Si l’on a tendance à surnommer Mars la « planète rouge », une nouvelle photo incroyablement précise que cet astre tend à prouver que ce sobriquet n’est finalement pas si approprié. Un rendu que l’on doit à la sonde européenne Mars Express.
La planète Mars est surnommée, depuis des décennies, la planète rouge. Pourquoi ? Essentiellement à cause des clichés et autres rendus qui la colorent de cette manière. Mars possède un niveau élevé d’oxyde de fer, communément appelé « rouille » sur notre belle planète bleue.
De ce fait, l’imaginaire associé à Mars, et nourri par de nombreuses photos de l’espace largement retouché, associe cette planète à la couleur rouge. Mais grâce à une nouvelle photo dévoilée par l’Agence spatiale européenne, cette représentation a tendance à être bousculée.
Une planète rouillée… mais pas rouge !
Mars Express est un vaisseau spatial de l’ESA, lancé le 2 juin 2003 en direction de la planète pas si rouge que ça. Cela fait donc 20 ans que cette sonde tourne autour de Mars pour recueillir des données sur la planète, mais aussi pour prendre des photos. Des milliers de photos !
C’est à l’occasion des 20 ans de cette mission, qui continue encore aujourd’hui, que l’ESA a publié un cliché inédit : « Mars comme vous ne l’avez jamais vue ».
Cette photo s’avère être une mosaïque de dizaines de photos capturées à l’aide de la caméra stéréo haute résolution (HRSC) de Mars Express. « HRSC photographie normalement la surface de Mars à une altitude d’environ 300 km, les images résultantes couvrant des zones d’environ 50 km de diamètre », explique l’ESA. « Cependant, la mosaïque présentée ici utilise une approche légèrement différente. Pour voir la planète plus largement, HRSC a rassemblé 90 images à des altitudes plus élevées (de 4 000 à 10 000 km), capturant ainsi des zones d’environ 2 500 km de large. Ces images ont ensuite été rassemblées pour former une vue globale complète. »
Grâce à ses neuf canaux d’imagerie, HRSC peut visualiser Mars non seulement en trois dimensions, mais aussi en couleur. Mais la plupart du temps, l’atmosphère chargée de Mars rend la détermination des couleurs difficiles, ce qui pousse les scientifiques à les changer sur les rendus finaux. Pour ce cliché-mosaïque, néanmoins, une autre démarche a été adoptée : « L’équipe HRSC a plutôt référencé la couleur de chaque image constitutive à un modèle de couleur dérivé d’observations à haute altitude, leur permettant de préserver les variations de couleur et de révéler une vue couleur de Mars beaucoup plus riche que celle qui a été vue auparavant. »
Mars est en réalité très colorée
Les nuances de couleur sont donc nombreuses sur Mars. La couleur rougeâtre est bien celle du fer oxydé. Mais on y trouve aussi des teintes bleues. Il s’agit de sables basaltiques d’origine volcanique. « Ils s’accumulent au fur et à mesure qu’ils se déplacent dans le vent, créant d’imposantes dunes de sable et des champs de dunes dans des cratères d’impact », explique l’ESA.
On trouve aussi des matériaux altérés par l’eau : ces derniers ont tendance à être clairs et brillants. Il s’agit de minéraux argileux et sulfatés, et leur présence démontre que Mars a longtemps abrité de l’eau liquide.
De quoi mettre en lumière le travail de Mars Express, qui ne se résume bien évidemment pas à ça : la sonde spatiale permet de percer de nombreux mystères depuis son arrivée sur les lieux. Initialement, la mission devait durer une année seulement, mais au bout de 20 ans, elle est plus active que jamais ! Cela devrait normalement être le cas jusqu’à la fin de l’année 2026.