ARTE Production vient de sortir To Hell With the Ugly, nouveau jeu d'aventure qui raconte les malheurs de Rock Bailey, victime de sa beauté.
Être beau vous ouvre-t-il plus de portes dans la société ? Si la réponse semble assez évidente en théorie, Rock Bailey vous répondrait qu’avoir une gueule d’ange peut aussi vous causer de lourds ennuis à la sortie d’un jazz club, mêlant un gorille peu commode et un kidnapping aux intentions bien nébuleuses. Sosie presque parfait de Johnny Bravo, lunettes en moins et sans plus de jugeote, Rock est le héros de TO HELL WITH THE UGLY, la dernière production ARTE Interactive adaptée du roman éponyme de Boris Vian, que vous connaissez peut-être mieux sous le titre Et on tuera tous les affreux (1948), récit de meurtre, enquête et humour mordant.
Victime de sa beauté
Rock Bailey est un dandy blond victime de sa beauté ravageuse et convoité par l’intégralité de la gent féminine, lui qui refuse néanmoins toutes les avances qui lui sont faites afin de se réserver jusqu’au jour de ses 20 ans. Drogué et kidnappé sans vergogne à la sortie du jazz club le Zooty Slammer où il passait du bon temps avec ses amis, il se réveille dans un hôpital, face au corps nu d’une jeune femme qui lui fait quelques avances. L’apollon parvient finalement à s’éclipser, avant d’entamer une enquête amusante sur les raisons de cet enlèvement bien étrange. Le deuxième jeu du studio La Poule Noire (Edgar - Bokbok in Boulzac) choisit de draper l’ambiance californienne des années 50 de l’histoire originale de teintes rougeâtres du plus bel effet. Le point’n click transcende par une direction artistique habile qui a du punch et une bande son jazzy efficace. "Dans le roman, Boris Vian critique le côté superficiel de l'être humain en inventant des personnages caricaturaux. En choisissant un style semi-réaliste pour nos personnages, nous avons pu magnifier certains traits de caractère", expliquera le studio.
Nous avons fait écho aux "classiques de l'animation" des années 50 et 60 grâce aux animations image par image réalisées par Gaelle Roques pour les combats et les séquences scénarisées. Enfin, nous avons voulu que la palette de couleurs fasse partie intégrante de la direction artistique du jeu : Les fans sont en ébullition, nous sommes à Los Angeles, le mercure grimpe, le héros Rock Bailey est en ébullition dans cette histoire. Tout cela évoque des couleurs chaudes ! - La Poule Noire, Steam
Polar d'anticipation et brushing bien lissé
L’expérience ne brille pas forcément par ses mécaniques, lesquelles mêlent interactions en point’n click basiques et combats au tour par tour extrêmement sommaires. En effet, aidé par une poignée d’alliés, Rock devra très souvent jouer des poings pour s’extirper de situations difficiles, mais n’aura jamais que deux actions possibles à dégainer au corps à corps. On préférera faire progresser l’enquête par quelques mini-jeux somme toute sympathiques qui se concluent sur des déductions policières assez évidentes mais agréables à exercer. C’est bien davantage le récit qui nous maintient en éveil, un condensé bref mais agréable de cinq heures tout au plus de l’histoire fantastique de Vian, sorte de parodie des romans noirs unissant polar et anticipation pour dénoncer le culte des apparences. L'écriture est plutôt fine, parvient à donner suffisamment de corps aux personnages et peut même se targuer d’être parfois drôle. Et si la fin peut être légèrement abrupte, elle nourrit néanmoins l’envie débordante de dévorer le roman de Boris Vian.
Dans son livre, l'auteur nous donne beaucoup de détails sur l'environnement, qui nous plonge directement dans le Los Angeles des années 50, nous voulions qu'il soit aussi immersif dans notre jeu, cela a été un point de départ pour la construction de la Direction Artistique. Il y avait énormément de travail de référence, dans les films, l'architecture, les objets, les vêtements de l'époque... C'était un défi de représenter L.A., une ville que nous ne connaissions pas, à une époque où nous n'étions pas encore nés. Boris Vian n'était jamais allé aux États-Unis non plus et disait offrir une vision fantasmée de la société américaine, alors nous nous sommes aussi permis d'offrir une représentation semi-réaliste de L.A. dans les années 1950 - La Poule Noire, Steam