Bloquer le développement de nouvelles IA chinoises semble être devenu l'une des priorités du gouvernement américain. Les États-Unis ont déjà fait s'abattre des tonnes de sanctions économiques sur la Chine, en particulier dans l'industrie des puces. Aujourd'hui, on apprend qu'une nouvelle vague de restrictions toujours plus sévère pourrait s'abattre sur l'Empire du Milieu.
Les États-Unis et leurs alliés s'acharnent sur l'industrie chinoise des puces
Sur JVTECH, cela fait des mois que nous vous parlons des différentes secousses qui agitent les principaux acteurs de l'ombre du monde de la tech. Ici, nous n'allons pas revenir sur chacun des épisodes de cette saga autant technique que géopolitique, mais retenez une chose essentielle : au sein de l'industrie des semi-conducteurs, un composant essentiel de l'ensemble des produits high-tech allant des smartphones aux voitures, deux superpuissances mènent une guerre économique : la Chine et les États-Unis.
Le gouvernement américain n'a jamais caché son animosité envers l'Empire du Milieu, et, dans cette guerre, c'est bel et bien l'administration de Joe Biden qui passe le plus souvent à l'offensive. Son but : isoler la Chine des autres poids lourds de l'industrie des puces (Japon, Corée du Sud, Allemagne, Pays-Bas...). Au fil des mois, une sorte de "bloc occidentalisé" s'est formé et la Chine doit encaisser tous ses assauts. Le dernier en date est tout frais et nous vous en parlions le 27 juin 2023 : l'épée des Pays-Bas, soulevée par le bras de l'Oncle Sam, vient de lourdement s'abattre sur l'industrie chinoise. Aujourd'hui, la pression que subit la Chine est plus forte que jamais.
Il est fort probable que la course aux IA, devenue un sujet majeur du monde de la tech, pèse un poids conséquent dans ces prises de décisions radicales à l'encontre de la Chine. Dans cette dynamique, nous venons d'apprendre via nos confrères du Wall Street Journal que l'acharnement des États-Unis devrait se poursuivre plus vite et plus fortement que ce que la plupart des experts imaginaient.
Comment la Chine a réussi à contourner le veto des États-Unis sur le marché des cartes graphiques dédiées aux IA
En septembre 2022, les USA avaient déjà prononcé une série de sanctions concernant les puces spécifiquement dédiées à l’entraînement des systèmes d’intelligences artificielles. Le géant asiatique a en partie réussi à contourner les mesures américaines... mais pour combien de temps ? Pour que vous compreniez tous les enjeux du moment, nous devons revenir sur ce qu'il s'est passé il y a une dizaine de mois.
Lorsque la restriction de septembre 2022 a été activée, les États-Unis ont interdit à NVIDIA de vendre ses processeurs graphiques les plus avancés pour les applications d’intelligence artificielle. Cela a empêché la Chine de s’emparer des deux "armes" les plus puissantes du secteur : les cartes graphiques A100 et H100. Sans ces petits bijoux de tech, former des modèles d’IA d'élite devient presque impossible.
N’ayant pas officiellement accès à la puissance graphique des A100 et H100, la Chine achetait massivement des GPU un peu plus modestes : les A800 et les H800. Même avec une bande passante plus faible, ces produits représentent une alternative plus qu'acceptable aux mastodontes A100 et H100.
Et puis, les industriels chinois ne se sont pas complètement laissés faire. Dans le réel, ils ont presque toujours réussi à dégoter des NVIDIA A100 et H100 grâce à certains fournisseurs plus obscurs, issus des marchés underground de Shenzen ou Hong Kong. Selon Reuters, les Chinois trouvent des A100 et des H100 à environ 20 000 dollars sur le marché noir. Les entreprises avec plus de moyens peuvent également se procurer des petits lots de GPU importés d'Inde, de Taïwan ou de Singapour. Dans un communiqué officiel, Nvidia déclare : « Si nous recevons des informations selon lesquelles un client viole son accord avec nous et exporte des produits restreints en violation de la loi, nous prendrons des mesures immédiates et appropriées ».
Bientôt de nouvelles sanctions américaines contre la Chine ?
Bien au courant de ces pratiques, le ministère du Commerce américain comprend qu'empêcher les entreprises tech États-uniennes d'exporter leurs produits en Chine n'est pas suffisant. C'est ainsi que, selon le Wall Street Journal, d'autres restrictions, plus dures et plus vastes, pourraient voir bientôt le jour. Le quotidien économique nous informe que ces nouvelles mesures entreraient en vigueur extrêmement rapidement, dès le mois de juillet 2023, afin d'empêcher au plus vite à la Chine d'acheter des cartes graphiques A800 et H800, mais aussi de mieux contrôler les ventes des A100 et H100.
Vous connaissez déjà probablement le "cloud gaming", qui permet d'utiliser un ordinateur surpuissant à distance grâce à une simple connexion internet et de jouer à des jeux extrêmement gourmands depuis un PC ou un Mac d'entrée de gamme. Figurez-vous que ce système de cloud aurait été utilisé par certaines entreprises d'IA chinoises afin de contourner les restrictions sur les ventes de puces. Ainsi, les nouvelles sanctions des États-Unis envers la Chine pourraient, toujours selon le WSJ, bloquer l'accès aux plateformes de cloud aux entreprises chinoises.
Attention, même si la source est fiable, ne prenez pas ces informations comme définitivement acquises. Les plans du gouvernement de Biden ne sont pas définitifs, et il est probable qu’aucune décision ne sera prise tant que l’on ne saura pas comment se sont déroulées les négociations du Secrétaire au Trésor, Janet Yellen, qui se rendra en Chine début juillet.