En pleine guerre froide, les États-Unis ont décidé de concevoir un avion révolutionnaire, sauf que les Soviétiques ne comptaient pas les laisser faire. Une histoire incroyable de technologie et surtout de matière première.
Cet avion vient d’un film
Le SR-71 "Blackbird", un avion-espion qui semble tout droit sorti d'un film de science-fiction, est en réalité une relique de la guerre froide. Son premier vol a eu lieu en 1964, à une époque où les relations entre les États-Unis et l'Union soviétique étaient tendues, et il a joué un rôle crucial pour les services secrets américains.
Lorsque les autorités américaines ont exprimé leur besoin d'un nouvel avion de surveillance pour contrer les avancées soviétiques, Lockheed, le fabricant du U-2, s'est vu confier le défi de concevoir un avion capable de voler plus rapidement et à des altitudes plus élevées. Le programme de développement Skunk Works a été chargé de cette tâche ardue.
Le principal défi était de concevoir un avion capable de voler à des vitesses soutenues de plus de 3 000 km/h et à des altitudes élevées, tout en évitant les radars soviétiques. Pour y parvenir, l'équipe de Skunk Works a repensé la conception de l'avion pour réduire sa signature radar. Les moteurs ont été déplacés vers une position plus subtile au milieu de l'aile, et une peinture spéciale absorbant les radars a été appliquée sur l'avion.
Le début des problèmes
Le SR-71 a également dû faire face à des problèmes de température. Voler à de telles vitesses pendant de longues périodes entraînait des frottements intenses, avec des températures dépassant les 300°C sur les bords d'attaque. Pour résoudre ce problème, l'équipe de Skunk Works a opté pour une peinture noire capable d'absorber la chaleur.
Un autre défi majeur était le carburant. Les températures élevées auxquelles l'avion était exposé risquent de provoquer une explosion ou un incendie du carburant. Pour y remédier, Lockheed a développé un carburant spécial appelé JP-7, qui avait un point de fusion très élevé.
Sauf que le plus grand défi était l'approvisionnement en titane, le matériau utilisé pour la structure de l'avion. Le titane était essentiel en raison de sa résistance à la chaleur, mais son obtention était difficile. La majeure partie du titane nécessaire provenait de l'Union soviétique, ce qui posait un problème délicat dans le contexte de la guerre froide. Construire un avion contre les Russes avec un matériau que les Russes possèdent en grande quantité…
Pour résoudre ce problème, la CIA a mené des opérations secrètes pour acquérir discrètement le titane auprès de l'URSS, sans que les Soviétiques se rendent compte qu'ils contribuaient à la construction de l'avion-espion conçu pour les surveiller. Cette opération complexe impliquait des tiers et des sociétés fictives, et certaines sources affirment même que les Soviétiques ont été trompés en croyant que le titane était utilisé pour fabriquer des fours à pizza. Parfois ce sont les plus gros mensonges qui passent le mieux.