On a joué à la prochaine exclusivité Nintendo Switch. Et si on a passé un très bon moment, une question persiste : cette licence est-elle capable de se renouveler et de toucher un nouveau public après plus de 20 ans d'existence ? Et bien après 4 heures de jeu, c'est plutôt bien parti pour. On vous explique pourquoi !
Pikmin, c'est quoi ?
Commençons par les bases ! Pikmin, c'est de la stratégie en temps réel, mais accessible, notamment grâce à sa couche de peinture toute mignonne. En gros, vous incarnez un Hocotatien (dont le fameux Olimar, puis d’autres) exilé sur une planète inconnue peuplée de Pikmin, eux-mêmes générés par un oignon. Ces petites créatures sont très dociles et vous aident tantôt à vous frayer un chemin, tantôt à terrasser les créatures dangereuses se tenant sur votre route ou encore à ramasser toutes sortes d’objets. Ces petites bêtes ont chacune une particularité (résistance au feu, à l’eau…) et ces dernières sont naturellement à utiliser à bon escient. Cela vous permettra de sauver les Hocotatiens naufragés, de ramener des trésors et trouver un moyen de rentrer chez vous. Pour ce faire, vous devez, tel un chef de guerre, gérer votre effectif de Pikmin et les envoyer faire telle ou telle tâche, tout en s’assurant de leur survie.
Outre le gameplay, Pikmin c'est aussi l'une des licences exclusives de Nintendo. Pas la plus connue, ni même la plus prolifique, elle a pourtant était façonnée par le grand Shigeru Miyamoto (co-créateur de Mario, Donkey Kong ou encore Zelda) au début des années 2000. Le premier Pikmin date en effet de 2001, tandis que le deuxième s'invitera à son tour sur la GameCube en 2004. Après 9 ans sans nouvel opus, la licence nous a finalement délivré un troisième épisode sur Wii U, épisode qui sera, comme la plupart des titres sortis initialement sur cette console, porté sur Nintendo Switch en 2020. Outre ce portage, un spin-off sur 3DS et un jeu mobile, les fans de Pikmin n'ont pas eu de nouvel opus à se mettre sous la dent depuis 10 ans donc. Et revenir après autant de temps, ce n’est pas forcément évident…
Pikmin 4 a-t-il 5 ans de retard ?
On l’a vu lors des différentes présentations de Nintendo, Pikmin 4 se place dans la ligne directe de ses prédécesseurs. Au premier regard, il n’y a en effet pas de grands changements à l’horizon. La structure est la même : des Pikmin, des chemins à débloquer, des fruits et autres trésors à ramasser, des oignons à trouver… On retrouve les mêmes barrières électrifiées, les mêmes murs de sable à abattre, les mêmes créatures, le même système jour/nuit…. En 10 ans, la formule n’a fondamentalement pas changé. De plus, si vous avez joué à la version Deluxe de Pikmin 3 sur Nintendo Switch, vous retrouverez grosso modo le même gameplay (malgré quelques améliorations, notamment au niveau du ciblage). Dans ses débuts, le jeu est également aussi dirigiste et verbeux qu’à l’époque. Ça fonctionne certes bien mais ce n’est pas vraiment très moderne.
Mais c’est surtout au niveau des graphismes que l’on ressent le poids des années : Pikmin n’est pas un jeu très beau. On parle souvent des limites de la Nintendo Switch mais là n’est pas le souci. Car malgré tout, la console hybride est largement capable de nous offrir de très jolis jeux. En ce sens, Pikmin 4 est bien en deçà des capacités de la console. C’est terne, ça manque de vie et ça fait forcément tiquer un peu (surtout en docké). En fait, encore une fois, Pikmin 4 a gardé son habillage d’antan. Et si les fans de la licence seront sans doute ravis de retrouver cet univers champêtre et flouté, force est de constater que ce n’est pas ça qui incitera de nouveaux joueurs à se laisser tenter.
Un vrai nouveau jeu pour la Nintendo Switch
À titre personnel, je ne suis pas spécialement une grande fan de Pikmin. J’ai dégusté des petits bouts de chaque jeu en passant un agréable moment, mais sans jamais que la licence ne s’impose comme une référence à mes yeux. Et tout au long du tutoriel, j’ai eu une terrible impression de déjà vu… jusqu’à ce que cette nouvelle aventure commence réellement et dévoile son set de nouveautés. Car si sur la forme, Pikmin 4 est semblable à ses prédécesseurs, il propose des différences qui peuvent paraître anodines au premier abord mais changent réellement le fond. Le joueur est beaucoup plus impliqué qu’auparavant dans Pikmin 4. Il n’est plus seulement un chef qui supervise l'action, il prend part au chantier.
Et ça commence avec la possibilité de personnaliser son petit explorateur pour la première fois. Cela n’a pas énormément d’impact sur le jeu en soi, certes, mais c’est assez symptomatique d’une volonté d’impliquer un peu plus le joueur dans ce Pikmin 4. Cette volonté, on la retrouve également dans le nouveau personnage présenté au fil de la communication : Otchin. Cette espèce de chien est non seulement un allié supplémentaire, mais également une monture que vous pouvez totalement contrôler et qui vous permet de prendre plus directement part à l’action. Et la tactique ne s’arrête pas quand votre exploration est terminée puisqu’une fois de retour à votre base, vous pouvez crafter de nouveaux outils et apprendre de nouvelles compétences à votre fidèle destrier. Un petit côté RPG bienvenu qui permet de donner un vrai sentiment de progression et qui change donc la donne.
L’une des seules grosses déceptions sur ces premières heures de jeu a été l’absence d’un véritable mode histoire en coop. Nintendo a choisi d’abandonner le mode coop de Pikmin 3 pour nous en proposer un plus similaire à celui de Super Mario Odyssey. En gros, le deuxième joueur se contente d’épauler le joueur 1, notamment en lançant des cailloux. Et autant vous dire que ce n’est pas bien palpitant...
Et puisqu’on parle des nouveautés, il est également important de mentionner le Pikmin de glace, très utile et donc bien trouvé. Pêle-mêle, on retrouve également la possibilité de revenir en arrière, de déplacer son vaisseau ou encore un changement de structure bien pensé avec les grottes souterraines. Au global, on ressent dans ces changements une volonté de rendre le tout plus dynamique et accessible.
Mais Pikmin 4 ne délaisse pas pour autant l’aspect tactique, qui est poussé à son paroxysme avec le mode, diablement addictif, Duel Dandori (aperçu lors du Nintendo Direct). Et a priori, le jeu nous réserve d’autres surprises, notamment avec les explorations nocturnes que nous avons pu découvrir lors du dernier Nintendo Direct. Encore une fois, cela n’a l’air de rien, mais pour une licence qui a toujours joué sur le cycle jour/nuit et la terrible menace que constitue cette dernière, c’est un changement important. Et on a hâte de voir s'il permet lui aussi d’insuffler un air de renouveau à cette licence vieille de plus de 20 ans.
Pour résumer, Pikmin 4 plaira pour sûr aux fans de la licence. Il reprend en effet sa formule si particulière, à la fois tactique et accessible. Mais avec ses ajouts, il rompt avec son côté un peu passif qui pouvait rebuter certains joueurs et opte pour une formule encore plus accessible et addictive. Si on déplore l’absence du mode coop de Pikmin 3 et l’absence d’un lifting “moderne”, pour le reste Pikmin 4 signe pour l’instant un quasi sans-faute.