Un projet fou qui pourrait révolutionner les vols intercontinentaux

La start-up suisse Destinus a créé la sensation au Salon du Bourget avec un prototype d'appareil hypersonique. Et contrairement aux idées reçues, cette technologie qui était, par le passé (et toujours aujourd’hui), considérée comme peu rentable et énergivore, pourrait finalement s’avérer bien plus intéressante que prévu. En effet, Destinus semble avoir trouvé une solution à ce problème, puisque son appareil peut voler grâce à l'hydrogène. Jean-Philippe Girault, directeur général délégué de la start-up, partage au micro de BFM Tech & Co :

Le projet Destinus est la possibilité d'offrir au transporteur, à l'opérateur de services aériens, un véhicule capable de voler à 6000 km/h à 30 km d'altitude, capable de faire de l'intercontinentale en très peu de temps.

Le projet Destinus vise à développer un avion supersonique capable de voler jusqu'à 6 000 km/h à une altitude de 30 kilomètres, soit deux à trois fois plus vite que le Concorde. Cette vitesse et altitude élevées éviteraient les congestions aériennes avec les avions traditionnels volant à des altitudes beaucoup plus basses. Par conséquent, un vol Paris-New York prendrait seulement 1h30, un vol Paris-Singapour environ 3h15 et un vol Paris-Sydney 4h30. Et même si la proposition est prometteuse sur le papier, ne vous leurrez pas, car le coût initial d'un vol Paris-New York pourrait avoisiner les 8 000€.

Un avion fonctionnant à l’hydrogène, mais…

Comme vous l’aurez, sans doute, compris, l’une des grandes particularités de l’avion développé par Destinus est qu’il pourrait donc voler avec une énergie décarbonée, à savoir de l'hydrogène liquide. La start-up prévoit que le premier appareil, le Destinus S, pourrait être utilisé commercialement dès 2030, tandis que le plus grand modèle, le Destinus L, qui pourrait transporter entre 300 et 400 passagers, pourrait, quant à lui, être opérationnel d'ici 2040.

Cependant, l'utilisation de l'hydrogène liquide pose plusieurs questions, notamment vis-à-vis de sa production qui n’est pas favorable à l'environnement. En effet, la méthode la plus répandue, appelée « hydrogène gris », présente une empreinte carbone élevée. Et à côté de ça, il faut aussi savoir que la majorité de l'hydrogène produit dans le monde provient de ressources énergétiques fossiles telles que le charbon, le gaz naturel et le pétrole.

En d’autres termes, pour que l'hydrogène puisse réellement être considéré comme une source d'énergie décarbonée, il faudrait utiliser des méthodes de production très spécifiques. L’une d’entre elles pourrait passer par l’utilisation d’un électrolyseur d'eau, chose peu pratique puisque cette méthode couvre actuellement moins de 5 % de la demande mondiale d'hydrogène. C’est d’ailleurs en partie pour ses raisons que le monde de l’automobile préfère, pour le moment, miser sur l’électrique plutôt que sur l’hydrogène.