L’un des enjeux des voitures électriques aujourd’hui n’est autre que leur autonomie. Dans cette course effrénée, une entreprise chinoise vient d’annoncer avoir mis au point une technologie qui permettrait aux véhicules d’aller toujours plus loin, pour un coût raisonnable.
Beaucoup de personnes qui envisagent d’acquérir une voiture électrique réfléchissent à l’une des principales contraintes de ce genre de véhicule : l’autonomie. Car forcément, devoir s’arrêter plusieurs fois sur un trajet de plusieurs centaines de kilomètres, le tout pour recharger la batterie du véhicule, ça ne fait pas trop rêver.
C’est pourquoi l’annonce de la firme chinoise Gotion High-Tech suscite l’intérêt. Il s’agit de l’un des principaux fabricants de batteries en Chine, et il a récemment dévoilé une batterie au lithium-fer-manganèse-phosphate - abrégé LMFP – qui serait capable d’alimenter une voiture sur une distance allant jusqu’à 1000 kilomètres par charge. Une proposition réservée, à l’heure actuelle, aux batteries au nickel-cobalt, dont le prix est très élevé.
Des voitures électriques qui vont toujours plus loin
Les accumulateurs lithium-fer-phosphate, ou batterie LFP, sont très utilisées dans le domaine du high-tech. C’est d’ailleurs ce qu’utilisent aujourd’hui des marques comme Tesla dans ses Model 3. Gotion ajoute à cette chimie du manganèse, ce qui permet de concentrer plus de puissance dans des batteries plus compactes.
Résultat, là où les batteries LFP atteignent un plafond de densité d’énergie situé aux environs de 190 Wh/kg, les batteries LMFP pourraient monter jusqu’à 240 Wh/kg. Par ailleurs, une batterie de ce type serait en mesure de réaliser plus de 4000 cycles à température ambiante, et 1800 cycles à haute température. La charge rapide pourrait, quant à elle, se faire en 18 minutes.
« C’est un véritable bond en avant pour la densité d’énergie », résume Cheng Qian, président exécutif de l’unité commerciale internationale de Gotion. Cette innovation pourrait remplacer les batteries nickel-cobalt « avec les mêmes performances, mais des coûts plus bas et une meilleure sécurité », ajoute-t-il. « Je pense que c’est très attractif pour les constructeurs automobiles, et j’imagine que beaucoup d’entreprises vont suivre cette tendance. »
Une batterie qui pourrait changer le monde de la voiture électrique ?
La production de ces batteries pourrait commencer dès le deuxième trimestre de 2024, estime le président exécutif de Gotion. Deux usines chinoises situées dans la province d’Anhui devraient être dédiées à cette mission.
Selon le cabinet de conseils Rho Motion, basé à Londres, les batteries LMFP pourraient représenter une part de marché de 6% d’ici à 2040, surpassant très probablement d’autres technologies émergentes, comme les batteries au sodium-ion.
Cette innovation pourrait révolutionner le secteur de la voiture électrique, qui est destiné à prendre de l’ampleur dans les années et les décennies à venir : rappelons qu’en Europe, l’avènement de la voiture électrique est prévu à l’horizon 2035. Mais cette batterie cache aussi un autre enjeu : celui de la place de la Chine dans ce secteur. À l’heure où des géants comme Tesla essaient de se détacher de leurs fournisseurs chinois, les innovations de ce type peuvent concrètement relancer la bataille technologique.