Reboot de la licence, Mortal Kombat 1 s'est montré plus en détails durant le Summer Game Fest. Pourquoi le premier jeu était-il un événement ?
Ce 8 juin 2023, la conférence d'ouverture du Summer Game Fest a démarré à 21h, Geoff Keighley ouvrant le bal directement sur scène. L'animateur a bien entendu promis de belles surprises, inaugurées entre autres par les images du prochain Mortal Kombat, ensuite présentées par le créateur Ed Boon en personne. La licence phare reviendra dès cette année avec un nouvel opus, et pas n'importe lequel : Intitulé sobrement Mortal Kombat 1, il se présente comme "un nouveau départ" pour la franchise, une sorte de reboot voué à réécrire l'histoire des personnages classiques de la licence. Liu Kang, dieu du feu, règne sur l'univers habité par une poignée de têtes déjà bien connues : Sub-Zero, Scorpion, Kitana, Raiden, Kung Lao,Mileena, Johnny Cage (et Liu Kang, donc). Au programme : une toute nouvelle campagne scénarisée et des Fatalities inédites. La sortie est prévue le 19 septembre 2023. Mais en fait, pourquoi le premier Mortal Kombat était une révolution ?
La success story d'une licence sanguinolente
C'est en 1992 que Mortal Kombat remporte un succès fou sur bornes d'arcade, lesquelles vivent encore leurs jours heureux, dominés par un autre jeu de versus : Street Fighter 2. L'éditeur Midway Chicago créé la surprise avec des sprites de personnages ultra réalistes pour l'époque, réalisés à partir de vidéos d'acteurs numérisés pour l'occasion ; une technique de captures de mouvements encore rare, qui se mêle à un déferlement de gore encore jamais vu et à des fatalities particulièrement sanglants. Autrement dit, la formule est si innovante qu'elle devient une véritable sensation, rendant les décapitations et les arrachages de colonne vertébrale sexy. Le portage sur la Super Nintendo en 1992 transforme le flot de sang en sueur et les Finish Him se montrent moins brutaux, de sorte à combler la cible grand public. Ed Boon, John Tobias, John Vogel et Dan Forden ont pris dix mois pour développer le jeu.
En 1995 sort la première adaptation cinématographique du jeu réalisée par Paul W.S. Anderson, l'homme qui s'occupera également de la saga controversée des Resident Evil. Le film profitera d'une classification PG-13 et est considéré comme un bon petit nanar apprécié par les fans de la saga. Avec 122 millions de dollars générés dans le monde, le long-métrage engendrera une suite qui ne mettra pas longtemps à arriver et qui décevra la presse comme le public. Plusieurs autres adaptations suivront, que ce soit sur grand et petit écran, à travers diverses séries live et animées.
L'ESRB et la controverse
Si Mortal Kombat est une œuvre absolument culte dans le paysage vidéoludique, c'est aussi probablement parce qu'il est le premier jeu vidéo à présenter une violence aussi réaliste et donc à avoir fait l'objet de grandes polémiques. L'ESRB, organisme d'autorégulationcréé en 1994 qui attribue des classifications d'âge et de contenu aux jeux vidéo, décernera son premier M for Mature au jeu. Avec d'autres titres au contenu violent comme Night Trap et Doom, il est très vite au centre des auditions du Congrès. Avec Doom, la licence fera exploser la médiatisation de la violence des jeux vidéo, sujette à une panique morale qui prendra une nouvelle ampleur à la suite du massacre de Littleton, le 20 avril 1999, lorsque deux élèves du lycée Columbine ouvrent le feu sur leurs camarades et leurs professeurs, l'un d'entre eux étant fan de jeux vidéo. Dans la sphère psy, depuis les années 1990, le jeu est aussi étudié ; en 1994, Joël Saxe, de l'Université du Massachusetts, analyse le comportement de joueurs de Mortal Kombat. Et il en conclut que malgré la violence extrême du jeu, les sujets se montrent coopératifs et même cordiaux. En outre, dans cette étude, ce type de jeu est estimé utile au combat contre l'anxiété ou la frustration.