Le jeu vidéo Last of Us fa fété ses 10 ans le 14 juin dernier. Un anniversaire symbolique pour une jeu qui a profondément marqué l’industrie du jeu vidéo. Pour cette occasion, on avait envie de revenir rapidement sur la création de ce monument du jeu vidéo.
Naughty Dog et le tournant Neil Druckmann
Impossible de parler de The Last of Us sans parler de Neil Druckmann. C’est dans le cerveau de ce jeune israélo-américain qu’a fleuri l’idée de The Last of Us, et ce bien avant ses débuts chez le studio Naughty Dog. C’est en effet sur les bancs de l’université que Druckmann a pour la première fois imaginé l’histoire d’une jeune fille et d’un homme, lié l’un à l’autre pour survivre au beau milieu d’une ville envahie par les morts-vivants. Bien plus tard, alors que Druckmann fait ses premiers pas au sein de Naughty Dog, il reviendra à ce doux projet, se lançant sur son temps libre à l’écriture d’une bande-dessinée du nom de The Turning. Mais son projet ambitieux de six numéros ne séduit pas totalement les éditeurs. L'idée est alors avortée.
Face à ce camouflet, le jeune homme décide se jeter corps et âme dans son boulot. Et pour le coup, ça paie. Druckmann devient rapidement l’étoile montante de Naughty Dog. Il passe de la licence Jak and Daxter au plus mature Uncharted : Drake's Fortune. C’est là qu’il va réellement commencer à se faire un nom, et surtout se lier d’amitié avec Bruce Starley. Leur complicité et leur travail vont parvenir jusqu’aux oreilles de la direction. Pour cette dernière, il faut tirer parti de ces deux forces vives. C’est ainsi qu’ils se voient confier un projet de taille : le retour de la licence Jak and Daxter. Ils se mettent donc au travail mais rapidement quelque chose coince. Les deux compères se sentent bridés, ils veulent être libres de raconter une autre histoire, leur propre histoire. Et Christophe Balestra et Evan Wells leur laissent cette liberté.
C’est là que le projet de Druckmann, qu’il avait déjà partagé avec son collègue, refait surface. Rapidement, les deux hommes se mettent d’accord pour l’utiliser comme base pour leur jeu. Et à ça va venir s’ajouter un petit champignon : le cordyceps. Si vous l’ignoriez, sachez que le cordyceps existe réellement. Druckmann et Starley vont découvrir son existence grâce à un épisode de la série documentaire Planète Terre. En voyant l’effet dévastateur que ce champignon a sur les fourmis, ils décident de l’utiliser comme socle pour développer leur monde post-apocalyptique. Maintenant que la base est là, le projet Mankind, comme on l’appelle à l’époque, peut commencer. Au fil des mois, il va se préciser. Les femmes ne sont plus les seules à être infectées par le cordyceps, Tess perd son rôle d’antagoniste, Marlène devient moins importante, Ethan devient Joël… Petit à petit, Mankind devient le The Last of Us qui sera présenté aux Spike Video Game Awards, puis à l’E3 2012. La machine est lancée.
20 ans après le début d'une pandémie ayant radicalement changé la face du monde, les infectés ont perdu la raison et les survivants s'entretuent pour le contrôle des denrées, des armes et tout ce qui peut leur passer sous la main. Joel, un survivant au caractère violent, a été engagé pour extraire Ellie, une jeune fille de 14 ans, d'une zone militaire placée en quarantaine. Ce travail de routine se transforme rapidement en périple sanglant à travers les États-Unis.
Pitch du jeu
The Last of Us, la consécration
Pour Naughty Dog, The Last of Us est un peu un ovni. C’est la première fois que le studio est divisé en deux équipes, mais aussi la première fois qu’il se penche sur un projet autant tourné vers la narration. Si c’était déjà un peu le cas avec Uncharted, c’est bien The Last of Us qui va faire entrer Naughty Dog dans la cour des maîtres de la narration. Le titre a décidé de miser énormément sur la relation "père-fille". Et ça fonctionne diablement bien. Quatre ans après le début du projet, The Last of Us s’offre en effet une sortie remarquée le 14 juin 2013. Et malgré les doutes et les appréhensions, c’est un véritable succès, une ovation presque.
Avec ses 98 reviews sur Metacritic, il enregistre un score de 95. Ce Metascore est encore aujourd’hui le cinquième score d’un jeu PS3. Seuls Grand Theft Auto V, Uncharted 2 et Batman Arkham City ont réussi à faire mieux. La presse est dithyrambique à son sujet. Colin Moriarty d’IGN évoque “un chef d'œuvre”. Chez Gamekult, boulapoire et gautoz le qualifie d’ “époustouflant”, une “synthèse de tout ce qui s'est fait de mieux sur cette génération”. Chez nous, miniblob lui décerne la note de 19 sur 20 et parle d’une “aventure dont vous ne sortirez pas indemne”.
Rapidement, une tonne de prix vont venir s’ajouter à ce bel éloge. BAFTA du Meilleur Jeu, BAFTA de la Meilleure Histoire, Prix de la Writers Guild of America, Prix VGX du Meilleur Jeu PS3… C’est la consécration. Et comme souvent, cela se ressent sur les ventes. The Last of Us, c’est plus d’un million de ventes dès la première semaine de lancement. Pour l’époque, c’est impressionnant. Il s’agit même alors du meilleur lancement de l’année 2013. En tout, et si on prend en compte la version Remastered sortie en 2014, le jeu se serait vendu à plus de 20 millions d’exemplaires au fur et à mesure des années. Face à un tel succès, impossible pour Naughty Dog de s’arrêter en si bon chemin.
Entrer dans la légende
La sortie de The Last of Us marque le début d’une nouvelle ère pour le studio qui s’offre une nouvelle franchise à exploiter. Et il aurait été bien dommage de s’en priver. Dans la foulée de la sortie, Druckmann laisse échapper qu’il n’est pas fermé à l’idée d’une suite. Mais avant cela, c’est un DLC qui va venir étoffer un peu l’univers de The Last of Us, The Last of Us : Left Behind. La suite, vous la connaissez. Le jeu aura bien le droit à une suite remarquée et même à un remake. Mais ce n’est pas tout !
Le monde de The Last of Us va petit à petit s’étendre en dehors du simple prisme du jeu vidéo. Dès 2013, Druckmann réussit à faire publier sa BD sous le nom The Last of Us: American Dreams. Peu de temps après, il va s’essayer à un autre type d’adaptation : le cinéma. Un projet de film The Last of Us écrit par son créateur et produit par Sam Raimi était en effet dans les cartons vers la fin des années 2010. Mais ce dernier ne verra jamais le jour. Encore une déconvenue pour Druckmann qui se soldera par une belle revanche quelques années plus tard avec la sortie de la série HBO The Last of Us. Comme quoi, on commence à voir un schéma qui se répète non ?
Quel sera la prochaine envie de Druckmann ? Verra-t-elle le jour après une série d’annulations comme ce fut le cas pour le jeu lui-même ? Ce qui est sûr, c’est que 10 après, la licence est loin d’être morte. Naughty Dog planche actuellement sur un jeu multijoueur, The Last of Us Multiplayer (nom provisoire), mais aussi “une toute nouvelle expérience solo”. Il n’en faut pas plus pour espérer un The Last of Us 3 voir le jour dans les années à venir. L’univers d’Ellie et Joël a donc encore de beaux joueurs devant lui. Et on a tous hâte de voir où cette belle histoire qui a commencé il y a dix années de cela nous emmènera au cours des dix prochaines à venir.