Rayée de la carte au XIVe siècle, la cité médiévale de Rungholt semble a été retrouvée par une équipe de scientifiques. C’est une église, engloutie dans la mer des Wadden, qui est le théâtre de fascinantes révélations.
En 1362, un gigantesque raz-de-marée a violemment balayé l’endroit où se trouvent actuellement les iles britanniques, les Pays-Bas et le nord de l’Allemagne et du Danemark. Les dégâts furent tels que la cité médiévale de Rungholt a été entièrement balayée, engloutie par les flots de la mer des Wadden.
Rungholt a laissé peu de traces derrière elle, à tel point que certains ont parfois douté de son existence fut un temps. Elle a même été surnommée « l’Atlantide de la mer du nord » pour cette raison. Mais aujourd’hui, les scientifiques en sont certains : cette vaste cité commerçante a bel et bien existé il y a de ça six siècles. Et des chercheurs allemands pensent l’avoir localisée.
L’église de Rungholt, une découverte majeure
Parmi les légendes qui entourent la ville de Rungholt, il y a celle du châtiment divin : la cité aurait été punie par le raz-de-marée, car ses habitants avaient des vies un peu trop imbibées d’alcool. La religion avait une place importante au cœur de Rungholt.
Cela rend la découverte faite récemment par des chercheurs allemands encore plus symbolique. En effet, le 24 mai dernier, des chercheurs des universités allemandes Christian Albrecht de Kiel et Johannes Gutenberg de Mayence, du Centre d’archéologie baltique et scandinave et du Département d’archéologie d’État du Schleswig-Holstein, ont annoncé avoir fait une découverte majeure : des ruines de l’église de Rungholt.
Pour en arriver là, ils ont dû sonder les vasières de la mer des Wadden, en profitant de la marée basse pour récupérer des carottes de sédiments. « Les vestiges de peuplement cachés sous les vasières sont d’abord localisés et cartographiés sur une vaste zone à l’aide de diverses méthodes géophysiques telles que la gradiométrie magnétique, l’induction électromagnétique et la sismique », explique le Dr Dennis Wilken, géophysicien à l’Université de Kiel, dans un communiqué.
« Sur la base de cette prospection, nous prélevons de manière sélective des carottes de sédiments qui nous permettent non seulement de faire des déclarations sur les relations spatiales et temporelles des structures de peuplement, mais aussi sur le développement du paysage », ajoute le Dr Hanna Hadler de l’Institut de géographie de l’Université de Mayence.
Un édifice enfoui qui nous en dit plus sur la taille de la ville
Selon les chercheurs, l’église en question devait mesurer environ 40 mètres de long pour 15 mètres de haut. Tout porte à croire qu’il s’agissait d’une vaste paroisse, et qu’elle avait une place centrale dans la cité. « La particularité de la découverte réside dans l’importance de l’église en tant que centre d’une structure de peuplement », détaille le communiqué.
Selon les résultats des recherches, Rungholt devait accueillir entre 1500 et 2000 personnes au moment de sa destruction. Ce qui pourrait être considéré comme un simple village aujourd’hui constituait un port maritime de grande envergure il y a six siècles. Cependant, il faut noter que les mythes qui se sont développés après sa destruction ont contribué à embellir la réalité.
Les recherches, réalisées dans une zone de plus de 10 km², ont permis de découvrir d’autres vestiges, dont plus d’une cinquantaine de terps, des systèmes de drainage, ou encore une digue avec une porte à flot. Mais cette grande église est sans doute la découverte la plus importante. « La zone de peuplement trouvée doit donc être considérée comme l’un des principaux sites historiquement signalés du district administratif médiéval d’Edomsharde », estiment les chercheurs. Et d’autres secrets sont, sans aucun doute, encore enfouis dans cette région de la mer des Wadden, malheureusement de plus en plus menacée par l’érosion. Pour les scientifiques, le temps presse pour continuer à explorer les rues de cette ville ensevelie depuis des siècles.