Alan Wake 2 est prévu pour le 17 octobre 2023. À quatre mois de sa sortie, revenons sur la genèse de la série.
En décembre 2021, Alan Wake II est - enfin - officialisé durant les Game Awards ! Une suite très attendue, qui sortira le 17 octobre 2023 prochain sur PC, PS5 et Xbox Series. C'est donc la suite du premier volet, sobrement intitulé Alan Wake. Il est développé par Remedy, un studio finlandais à l'origine des deux premiers Max Payne. À la base, l'équipe avait pour ambition d'en faire un open-world scénarisé - un objectif un peu trop grand pour une petite équipe aux ressources limitées. Microsoft se montrera intéressé par le projet et décidera de l'éditer sur Xbox et PC, gonflant le budget au passage. C'est seulement en 2009 que Sam Lake, scénariste et principal "visage" de l'équipe, annoncera la nouvelle direction : plus de monde ouvert, mais emphase sur le scénario, la narration et une ambiance béton. Le jeu sortira finalement le 14 mai 2010 sur Xbox 360 et le 2 mars 2012 sur PC.
Le jeu est donc un jeu d'action-aventure teinté de "survival-horror" où l'on incarne Alan Wake, écrivain New Yorkais victime du syndrome de la page blanche depuis deux ans. Sa femme, Alice, décide alors de lui offrir des vacances dans une petite ville portuaire des États-Unis : Bright Falls. Mais entre les montagnes, les forêts et les lacs, se cachent de vieilles légendes indiennes, des mines abandonnés et des disparitions à répétition. Dès la première soirée du couple, Alice disparaît mystérieusement au fond d'un lac. Alan, tentant de la sauver, se réveillera une semaine plus tard dans un accident de voiture. C'est ainsi que l'aventure débute.
Faire peur en dévoilant
Alan Wake donne une place toute particulière à la narration, qui s'apparente à un puzzle géant. Tout au long de l'aventure, le joueur tombe sur des pages d'un livre nommé "Departure", écrit par Alan Wake lui-même (mais dont il n'a aucun souvenir). Chacune d'entre elles raconte des événements qui viennent d’arriver ou qui sont sur le point de se produire, ce qui participe à l’ambiance. Un des premiers extraits du manuscrit nous apprend que nous sommes actuellement pourchassés par un homme armé d'une tronçonneuse, alors qu'il n'y a, dans l'immédiat, personne aux alentours. Les minutes qui suivent sont particulièrement oppressantes. Dévoiler volontairement des passages à venir, c'est quelque chose d'assez original pour le genre, qui confère à Alan Wake une entité assez unique. Nous ne sommes plus dans la peur de l'inconnu mais dans l'appréhension d'une fatalité qui va s'abattre à tout moment.
Autre originalité du soft, pour survivre, il faut utiliser toute sorte de sources lumineuses - bien souvent celle de la lampe torche - pour faire disparaître la "brume noire" des ennemis et les rendre vulnérables aux armes à feu. Inspiration survival-horror oblige, les munitions et les piles de la lampe sont en quantité limitée. Toutefois, le combat n'est pas toujours la meilleure option. Il faudra bien souvent prendre la fuite en direction du lampadaire le plus proche, devenant alors un véritable refuge où la vie remonte et où la progression est sauvegardée. Via ces mécaniques, le jeu n'est pas vraiment effrayant, et use rarement de "jump scare". Il serait plus juste de qualifier le jeu d'oppressant, ce qui rappelle dans une certaine mesure la formule de la série Silent Hill.
Un jeu aux fortes inspirations
Oppressant aussi, car Alan Wake s'inspire ouvertement des nouvelles de Stephen King. Le jeu s'ouvre d'ailleurs sur une citation de l'auteur : "Les cauchemars ne relèvent pas de la logique, et les expliquer n'aurait aucun intérêt ; ce serait contraire à la poésie de la peur". On trouve notamment des références à Marche ou crève, avec l'étrange brume noire qui entoure les ennemis, mais surtout à Sac d'os et Misery : le héros est un écrivain, dans une maison située sur un lac, il y a une ambiance étrange et le héros ne sait pas s'il rêve ou non. Pour parfaire cette toile sombre, il y a des gros clins d'œil à Shining de Stanley Kubrick, avec des ennemis qui attaquent bien souvent armé d'une hache, comme Jack Nicholson dans le long-métrage (ce qu'Alan Wake n'hésitera pas de rappeler) ; à la série Twin Peaks de David Lynch, pour tout ce qui est des visuels, des décors, et la mise en scène des dialogues ; au show télévisé La Quatrième Dimension (The Twilight Zone en anglais), dont le générique et le ton sont repris pour l'émission fictive "Night Springs". Et surtout une écriture très similaire à Shutter Island de l'auteur Dennis Lehane, dans les symboles employés.
Bienvenue à Bright Falls
Mais une histoire ne serait rien sans ses personnages. En-dehors d'Alan, on retrouve Barry Wheeler, ami d'enfance et agent de l'écrivain, qui joue le rôle de "l'acolyte rigolo", permettant de détendre un peu l'atmosphère (il est d'ailleurs doublé en VF par Christophe Lemoine, voix française d'Eric Cartman dans South Park). Ce bon Barry ne sera pas seul. Au cours de l'aventure, on croisera de nombreux habitants de Bright Falls : un animateur de radio, une shérif, un psychiatre, une vieille dame parano, un garde forestier, une serveuse ou encore de vieux métalleux. Chaque fois, les dialogues sont servis par une mise en scène aux frontières de l'étrange, les rendant tous plus louches les uns que les autres. Alan comme le joueur tomberont dans une sorte de paranoïa, ne sachant plus en qui avoir confiance. Cauchemar ou réalité, le jeu s'amuse constamment avec cette ambivalence. Par ailleurs, le titre renvoie bien à cela : Alan Wake est un écrivain, et ses initiales forment donc A.WAKE, "éveillé" en français.
Postérité
Au final, le jeu nous tient justement éveillé pendant dix heures, à quoi vient s'ajouter un peu d'exploration et la possibilité de recommencer le jeu en difficulté cauchemardesque. Avec ce mode, il est possible de s'imposer une bonne dose de challenge et surtout de découvrir des pans entiers du scénario, via des manuscrits inédits. Cependant, le gameplay, bien qu'efficace, montre rapidement ses limites. C'est véritablement l'histoire qui nous portera jusqu'à la fin. En 2010, deux chapitres seront ajoutés sous la forme de DLC, venant conclure la trame scénaristique du jeu. Alan Wake a été bien reçu par la critique (83% sur Metacritic). Le titre a été élu "Jeu de l'année 2010" par le Time, l'aspect psychologique et adulte du soft ayant conquis le célèbre magazine américain. Par la suite arrivera Alan Wake's American Nightmare, toujours développé par Remedy et édité par Microsoft. Un spin-off du jeu et non une suite directe.