En partant du principe que le partage de comptes était l’une des principales raisons de son hémorragie d’abonnés, la plateforme de streaming Netflix a peut-être négligé un autre problème d’importance : la qualité et la quantité des contenus qui sont proposés dans son catalogue.
Si Netflix bloque le partage de comptes en France depuis seulement quelques semaines, dans d’autres pays comme le Pérou, le Chili et le Costa Rica, cette démarche a été lancée il y a déjà un an. L’initiative a été étendue ensuite en Espagne, au Portugal, au Canada ou encore en France. Avec quel succès ? Difficile à dire. Netflix continue de perdre des abonnés, mais selon les différents rapports fournis par la plateforme, le blocage du partage de compte n’en serait pas la principale raison.
Voici le véritable problème de Netflix
S’il est pourtant certain qu’empêcher le partage des comptes a poussé un bon nombre d’abonnés à annuler leur souscription à Netflix, cette fuite des adhésions peut sans doute s’expliquer autrement, notamment par le catalogue du service.
En 2020, Netflix était capable de sortir près de 80 contenus exclusifs par mois, ce qui comprenait alors des films, des séries, des documentaires et même des émissions de télé-réalités. Bien entendu, une telle masse de productions inédites n’était pas proposée tous les mois : souvent, il y en avait un peu moins. Encore aujourd’hui, Netflix est assurément la plateforme de SVOD qui propose le plus de nouveautés inédites malgré la crise.
Le problème, c’est que de nombreux observateurs et utilisateurs ont tendance à estimer que la quantité est mise en avant au détriment de la qualité, là où d’autres plateformes, comme Apple TV+ par exemple, font strictement l’inverse : moins de quantité, mais des contenus toujours premium.
Ce constat ne semble pas pousser Netflix à se remettre en question, bien au contraire. En janvier dernier, Bela Bajaria, Head of Content de l'entreprise, a même totalement assumé la situation : « Mon but est de submerger le public » a-t-elle notamment déclaré au Telegraph. « Le succès vient de ceux qui reconnaissent que les gens aiment en avoir davantage » a-t-elle ensuite ajouté, cette fois-ci, dans les colonnes du New Yorker.
Une stratégie qui plait aux annonceurs… mais quid du public ?
« Aucune autre société de divertissement n'aspire à créer autant de grands films et émissions dans un si grand nombre de genres, dans autant de pays, et pour un public aussi large et diversifié. Je vante les mérites des partenariats mondiaux, mais je fais aussi une déclaration d'intention à destination des annonceurs : la programmation excessive de Netflix, c'est aussi s'adresser à toutes sortes de publics, d'âges et de membres d'une famille consommatrice », a également déclaré Bela Bajaria.
Les annonceurs sont devenus essentiels à Netflix depuis le déploiement de son abonnement incluant de la publicité en 2022. Si celui-ci semble rencontrer un certain succès avec 5 millions d’abonnés dans le monde au dernier bilan de la firme, son prix d’appel (5,99 euros en France, notamment) nécessite l’ajout de spots publicitaires réguliers pour assurer une rentabilité à Netflix.
Plaire aux annonceurs est sans doute essentiel pour Netflix, mais plaire au public devrait rester l’une de ses priorités. Est-ce encore le cas aujourd’hui ? Telle est la question...