Loisir à la mode chez des millions de personnes à travers le monde, l’impression 3D est un domaine qui intéresse aussi de nombreux secteurs professionnels. L’armée américaine a notamment trouvé le moyen de l’utiliser pour faire de sérieuses économies.
Pour un particulier, acheter une imprimante 3D capable d’imprimer des objets en plastique ou en résine ne coûte pas particulièrement cher. Et certains prônent l’intérêt écoresponsable de la démarche, puisqu’en imprimant certaines pièces, il est possible de réparer certains objets du quotidien qui iraient à la poubelle autrement.
Imaginez maintenant une telle logique appliquée à un secteur où la moindre réparation peut coûter une fortune. Au hasard, l’aviation, et plus précisément celle de l’armée. Un secteur où tout n’est pas à l’économie, mais tout de même : faire baisser les coûts est toujours bon à prendre !
Quand la meilleure option est loin d’être la plus chère
L’Air Force Repair Improvement Program (AFREP) n’est pas le département le plus médiatisé de l’armée américaine, et pourtant, il possède un rôle stratégique dans l’entretien des avions de chasse. C’est l’un des départements les plus efficaces, mais aussi les plus rentables, non pas pour ce qu’il parvient à produire, mais pour ce qu’il arrive à économiser.
Les ingénieurs et techniciens qui y travaillent ont la lourde tâche de trouver des solutions pour réparer, remplacer des pièces indisponibles depuis longtemps ou encore trouver des alternatives dont le coût ne creuse pas le budget. Et parfois, la solution la plus efficace est loin, très loin d’être la plus coûteuse.
La preuve : en 2017, sur la base de Mountain Hope, dans l’Idaho, les responsables s’étaient résignés à jeter une alimentation électrique considérée comme irréparable. Prix de la pièce : 20 000 dollars. C’est là que les techniciens de l’AFREP sont intervenus pour trouver une solution. Après avoir étudié la pièce, ils ont trouvé un moyen de la réparer à l’aide d’une simple résistance à 5 dollars. « Cela revient à réparer un smartphone à 300 dollars avec une pièce qui coûte 8 centimes », résumait un sergent-major de l’US Army à l’époque.
Bien évidemment, pour en arriver là, beaucoup de rétro-ingénierie a été nécessaire. Mais le jeu en valait la chandelle puisque ce sont potentiellement des millions de dollars qui ont été économisés.
L’impression 3D pour réparer des avions de chasse
Parfois, les pièces adaptées à une réparation n’existent pas en tant que telles. Pour le chasseur furtif F-35, les techniciens de l’AFREP ont dû aller encore plus loin pour venir à bout d’une panne aussi fréquente que coûteuse, liée aux capteurs présents dans le nez de l’appareil. En pratique, ces capteurs, très fragiles, doivent être protégés de la poussière et de l’humidité dès que les avions sont au sol. Mais ces pièces de protection s’avèrent également délicates à manipuler, car leurs fixations ont tendance à casser facilement. Problème : ce sont des éléments qui coûtent 600 dollars pièce ! Leur remplacement coûte rapidement une fortune à l’armée.
L’AFREP a donc cherché des alternatives. Dans un article publié sur Air & Space Forces Magazine, le sergent d’état-major Christopher O’Donnell explique que l’objectif a été d’aller au plus simple, et la solution s’est trouvée du côté de l’impression 3D. C’est une plaque métallique, semblable à du caoutchouc, qui est imprimée dans une forme adaptée aux capteurs. Associée à des aimants et à un joint torique, elle tient en place et résiste aux intempéries.
Cerise sur le gâteau : chaque pièce met seulement 22 heures à être imprimée et elle revient à 45 dollars, contre 600 pour la pièce de base.
Très fier de sa trouvaille, Christopher O’Donnell reçoit désormais de nombreuses sollicitations d’autres bases F-35 qui cherchent à obtenir ces précieuses pièces. De quoi donner des idées à d’autres personnes dans l’armée, mais aussi à des civils qui cherchent une solution pour réparer des objets dont les pièces détachées manquent. Et si vous passiez à l’impression 3D ?