Alors que L'Union Européenne souhaite réguler l'utilisation de l'intelligence artificielle sur le continent, de nombreux dirigeants d'entreprises et personnages haut placés ne voient pas cela d'un bon œil. Voulant rester compétitif sur la scène mondiale, ils signent une lettre ouverte à l'UE pour tirer la sonnette d'alarme.
Le IA Act de l'Union Européenne, c'est quoi ?
L'Union Européenne est très fière d'annoncer avoir créé le tout premier projet de loi concret entourant l'utilisation de l'intelligence artificielle. L'IA fait de plus en plus parler d'elle, tant elle commence à s'intégrer dans notre vie de tous les jours. Que ce soit avec ChatGPT pour demander n'importe quoi et résumer des informations, ou avec MidJourney pour créer des images de toutes pièces, tout un chacun peut dorénavant utiliser cette technologie pour améliorer sa vie quotidienne.
L'IA n'est pourtant pas nouvelle, particulièrement du côté des entreprises, qui l'utilisent à diverses fins. On pense notamment aux algorithmes qui s'adaptent à notre comportement sur Internet pour nous proposer des contenus adaptés à ce que l'on aime. On pense également aux systèmes de reconnaissance faciale pour les caméras de surveillance… et c'est là qu'on commence à apercevoir des dérives.
C'est bien de cela dont a peur l'UE, et à juste titre. En dehors du vieux continent, certaines pratiques, aidées de l'intelligence artificielle, sont loin de respecter une certaine éthique. Ainsi, le projet de loi appelé "AI Act" a pour but de rendre l'IA plus sûre et déterminer 3 niveaux de risques liés à différents usages de l'IA, avec pour chacun un traitement différent :
- Les applications et systèmes qui montrent un risque de type inacceptable. L'UE prend l'exemple de la Chine qui utilise l'IA pour générer un score social pour chaque citoyen, lui conférant un traitement plus ou moins positif vis-à-vis de la société. Cette pratique est totalement bannie par l'AI Act.
- Les applications et systèmes à haut risque. Une de ces applications est le scan de CV qui capture automatiquement leur contenu et crée un classement en fonction des critères du recruteur. Pour ce genre de chose, l'AI Act forcera ces pratiques à être soumises à des obligations légales.
- Les applications et systèmes restantes. Ces dernières ne sont pas soumises à quelconque régulation. Je vous invite à lire le document original, c'est assez lourd mais il vous donnera une idée bien plus complète de ce qu'il implique.
Le 16 juin 2023, l'AI Act fût officiellement voté. En plus des 3 niveaux mentionnés, toutes les entreprises sont maintenant obligées de pouvoir expliquer précisément comment fonctionne l'IA qu'elles utilisent. Des actions négatives de leur IA engendrera des conséquences légales directes. L'IA en Europe doit également être exempte de toute discrimination raciale ou sociale. Enfin, une autorité se crée afin de servir de régulation chargée d'inspecter les entreprises et appliquer des sanctions, encore non définies.
150 dirigeants des grandes entreprises européennes s'insurgent
Comme l'on pouvait s'en douter, bon nombre de grands groupes européens ne voient pas cela d'un bon œil que l'UE mette ses pattes dans leurs affaires. C'est ainsi qu'environ 150 chefs d'entreprises et leaders en Europe se sont alliés pour rédiger une lettre ouverte à tous les corps de l'Union Européenne, afin d'exprimer leur désarrois et exposer les défauts de cet AI Act qui, selon eux, présente un sérieux problème pour la compétitivité de l'économie européenne.
Parmi ces leaders, on retrouve des Alexandre Bompard, le PDG du groupe Carrefour, Luca de Meo, PDG du groupe Renault, Antoine de Saint-Affrique, PDG de Danone, ou encore une membre du groupe Airbus. Entre Schneider Electric, Orange mais aussi Engie, en passant par Cdiscount, Fnac-Darty et Rakuten France, les groupes français sont nombreux.
Toutes ces sociétés européenne ont peur que ces nouvelles règles freinent l'innovation et créent un écart technologique entre l'Europe et les USA :
Une telle réglementation pourrait conduire à ce que des entreprises très innovantes déplacent leurs activités à l'étranger, à ce que les investisseurs retirent leurs capitaux du développement de modèles d'IA européens en général. Il en résulterait un écart de productivité critique entre les deux côtés de l'Atlantique.
Reste à voir si cet acte de lobbying aura un quelconque impact. Du côté de l'Amérique, OpenAI, propriétaire de ChatGPT, est déjà parvenu à alléger quelques éléments de l'AI Act à leur avantage.