Il n’aura fallu que 2 mois pour que Nintendo empêche l’arrivée d’un l’émulateur GameCube et Wii sur Steam. Cette décision interroge sur le droit des utilisateurs et sur les notions compliquées de droit d’auteur.
Steam dit au revoir à Dolphin
Les fans du constructeur japonais qui espéraient pouvoir rejouer à des jeux GameCube et Wii grâce à la disponibilité de l’émulateur Dolphin sur Steam broient du noir. Le 27 mai dernier, les développeurs de l’émulateur ont annoncé que la sortie de Dolphin sur Steam avait été “reportée indéfiniment” après que Nintendo a émis “une ordonnance de cessation et d'abstention, citant le DMCA (pour Digital Millennium Copyright Act) à l'encontre de la page Steam de Dolphin”. Gamesradar, qui cite un article de PC Gamer, précise que selon l’avocat Kellen Voyer de Voyer Law, spécialiste des questions entourant la propriété intellectuelle, cet avis de retrait DMCA signifie que si Dolphin était publié sur Steam, il violerait, selon Nintendo, le DMCA.
À lire aussi :
- Nintendo Switch : un monde ouvert ambitieux à venir ?
- Après Metroid, une autre licence culte de Nintendo pourrait enfin revenir sur Switch
L'ancien développeur de l’émulateur, le français Pierre Bourdon (aka Delroth), précise que Valve a contacté Nintendo pour savoir s'il était possible de permettre le téléchargement de Dolphin sur Steam. Nintendo a bien évidemment refusé, estimant que le logiciel “violait le DMCA” en utilisant “des clés cryptographiques sans l'autorisation de Nintendo”.
Sur Internet, les joueurs affichent leur colère. "Franchement, Nintendo et les autres doivent se bouger le cul pour nous permettre la rétrocompatibilité physique et/ou d'avoir des portages de tous les jeux sortis sur leurs consoles sur leur dernière et ce sans exception ou alors ils laissent Dolphin et les autres tranquilles" lit-on par ici. "Ils sont dans leur droit mais ils pourraient alors proposer eux aussi des émulateurs pour qu'on puisse rejouer aux jeux de notre enfance" lit-on par là.
La place à l'interprétation
Comme à son habitude, le constructeur japonais s’en prend aux sites qui permettent de distribuer les émulateurs/les roms plutôt que les logiciels eux-mêmes. Comme le précise Gamesradar, Nintendo n’a jamais pris de mesures contre Dolphin. En outre, et jusqu’à présent, le papa de Mario n’a pas attaqué l’émulateur Switch qui a pourtant permis à certains de jouer à Tears of the Kingdom avant que le jeu ne soit officiellement sorti dans les boutiques. Il y a une bonne raison à cela. D’après les experts, la loi entourant le droit d’auteur dans ce cas de figure peut être interprétée de différentes manières. Il n’existe que peu de règles strictes sur ce qui est autorisé et sur ce qui ne l'est pas. “Cette affaire m'a permis de constater à quel point les gens comprennent mal l'ambiguïté des lois américaines sur les droits d'auteur” a déclaré Delroth.
D’après les propos qui sont rapportés, le développeur estime qu’il y a une “zone grise” dans le droit qui fait que personne ne sait vraiment ce qui est légal ou non dans le contournement du DMCA pour les consoles de 7ème génération. Ce casse-tête juridique fait que “personne ne peut dire avec certitude si Dolphin est dans son bon droit ou si Nintendo est dans son bon droit” selon le développeur. “L'une des rares choses que le DMCA précise est que le contournement de la protection des droits d'auteur est interdit, ce qui explique que la lettre de Nintendo à Valve cite spécifiquement l'utilisation de clés cryptographiques par Dolphin” ajoute-t-il.