Saviez-vous que le monde s'apprête à subir les conséquences d'un événement météorologique qui va accélérer le réchauffement climatique ? Cet événement s'appelle El Niño et ses impacts sont majeurs. Certains pays comme l'Équateur s'en inquiètent fortement. Vous allez le voir : la France devrait, elle aussi, cesser d'ignorer le phénomène El Niño.
El Niño : le retour d'un phénomène climatique extrêmement important
Cet article parle d'un phénomène climatique déjà évoqué à plusieurs reprises sur JVTECH : El Niño. Afin d'en faciliter la lecture, nous commencerons par un rappel de définition. Qu'est-ce qu'El Niño ? Connu scientifiquement sous le nom El Niño – Oscillation australe (ENSO), ce phénomène météorologique cyclique, bien qu'irrégulier, exerce des effets significatifs sur le climat mondial.
El Niño est l'illustration parfaite de l'étroite relation qui lie la température des océans et la circulation atmosphérique (le mouvement des masses d'air qui entourent la Terre). Un épisode d'El Niño se caractérise par l'absence d'alizés, des vents qui ont la particularité de refroidir la surface océanique. Conséquence : El Niño entraîne une hausse abrupte des températures des eaux du Pacifique.
De cette hausse de température de l'océan découlent plusieurs phénomènes climatiques violents. Vents, pluies, sécheresse, températures qui s'affolent à échelle mondiale... tout devient plus chaotique et compliqué à anticiper par la science.
De manière générale, le monde n'est pas prêt à faire face aux défis climatiques à venir. C'est ce que soulignait récemment le célèbre volcanologue Bill Mcguire, et les données du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) confirment ses dires. L'année 2022 a été marquée par des températures exceptionnellement élevées à travers la planète... malgré la présence de La Niña. Ce phénomène inverse d'El Niño a tempérer le climat mondial durant les 3 dernières années. Un avenir dans lequel El Niño remplace La Niña dès 2023 ou 2024 nous plongera pour sûr dans des scénarios thermiques sans précédent.
Le rapport particulier de l'Equateur au phénomène El Niño
C'est avec une force bestiale qu'El Niño a frappé les côtes (et l’économie) de l’Équateur entre 1997 et 1998. Le pays d'Amérique latine avait alors vu son produit intérieur brut (PIB) chuter de dix points. Si cette situation venait à se reproduire en 2023-2024, c'est environ 11 milliards d'euros qui disparaîtraient pour l'Equateur.
Dans un article daté du 12 avril 2023, nous vous parlions déjà du fait que la température moyenne des océans avait atteint un niveau record. Ce chiffre a des impacts particulièrement violents dans certaines parties, notamment sur la cote ouest de l'Amérique du Sud. Échaudé par l'épisode 1997-1998, le gouvernement de l'Equateur prend très au sérieux la menace El Niño... et à raison. Aujourd'hui, la température des eaux de surface du Pacifique sont déjà au-dessus du Superniño de 2015. La dernière fois que de telles températures ont été atteintes... c'était en 1998.
À quelles conséquences concrètes d'El Niño s'expose l'Equateur ? Rien qu’au niveau des dommages directs potentiels, la marine équatorienne parle de 3,6 milliards d'euros de dégâts matériels et plus de 35 000 personnes sinistrées. Les dégâts indirects, plus imprévisibles, feront à coup sûr monter l'addition. Souhaitant prévenir la menace au mieux, le président du pays, Guillermo Lasso, a déjà annoncé un vaste plan "d’atténuation, d’adaptation et de prévention" évalué initialement à 242 millions d’euros.
Ce plan est jugé insuffisant par de nombreux experts... et par le président Lasso lui-même. Le pays a besoin d'agir fort et vite : les scientifiques expliquent que des pluies torentielles pourraient ravager l'Équateur dès le mois de septembre 2023. Bien au courant de ces faits, Guillermo Lasso a demandé de l'aide à l'échelle internationnale. Il travaille déjà en coordination avec le Pérou et le Chili (les deux autres grands touchés), mais, pour plus d'efficacité, Lasso sait qu'il faut ratisser plus large.
Et la France dans tout ça ? Sommes-nous touchés par la température des eaux du Pacifique ?
Une question vous brûle peut-être les lèvres : "et nous alors ?". Bien entendu, la situation française est nettement distincte de celle de l'Equateur, du Pérou ou du Chili. Ces trois pays sont de loin les plus vulnérables au phénomène El Niño, quelle que soit la virulence de ce dernier. Il est tout à fait logique que ces 3 États s'affolent plus que le reste du monde. Cependant, nous aurions tort de totalement ignorer le problème : le phénomène climatique El Niño peut avoir de lourdes conséquences à peu près partout sur le globe.
Vous l'avez compris, El Niño version 2023 a de bonnes chances de ressembler à celui de 97-98. Problème : en 97-98, l'impact d'El Niño s'est fait sentir à échelle mondiale. D'après les chercheurs, on peut imputer en bonne partie aux conséquences d'El Niño plusieurs événements majeurs qui ont eu lieu au cours de l'année qui a suivi le phénomène de 97-98. Voici quelques-uns de ces événements :
- 16% des systèmes de récifs du monde sont morts.
- Une épidémie sans précédent de fièvre s'est abattue sur la Vallée du Grand Rift (une immense faille géographique qui traverse plusieurs pays africains dont la Tanzanie, le Kenya et l'Éthiopie).
- D’importantes inondations ont sévèrement touchées le Kenya, la Somalie et la Californie (entre autres).
- L’Indonésie a connu l’une des pires sécheresses jamais enregistrées.
- En 1997-1998, au niveau mondial, les chercheurs du Dartmouth College estiment que la croissance économique aurait pu être plus élevée à hauteur de 5,7 milliards de dollars si El Niño n'avait pas eu lieu. Le phénomène a fait perdre 3% du PIB américain entre 1988 et 2003. Dans de nombreux autres pays, ce chiffre dépasse les 10%.
Nous n'avons pas toruvé d'études pricises sur le cas de la France. Ceci étant dit, nous risquons fort de subir un été 2024 extrêmement chaud suivi d'un automne extrêmement pluvieux. Sachez que ce qu'il se passe actuellement dans l'océan Atlantique est très anormal. La température de l'eau grimpe plus vite que prévu et la la circulation atmosphérique très rare qui accompagne ce réchauffement pourrait provoquer des événements climatiques encore jamais observés à l'époque moderne. En d'autres termes : pour la science, ce qu'il se passera dans notre région de la planète est extrêmement complexe à prévoir. Nous entrons dans l'inconnu.