, car ces derniers peuvent lui confier la rédaction de leurs devoirs. Ensuite, le chatbot a tendance à laisser énormément d’erreurs traîner dans ses écrits, ce qui contribue à désinformer les utilisateurs, y compris les plus jeunes.
Cela veut-il dire que les intelligences artificielles génératives ne sont pas capables d’être de bons outils pédagogiques ? Cette question mérite réflexion. L’université Harvard, située à Cambridge aux États-Unis, a tranché : bien entraînée, une IA peut contribuer à l’enseignement aux étudiants.
Un bot basé sur ChatGPT pour enseigner l’informatique
Harvard propose des cours d’introduction à la programmation informatique depuis de nombreuses années. Nommé CS50, cet enseignement sera dispensé en partie par une intelligence artificielle à partir de la rentrée prochaine. Le professeur David Malan sera toujours en charge du cours, mais les assistants d’enseignement seront, eux, remplacés par un bot basé sur ChatGPT. Son objectif sera de « guider les étudiants vers une réponse plutôt que de la leur donner directement », explique le professeur en charge du cours.
Il n’est donc pas question de remplacer les professeurs par une intelligence artificielle, mais de fournir un outil de soutien aux étudiants, une aide personnalisée capable de les soutenir dans la résolution de leurs problèmes. L’IA pourra notamment débloquer certaines erreurs de codage et fournir des explications permettant d’optimiser le résultat. Jusque-là, ce sont des assistants d’enseignement qui se chargeaient d’aider les étudiants, mais ces derniers pouvaient rester coincés longtemps si aucun assistant n’était disponible à l’instant T.
Une expérience actuellement en cours de test
« Notre espoir est que, grâce à l’IA, nous pourrons atteindre un ratio enseignant/élève de 1/1 pour chaque élève du CS50, en leur fournissant des outils logiciels qui, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, peuvent soutenir leur apprentissage à un rythme et dans un style qui leur convient le mieux individuellement », explique David Malan au journal The Havard Crimson. C’est le professeur lui-même qui a conçu et éduqué ce bot, qui est actuellement en cours de test à l’occasion des classes d’été données par l’université.
Cependant, David Malan l’admet sans détour : si l’intelligence artificielle a des avantages, elle s’avère tout de même limitée et tout ne peut pas être pris pour argent comptant lorsqu’on l’utilise. « Nous expliquerons clairement aux étudiants qu’ils doivent toujours faire preuve d’esprit critique lorsqu’ils reçoivent des informations, qu’elles proviennent d’un humain ou d’un logiciel », précise-t-il. « Mais les outils ne s’amélioreront que grâce au retour d’information des étudiants et des enseignants. Ils feront donc eux aussi partie intégrante du processus. »
Lutter contre les IA ou travailler avec, une chose est sûre, Harvard a fait son choix. Reste désormais à savoir si l’expérience sera concluante pour la rentrée universitaire prochaine, et si elle inspirera d’autres établissements pour faire de même.